Saison 2016-2017 de l’OSB, Mozart ouvre le bal

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Pour l’Orchestre Symphonique de Bretagne, l’heure de la rentrée a sonné et c’est le divin Mozart que l’Orchestre a convoqué pour ouvrir les festivités musicales. Classique ! pourrait-on dire. Ce qui l’est moins que cette soirée était aussi le baptême du feu en tant que chef d’orchestre du pianiste Cédric Tiberghien, en résidence à Rennes pour un an.

 Je t’ai tué, Mozart ! Pardonne à ton assassin !

C’est par cette imprécation, hurlée par Antonio Salieri du fond de sa chambre, dans un hôpital psychiatrique de Vienne, que commence le célèbre film de Milos Forman, « Amadeus ». Mais n’allez pas vous inquiéter inutilement, cette phrase, malicieusement citée, n’illustre en rien la prestation de l’OSB pour cette première rencontre avec son public. Elle rappelle seulement que la séquence musicale qui accompagne cette scène est la 25e symphonie de Mozart, dont l’exécution fut un temps fort de cette soirée au triangle.

Saison 2016-2017 OSBL’ouverture de l’opéra, l’enlèvement au sérail K.384, nous offrira une mise en bouche des plus savoureuses. Cette musique agréable et pleine de sève verra les premiers gestes en tant que chef d’orchestre, de notre invité du soir, Cédric Tiberghien. En résidence pour cette année à Rennes, la belle stature élancée et le visage intelligent de notre homme feront forte impression auprès du public féminin et de quelques autres, bah, reconnaissons-le, il a fière allure ! Alors qu’il dirige l’OSB, la gestuelle plutôt ample du pianiste français mérite d’être affinée, l’utilisation d’une baguette l’aiderait certainement à discipliner ses grands bras et par la même les attaques de l’orchestre. Cela dit, pour une première fois, il s’en sort plutôt bien et nous offre dans la foulée une symphonie n° 25 en sol mineur K.183 de bonne facture, si l’on excepte un tempo un peu rapide du pupitre des premiers violons en tout début. Pour la suite il nous fait découvrir les subtilités de cette œuvre contrastée et réussit à fixer notre attention par le soin visible qu’il apporte à sa relation avec l’orchestre. Les quatre mouvements de cette œuvre composée par un Mozart de 17 ans, n’ont pourtant pas grand-chose de juvénile, les attaques violentes du pupitre des cordes sont à peine calmées par la plainte lente et élégante du hautbois, rendu remarquablement subtil par Laurent Dhoosche. Achevée à Salzbourg le 5 octobre 1773, elle est considérée par la nouveauté de sa construction, comme une œuvre charnière, au sein des compositions de Mozart.

cedric-tiberghien_orchestre-symphonique-bretagne_3Lors de la seconde partie, c’est de son instrument que Cédric Tiberghien dirigera les concertos pour piano n° 6 en si bémol K.238 et n° 5 en ré majeur K.175. Crevons tout de suite l’abcès, mais pour le public, un instrumentiste au dos tourné, n’est pas forcément la chose la plus plaisante. Cela dit, comment diriger autrement ? Jamais à court d’arguments, Marc Feldman, administrateur général de l’OSB, nous fera adroitement remarquer que cette configuration est tout à fait habituelle à l’époque de Mozart et que souvent il dirigeait de son clavecin. Que répondre à cela puisque c’est la pure vérité ? L’interprétation de ces deux œuvres nous a permis de découvrir un Cédric Tiberghien au jeu dépouillé et agréablement précis, qui a réussi à briller et à nous entraîner dans sa vision musicale tout spécialement dans les passages lents. À l’instar des concertos n° 23 et 21 nous offrant chacun en second mouvement un andante et un adagio de pure extase, ces deux œuvres lui permettent d’exprimer sa vision personnelle et de créer le lien avec une assistance attentive et fascinée.

