Il fait des miracles Alain Surrans à la tête de sa petite entreprise de 36 salariés au budget de misère.
On se souviendra, entre autres, d’une Walkyrie triomphale, remarquée par une critique comparant Rennes avec les plus grandes maisons d’opéra européennes. Et que dire de cette Traviata déchirante qui a rassemblé 6000 spectateurs sur la place de la Mairie d’où est montée une populaire ovation saluant la prestation des artistes aux premiers rangs desquels l’inespérée Myrtò Papatanasiu.
Populaire, c’est ainsi qu’Alain Surrans conçoit l’opéra.
Populaire, comme l’était l’œuvre de Victor Hugo de son vivant. Rien d’étonnant alors que le directeur de l’Opéra de Rennes ait choisi, pour clore la saison 13-14, le Rigoletto de Verdi dont Hugo inspira le livret à Francesco Maria Piave.
Populaire, certes, mais exigeant en programmant des œuvres moins connues.
À commencer par Orlando de Haendel. Il fallait oser ouvrir la saison avec un opéra baroque. Puis Il re pastor (version concert) d’un Mozart adolescent qui signe là sa neuvième partition lyrique. Enfin Fortunio de Messager dont la musique souvent qualifiée de légère dévoile la maîtrise d’un compositeur, et chef d’orchestre, qui rappelle à bien des égards Léonard Bernstein.
Populaire, exigeant et diversifié. Diversité des genres, diversité des formats.
De l’opérette en version concert (Pomme d’api d’Offenbach et Une éducation manquée de Chabrier) au music’hall (La revue des ambassadeurs de Cole Porter) en passant par l’opéra en famille (Chat perché de Singier d’après les contes du chat perché de Marcel Aymé) et « révisez vos classiques » (concerts à 4 euros avec garderie d’enfants).
À cela s’ajoutent différents concerts (Schubert, Salieri et Beethoven en novembre Berlioz et Liszt en février, Beethoven, Schuman, Mendelssohn et Brahms en février également), les Divas du Monde (voyages au travers des voix de femmes, de l’Afghanistan au Mali, du Nord Vietnam à la Grenade arabo-andalouse) ainsi que les prestations de l’orchestre symphonique de Bretagne.
Certains regretteront de ne pas voir suffisamment de « grands classiques » programmés cette saison. Mais la mission de l’Opéra de Rennes, en sus de faire venir dans sa maison un public qui ne la fréquente pas, est aussi de faire redécouvrir (et souvent découvrir) à un public habitué des lieux des partitions parfois oubliées.
Peut-être un jour les subventions (aujourd’hui bien maigres) du Ministère de la Culture permettront-elles à la petite entreprise que dirige Alain Surrans de produire des opéras contemporains trop peu donnés dans la capitale régionale ?
En attendant, Unidivers Mag se réjouit de la saison à venir. Notre rédaction ne manquera pas de soutenir une équipe qui, la saison passée, a réussi à attirer dans ses murs quelque 26 000 spectateurs sans jamais céder sur l’exigence de qualité.
Laurent Kontzler
site de l’Opéra de Rennes