La journaliste Manon Selli a choisi de dresser le portrait de l’algocultrice Scarlette le Corre, une femme engagée pour la défense de son métier, du Guilvinec, du Finistère et des valeurs de sa Bretagne. Intitulé A Contre-marée À la rencontre de Scarlette Le Corre, marin-pêcheur et algocultrice, cette bande-dessinée qui traite notamment d’une manière décalée des algues a été illustrée par Lauriane Miara. A contre marée est paru en novembre dernier aux éditions Panthera.
Manon Selli est journaliste indépendante. Originaire de Bretagne, elle travaille pour des médias locaux. Egalement auteure, elle a l’idée de dresser le portrait de Scarlette Le Corre lorsque les éditions Panthera la contacte dans le cadre de leur collection Bulbille qui met en avant des portraits forts de personnes cherchant à repenser leur métier, notamment au regard d’enjeux sociétaux, écologiques et éthiques. Panthera voulait faire le portrait d’une pêcheuse ! De son côté, la journaliste rêvait de faire un roman graphique, mais aussi de traiter des métiers de la mer. C’est donc une affaire qui marche !
Elle choisit Scarlette Le Corre, qui coche toutes les cases pour la rédaction de ses textes : la pêche durable, les algues et un rapport fort à la Bretagne et au monde de la pêche en général. Il ne reste plus qu’à contacter une dessinatrice et c’est l’édition qui s’en charge. La rencontre se déroule sans accroc : l’illustratrice Lauriane Miara travaille beaucoup à l’aquarelle, une technique souvent associée aux paysages de la mer qui porte le nom de marines, une technique qui fonctionne bien avec l’environnement marin ! L’idée de peindre des algues sur un thème très actuel lui plait de suite, notamment du point de vue technique. Quant à la rencontre avec la pêcheuse d’algues, ça matche aussitôt. Elle prend plaisir à dessiner cette force de caractère qui possède aussi quelque chose d’assez drôle à mettre en images. Le roman-BD À contre-marée est né !
Scarlette Le Corre. Un nom pareil, ça ne s’invente pas. Un parcours comme le sien non plus.
Scarlette est la première patronne de pêche française. Elle a commencé à naviguer seule en mer à une époque où les femmes pouvaient à peine espérer monter à bord d’un navire. Parler de Scarlette, c’est dépeindre l’histoire du Guilvinec, ville portuaire du Finistère sud, en Bretagne. C’est se laisser emporter le long de l’estran pour découvrir les algues et leurs bienfaits. C’est revenir quelques décennies en arrière…
Scarlette Le Corre est un phénomène d’énergie et d’enthousiasme. Marin-pêcheur de renom, métier qu’elle exerce à plein temps, elle est célèbre surtout pour ses connaissances sur les algues, dont elle sait tous les bienfaits et qu’elle vend dans sa boutique-atelier du Guilvinec.
Scarlette Le Corre est issue d’une famille rurale et les algues ont toujours fait partie de sa vie. Petite, elle les ramassait déjà avec ses parents. C’est en 1990, qu’elle se lance dans leur production sur les côtes du Finistère sud, à Le Guilvinec. Aujourd’hui, elle est algocultrice, cuisinière et chef d’entreprise. Elle a réussi à faire sa place parmi les marins et les pêcheurs du plus grand port de pêche du Finistère. Chaque année au début du printemps, c’est le pic de la saison pour l’algocultrice quand l’océan se retire pendant les grandes marées. C’est le meilleur moment pour elle de récolter ses légumes de la mer. Elle n’utilise aucun outil particulier, aucune pioche : un simple couteau suffit ! Le travail demande de la rapidité, car il se fait en 30 minutes seulement à marée basse et quelques semaines suffisent pour collecter trois tonnes d’algues au total.
Outre le côté productif et commercial de son atelier à Le Guilvinec, celui-ci est aussi une institution. Chaque après-midi, Scarlette Le Corre accueille des stagiaires de passage dans sa salle de cours pour leur dispenser des leçons sur les qualités nutritives des algues, qu’elle soient brunes, rouges ou vertes, sur les algues au quotidien qui se retrouvent dans les produits industriels, les conserves (cassoulet, haricots verts), dans les conservateurs, les sels minéraux, les oligo éléments, les protéines et les vitamines.
Le reste du temps, Scarlette Le Corre est soit sur l’océan avec son bateau de sept mètres baptisé Mon copain JP en train de pêcher le homard, le rouget et l’araignée, soit sur les routes avec son camion pour animer les salons et les foires avec ses produits à base d’algues, comme le tartare marin ou les haricots de mer au vinaigre en bocaux…
L’équipe de tournage de la chaîne de télévision France 5 était venue en mai 2023 rencontrer Scarlette Le Corre sur les pontons de Léchiagat à Le Guilvinec. La rencontre avait été culinaire autour des algues.
INFOS PRATIQUES
A la rencontre de Scarlette Le Corre, Editions Panthera 6 Rue de la Lysagora à Rennes (35)
Scarlette Le Corre – 11 bis rue du Général de Gaulle à Le Guilvinec (29)
Contact : 02 98 58 98 98