cedric-tiberghien_orchestre-symphonique-bretagne_2Le moment le plus intime fut atteint lors du mouvement lent du concerto n° 5 dont Cédric Tiberghien, avec une vraie sensibilité, nous a fait découvrir un côté adolescent, touchant et empreint d’une émotion simple. Petit bémol, l’acoustique très approximative d’un auditorium du triangle, de surcroît bondé, assourdit à l’extrême les basses du piano et rend moins audibles les sons produits par la main gauche.
C’est sans conteste cet élément qui nous a empêchés de profiter totalement de la première apparition, d’un pianiste dont tous disent le plus grand bien. Le parti pris un peu expérimental, n’était pas forcément une bonne idée, ou du moins à ce moment de la saison, pour un public venu avec avidité découvrir un artiste auquel on promet, et qui a déjà atteint, des sommets. Il eut été agréable de l’entendre dans une salle aux dimensions du TNB, malheureusement indisponible, dans une configuration semblable à celle qui fut par deux fois proposée à Lise de La Salle, et ce, pour la plus grande joie du public. Ne soyons pas trop frustrés et réjouissons-nous à l’idée de retrouver cette année Cédric Tiberghien que nous souhaitons continuer à découvrir avec un réel intérêt.

cedric-tiberghien_orchestre-symphonique-bretagne_1Dernière chose, à l’arrivée de l’orchestre nous avons été surpris de ne pas voir Pascal Cocheril, premier violon supersoliste de l’OSB, prendre la place qui lui était habituelle. Renseignement pris, il a souhaité pour des raisons personnelles se mettre un peu en retrait, aussi pour cette soirée était-il remplacé par Hugues Borsarello. Cette décision est des plus respectables, c’est pourquoi, avec la même élégance dont il a fait preuve pendant 23 années, il nous faut nous incliner. Qu’il sache pourtant que le public de Rennes n’est pas disposé à l’oublier si facilement, et chacun se souvient encore avec une émotion que la situation rend plus forte, de son étourdissante interprétation, l’année passée du concerto de Magnus Lindberg, qui avait ébloui toute une assistance. Alors qu’il a choisi d’abandonner la lumière pour retourner dans l’ombre, Unidivers lui adresse son salut plein de respect et de reconnaissance.

Crédit photo : Shumin, Jean-Baptiste Millot

Le pianiste Cédric Tiberghien est en résidence à l’OSB Rennes pour un an

Pianiste français Cédric Tiberghien est né le 5 mai 1975. C’est à l’âge de cinq ans qu’il commence a étudier le piano avec Michèle Perrier à Noyon, il étudie au Conservatoire de Paris avec Frédéric Aguessy et Gérard Frémy, où en 1992 il reçoit le premier prix à 17 ans. Il remporte de nombreux prix internationaux. Le deuxième prix à Brême en 1993 et à Dublin en 1994, le sixième prix au concours Rubinstein à Tel-Aviv en 1995, le troisième prix à Genève en 1996. Il est également demi-finaliste au concours U. Micheli de Milan en 1997. En 1998, il obtient le Premier Grand Prix et cinq prix spéciaux au Concours international Marguerite-Long-Jacques-Thibaud. Il réalise pour Harmonia Mundi plusieurs enregistrements de récitals solo : des œuvres de Debussy, les Variations Eroica de Beethoven, les Partitas de Bach, des ballades de Chopin et Brahms. Il enregistre également un disque du Concerto n° 1 de Brahms avec l’Orchestre symphonique de la BBC dirigé par Jiří Bělohlávek4. De 2005 à 2007, Cédric Tiberghien fait partie de la sélection New Generation Artists de la BBC au Royaume-Uni.

LES RENDEZ-VOUS AVEC CÉDRIC TIBERGHIEN

Essentiels # 1 – Concert d’ouverture

Samedi 24 septembre 2016 à 20h30
Saint Brieuc / La Passerelle
Mercredi 28 septembre 2016 à 20h
Quimper / Théâtre de Cornouaille
Jeudi 29 septembre 2016 à 20h
Rennes / Le Triangle

Essentiels #9 – Beethoven le compagnon

Jeudi 16 mars 2017 à 20h
Rennes / Le Triangle
Vendredi 12 mai 2017 à 20h30
Pleudihen-sur-Rance / Eglise

Essentiels #11 – Classique au Large

Dimanche 30 avril 2017 à 21h
Saint Malo / Palais du Grand Large

Essentiels #12 – Images d’Orient

Mardi 9 mai 2017 à 20h
Mercredi 10 mai 2017 à 20h
Rennes / TNB
Jeudi 11 mai 2017 à 20h30
Lorient / Le Grand Théâtre

BILLETTERIE
OPÉRA DE RENNES
PLACE DE LA MAIRIE
35000 RENNES
OUVERT DU MARDI AU SAMEDI, DE 13H À 18H
TÉL. : 02 99 275 275

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Thierry Martin
thierry.martin [@] unidivers .fr

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