Premières Lectures buissonnières à Saint-Aubin-du-Cormier le 25 mai 2013

« Mais qu’on juge quel est ce bonheur qui consiste à être diverti de penser à soi. » (Blaise Pascal, Les Pensées)

Christian Domec,
Christian Domec, organisateur des Lectures buisonnières

Quand elle n’est pas seul divertissement, la lecture invite à une rencontre… avec l’autre, soi : une réflexion que nul miroir lisse et plat ne pourrait engendrer. Ce sont les aspérités, les courbures et le grain propres à un texte – ceux que son auteur aura façonnés de sa main artisanale – qui la stimulera. Elle sera matière à rêveries, certes, mais heurts, ceux qui nous bousculent. Lire un livre est se mettre en danger, celui qui accompagne la liberté, toujours.

Dès l’entame, nous pouvons le sentir. Des incipit célèbres, citons-en quatre.
L’impressionnant :
« Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre. La terre était informe et vide : il y avait des ténèbres à la surface de l’abîme, et l’esprit de Dieu se mouvait au-dessus des eaux.[i] »
Le moderne et confident :
« C’est icy un livre de bonne foy, lecteur. Il t’advertit dés l’entree, que je ne m’y suis proposé aucune fin, que domestique et privee : je n’y ay eu nulle consideration de ton service, ny de ma gloire : mes forces ne sont pas capables d’un tel dessein.[ii] »
L’intime réminiscence :
« Longtemps, je me suis couché de bonne heure. Parfois, à peine ma bougie éteinte, mes yeux se fermaient si vite que je n’avais pas le temps de me dire : « Je m’endors. » Et, une demi-heure après, la pensée qu’il était temps de chercher le sommeil m’éveillait ; je voulais poser le volume que je croyais avoir dans les mains et souffler ma lumière ; je n’avais pas cessé en dormant de faire des réflexions sur ce que je venais de lire, mais ces réflexions avaient pris un tour particulier ; il me semblait que j’étais moi-même ce dont parlait l’ouvrage : une église, un quatuor, la rivalité de François Ier et de Charles-Quint.[iii] »
Le brusque :
« Ça a débuté comme ça. Moi, j’avais jamais rien dit. Rien. C’est Arthur Ganate qui m’a fait parler.[iv] »

Avec leur auteur, nulle rencontre possible hors cette longue conversation avec ce qu’ils nous ont offert. Vouloir quatre fois poursuivre ou attendre, mais s’y plonger un jour. N’est-ce pas l’essentiel ?

Pourtant à l’heure où l’apprentissage de l’écrit a pris une importance considérable, n’est-il pas important de pouvoir rencontrer ceux qui émettent – par leurs romans, nouvelles et poèmes – une petite note particulière ? Celle que décrit si justement Christine Lapostolle (voir notre article) :

« Résister ce serait croire à sa singularité, au fait que dans le grand ensemble humain, eh bien ! on est une petite note qui n’est pas exactement pareille… qui est singulière. Et que cette singularilectures_buissonnieres_affiche_horairesté il faut la mener envers et contre tout en acceptant qu’il n’y ait pas d’explications, en n’ayant pas peur, en se laissant conduire par des choses qui viennent de l’intérieur. Ce n’est pas forcément facile.[v] »

C’est à la possibilité de ces rencontres que nous invite la médiathèque de Saint-Aubin-du-Cormier le 25 mai 2013. Ses premières lectures buissonnières avec dix écrivains, poètes, conteurs, romancier – « confidentiels » – de talent : Mariana Iacoblev-Barbu, Carmen Pennarun, Yasmina Hasnoui, Marianne Desroziers, Guy Marcon, Henri Dénes, Padrig Moazon, Jean-Pierre Mathias, Cyrille Audebert et Stéphane Cerveau.

Les rendez-vous à la médiathèque de Saint-Aubin-du-Cormier :

24 mai, 17 h 30 : visite musicale et contée de Saint-Aubin, son jardin médiéval, son étang, son château, son cormier, ses légendes et la place Veillard.
25 mai, 10 h – 12 h 30 : rencontre ensemble autour du thème « la part de soi, la part commune », lectures, musique, débat entre et avec les auteurs.
25 mai, 14 h – 17 h : salon pour rencontrer chaque auteur et scène ouverte (musiques, poèmes, clameur).
Plus d’info ici

Ces journées sont organisées par la médiathèque avec la complicité des Amis du pays de Saint-Aubin-du-Cormier, Ragoles et béruchets, Zip-zap compagnie, les Baladins de la tour, les penchants du roseau, le Bard’ac, des comédiens, des musiciens & de joyeux drilles

[i]    La Bible, Génèse, traduction de Louis Segond, 1910.

[ii]   Les Essais, Michel de Montaigne, 1595.

[iii]  Du côté de chez Swann, Marcel Proust, 1913.

[iv]  Voyage au bout de la nuit, Louis-Ferdinand Céline, 1932.

[v]   Descriptions, Christine Lapostolle, 2011.

 

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