Le Nao De Brown par Glynn Dylon, Un beau trouble obsessionnel compulsif

Le dessinateur anglais Glynn Dylon nous emmène avec Le Nao De Brown dans une aventure biographique remarquable. Elle est centrée sur le personnage d’une jeune fille anglo-japonaise perdue dans ses troubles obsessionnels compulsifs (TOC). Plus qu’une bande dessinée, un grand livre !

nao de brownNao Brown a fait des études d’art. Rentrée d’un voyage au Japon pour revoir son père, qui a quitté son Anglaise de mère depuis bien longtemps, elle cherche du travail et rencontre un ancien ami de l’école d’art, Steve. Sa colocataire Tara tente de l’accompagner dans la gestion de ses TOC, des visions morbides et violentes, voire destructrices. Elle tente de trouver son équilibre à travers des séances de méditations dans un centre bouddhiste du quartier. Un jour, elle rencontre Gregory, un réparateur de machine à laver qui lui rappelle un personnage de manga.

Derrière ce résumé se trouve un livre complexe et passionnant. Et pourtant, je ne sais par quel bout le présenter ou le prendre. J’ai choisi de m’exprimer au pronom personnel, car justement l’héroïne pratique volontiers le ‘Je’ dans une sorte d’introspection parallèle au récit. Héroïne qui est un peu de son auteur et un peu d’une amie de l’auteur…. Elle a ses absences, ses moments de passion, de haine, de violence, ses moments de douceur, de tendresse, d’enfance. Qui n’a pas connu cela. Le dessin est précis, détaillé, coloré et réaliste. Glynn Dylon pose un regard presque amoureux sur son héroïne, lui façonnant des poses, des moues, des mimiques, plus que n’importe quel autre personnage. Il s’égare dans le bouddhisme, nous promène dans des quartiers de Londres, nous laisse dans un pub pour nous perdre dans un manga surréaliste que ne renierait pas Moebius (il le remercie d’ailleurs en fin d’ouvrage). Y a-t-il vraiment une histoire dans tout cela ? Une tranche de vie qui paraît anodine, mais qui propulse notre Nao dans un monde entre adolescence attardée et adulte. Il y a des trous, des absences, des vides que chaque lecteur peut remplir à sa guise. Ces mêmes absences que l’héroïne a dans des lieux incongrus.

Je pourrais en dire plus, parler des thèmes abordés de manière désordonnée dans le récit. Je pourrais vous en dire plus sur le triangle des personnages, sur Gregory, Steve ou ce récit dans le récit qui tranchent ce joli livre relié et bordé d’un rouge aussi flamboyant que la couleur des tenues de Nao. Un livre qui se laisse lire et relire, qui invite autant à la méditation qu’à la recherche, ne serait-elle qu’intérieure.

Le Nao De Brown  Glyn Dillon Akileos Eds, novembre 2012, 210 p.

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Didier Acker
didier.ackermann {@] unidivers .fr

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