Le 6 avril 2014, l’Orchestre Symphonique de Bretagne (OSB) était le temps d’un après-midi (d’un faune) l’hôte des Premiers dimanches. Concerts, conférences, documentaires, mais aussi sonorités classiques et contemporaines ont investi les murs des Champs libres. Davantage que les visiteurs…
La musique contemporaine inspire-t-elle une certaine réticence ? Est-elle ressentie comme élitaire ? Malgré le temps mitigé, les Rennais ne se sont malheureusement pas pressés en foule à l’image de certaines éditions précédentes. Tant pis ou… tant mieux ! – se sont réjouis certains. De fait, l’événement gardait taille humaine, l’air des Champs était respirable et le personnel… détendu. Un succès quantitatif n’est pas nécessairement gage de succès qualitatif (cf. notre article)… Hier, le succès a résonné dans toutes les oreilles. Petites et grandes.

Des concerts ou des conférences étaient répartis en différents Champs (plus ou moins libres en fonction des jauges). Guillaume Saint-James, compositeur de jazz actuellement en résidence à l’OSB, a efficacement expliqué avec sa pièce en production, Brothers in Arts, comment l’écriture de sa partition avait bénéficié des apports des logiciels numériques. « L’informatique ne fait pas de nous de meilleurs musiciens, mais il offre des outils nouveaux. Désormais, on peut même travailler dans le train, c’est merveilleux ! »



Côté performance, nous avons assisté uniquement à la seconde intitulée Aire de jeux dans la salle Hubert Curien. Réalisée par Olivier Lacour (violoncelle) et Marc Veh (danse), l’interprétation corporelle printanière (voire stravinskienne) d’une composition sonore plutôt automnale a produit un décalage convaincant. Les petits étaient, quant à eux, loin d’être oubliés. Ils ont trouvé leur compte durant cette journée grâce à l’association Regards de mômes et son labyrinthe musical. En outre, un duo sympathique déclinait le conte La princesse qui avait un petit pois au son de la harpe.
Comme tous les dimanches, l’association Comptoir du doc a fait ses gammes dans la salle de conférence. Pour entrer en résonance avec l’OSB, le documentaire projeté s’intitulait Harmonie. Cette réalisation de Blaise Harisson peignait par petites touches intimistes la vie d’une harmonie municipale dans un petit village jurassien. Philosophique et poétique, l’ensemble ne tentait pas d’apporter de certitudes factuelles, mais interrogeait habilement notre rapport à la musique, au collectif et à la nature.

Très attendu, Vermont Counterpoint de Steve Reich a trouvé un temple adapté dans cette petite cathédrale des Champs. Écrit pour flutes et bandes magnétiques, cette pièce explore la forme du canon, les répétitions et les changements de rythme. Éric Bescond a su lui conférer toute la vivacité qu’elle requiert, voire lui a insufflé une touche de tonicité quasi jazzy des plus réussies.
Pour clore cette riche journée, l’OSB au complet et l’ensemble Ars Nova dirigé par Philippe Nahon ont interprété avec une résonnante clarté une pièce d’Edgar Varèse, pour le moins avant-gardiste à l’époque de sa création, intitulée Intégrales pour ensemble à vent et percussion. 
L’OSB a su composer pour son Premier dimanche un temps à la fois diversifié, exigeant et grand public. Une bonne démonstration de médiation culturelle de qualité en faveur de la musique classique et contemporaine.
Nicolas Roberti et Chloé Rébillard
