L’expo Chagall est sans conteste l’un des événements culturels qui marquera l’année 2013. Le style de Marc Chagall est de ceux que l’amateur reconnait immédiatement. Le Musée du Luxembourg a décidé de le faire résonner avec son contexte d’élaboration.
Marc Chagall est un artiste franco-russe. Incontournable du XXe siècle, son oeuvre est abondante et singulière. Décédé en 1985, il a traversé ce siècle pour le meilleur comme pour le pire. Le Musée du Luxembourg propose de redécouvrir l’œuvre de ce maitre à travers le contexte historique et l’évolution existentielle du maître. Comme fil conducteur, l’influence des guerres, dont Chagall a été le triste témoin. De fait, l’œuvre de Chagall est fortement marquée par l’ensemble des conflits qui ont secoué le XXe siècle. Cette dimension est interrogée à travers une centaine de toiles.
La scénographie de l’exposition combine à la fois un compte-rendu chronologique et thématique. Elle se commence par la Première Guerre mondiale, en passant par quatre étapes clés de la vie de l’artiste, et se termine par le retour de l’artiste en France. Il faut dire que la tâche n’était pas facile durant cette longue vie que vécut Chagall. Peu mourrait centenaire à cette époque. Par ailleurs, l’organisation d’une œuvre abondante et décalée des mouvements et des modes n’est pas une mince affaire. Enfin, l’équipe du musée a su jongler avec la spécificité des lieux, notamment des salles aux superficies restreintes. La sélection des toiles est pertinente.
Une rétrospective contextuelle
L’exposition en forme de rétrospective présente l’itinéraire d’un homme né en Russie en 1887 et mort en France en 1985. Durant cette période, une révolution russe, un exil en France puis aux USA, deux guerres mondiales et…une production artistique, au caractère largement narratif, d’une densité rare.
Chagall est un artiste figuratif qui a seulement voulu témoigner des événements de son temps et notamment des horreurs auxquelles il a assisté. Il a composé avec ses traumatismes qui sont sculptés dans la mémoire des hommes, mais aussi avec les périodes plus douces : celles où la paix régnait en maitre. Il a également été influencé par son enfance passée à Vitebsk, par les traditions juives, par la Bible et par la thématique du couple et de la famille.
L’exposition raconte cette Russie en temps de guerre. Le jeune homme se trouve alors loin du front, aux côtés de sa fiancée. Les troupes sont déjà en mouvement. En 1922, Chagall fuit sa chère Russie pour rejoindre Paris. Il illustre des livres, dont la Bible, pour un éditeur réputé. Des personnages mi-animaux mi-hommes prennent alors forme. En 1941, face au nazisme envahissant, il fuit Paris pour les USA. Sa palette, face aux tragiques événements qui traumatisent son ancienne terre d’accueil, se fait de plus en plus sombre. La Crucifixion devient, pour lui, un thème éternel. Il revient en France en 1949 et choisit de s’installer dans le Midi. Il explore alors de grands cycles, se consacrant notamment à d’autres techniques que la peinture pure. La tapisserie d’Aubusson devint l’un de ses domaines favoris. C’est le temps d’une accalmie, de la paix, d’une majestueuse luminosité.
C’est toute cette infinie richesse que révèle cette brillante exposition. L’ingéniosité du vocabulaire personnel de Chagall est bien mise en valeur. De fait, il a su se renouveler tout le long de son parcours tout en restant fidèle à son style. C’est peut-être là sa plus grande réalisation.