Deux sœurs nantaises ont créé leur site de vente de vêtements de seconde main. Amélie et Yvelise Fronteau revalorisent des vêtements chinés dans des vide-greniers et les revendent à travers le site Chapitre deux.
La seconde main et le vintage sont à la mode. Pour des raisons esthétiques, écologiques ou économiques, le vintage séduit beaucoup de consommateurs. Certains aiment chiner dans les vide-greniers ou fouiller dans les friperies, passer des heures afin de dénicher de belles pièces. D’autres personnes, cependant, n’apprécient pas cette façon de faire les boutiques. Des sites à l’image de Chapitre deux, avec des vêtement présélectionnés, peuvent être une solution.
Amélie et Yvelise Fronteau s’occupent de dénicher des vêtements, principalement pour femmes, qu’elles proposent ensuite sur Chapitre deux. « On chine et on sélectionne des vêtements essentiellement vintage et beaucoup de made in France. On choisit ce qui nous inspire et ce qui nous parle. On est vraiment dans des styles assez bohèmes, et inspirés du dressing masculin. On a souvent des allures un peu masculines, des grandes chemises, des vêtements assez oversize… », explique Amélie.
Amélie, 33 ans, gère la communication de l’entreprise familiale et Yvelise, 28 ans, est graphiste. Toutes deux s’intéressent depuis longtemps au stylisme. Elles ont lancé le site Chapitre deux début novembre après avoir tâté le terrain sur Instagram et des marchés éphémères. Mais c’est surtout la plateforme de seconde main Vinted qui leur a permis de se développer et de jauger l’intérêt du public avant de créer leur site indépendant. « Vinted ne nous permettait pas de créer une identité propre. On avait un peu envie de raconter notre histoire et notre projet, » explique Yvelise Fronteau.
Le nom Chapitre deux vient du contact humain présent dans les vide-greniers. « Quand on chinait, les gens nous racontaient un peu leur histoire personnelle avec leurs vêtements. Ils nous disaient si c’était la veste de leur grand père, ou la première robe offerte par leur chéri… Finalement il y avait une intimité partagée assez agréable. On avait envie de mettre en avant l’histoire des vêtements », déclare Amélie.
Le confinement a empêché les deux sœurs de chiner dans les vide-greniers, mais ce n’est pas leur seule source d’approvisionnement. Elles récupèrent aussi des vêtements dont des personnes veulent se débarrasser, ou dans des associations. Elles ont surtout profité du confinement pour préparer les sélections de ce qu’elles avaient rassemblé les mois précédents.
Les vêtements ne sont pas directement ajoutés à leur site Internet, il leur faut parfois faire des retouches. « On essaie d’adapter lorsqu’on a des très, très grandes tailles. Parfois il manque des boutons ou il y a des trous, des petites imperfections… on remet les vêtements en état. » Ce temps passé à revaloriser chaque pièce, ajouté au shooting photo et à la mise en ligne, est pris en compte dans les prix fixés par Yvelise et Amélie.
Aujourd’hui, Yvelise et Amélie vendent environ 40 pièces par mois. Chapitre deux reste leur activité secondaire, mais les deux sœurs espèrent bien un jour pouvoir avoir une boutique. « Le problème, c’est qu’avoir une boutique physique, c’est très onéreux. Mais il y a des alternatives, ça peut être super chouette d’avoir un lieu qu’on partagerait avec d’autres styles de vente vintage, comme des bouquins. Ça serait top d’avoir un projet pluriel avec différentes thématiques, » explique Amélie.
Une démarche éthique
Les deux sœurs sont des habituées des vide-greniers, qu’elles fréquentaient avec leur famille. « Nos parents étaient des amoureux des brocantes. On a grandi avec des vieux meubles, on y trouve beaucoup de charme. » Mais ce n’est pas simplement une habitude familiale qui a attiré les sœurs Fronteau vers la seconde main. Le gâchis de l’industrie de la mode est un facteur important dans leur activité. « Ça me rend dingue de voir tous les vêtements de mauvaise qualité qui sont produits à outrance pour être jetés 6 mois plus tard. Quand on a commencé à chiner des vêtements vintage made in France, on s’est rendu compte que les gens qui gardaient leurs vêtements longtemps et qui en prenaient soin, c’étaient des vêtements de bonne qualité avec de belles matières. Au-delà du look et du style, c’est aussi cette qualité qui a changé. Même les vêtements qu’on paie cher ne sont pas forcément de très belle qualité, » déplore Amélie.
« Il y a une dimension économique aussi, en plus du côté écolo et éthique. Acheter du neuf en magasin coûte cher, et il y a pléthore de vêtements cachés dans les armoires des gens, » ajoute Yvelise. Ce sont ces vêtements, cachés au fond des placards, que les deux sœurs revalorisent et proposent sur leur site. Une manière de continuer à acheter d’occasion quand les boutiques sont fermées, ou de découvrir une manière de consommer plus éco-responsable à travers des vêtements présélectionnés.
Chapitre deux, boutique en ligne de vêtements d’occasion