Lancé en 2020, le Prix du Frac Bretagne – Art Norac a pour ambition d’accompagner le développement professionnel international des artistes vivant et travaillant en Bretagne. Parmi les 43 candidatures reçues, un jury de professionnels de l’art a établi une sélection de 4 artistes finalistes dont les travaux sont présentés au Frac Bretagne du 13 octobre 2023 au 14 janvier 2024.
Après avoir rencontré chaque artiste dans leur atelier, Victor Gorgulho, curateur des expositions et Lucas Albuquerque, curateur des résidences de l’Instituto Inclusartiz, ont décerné le Prix du Frac Bretagne – Art Norac 2023 à Céline Le Guillou.
Céline Le Guillou sera en résidence à l’Instituto Inclusartiz à Rio de Janeiro, Brésil en mars et avril 2024. À l’issue de cette résidence, son travail fera l’objet d’une exposition personnelle.
Céline Le Guillou
Née en 1994, Céline Le Guillou vit et travaille à Quimper et Courtils.
Céline Le Guillou a étudié à l’ESAAA d’Annecy, puis à l’EESAB-site de Quimper où elle obtient son diplôme en 2018. Attentive à ce qui se joue dans l’atelier, à l’acte de création en tant que tel, sa démarche est sous-tendue par l’attention donnée aux matériaux qu’elle mobilise. Ainsi, elle se perfectionne ensuite dans les techniques de la terre à l’Institut Européen des Arts Céramiques dans le Haut-Rhin. Elle poursuit avec plusieurs projets d’expositions, dont le programme de résidence Les Chantiers à Passerelle centre d’art contemporain à Brest ainsi que la résidence Minoterie21 dans le Morbihan.
Il y a dans la terre une source d’inspiration infinie, que des millénaires de création n’ont heureusement toujours pas su tarir. Elle était là, paraît-il, avant tout le reste, et restera là, dit-on, après tout.
Céline Le Guillou en a pris son parti. Si la cohabitation ne dure qu’un long moment, autant le rendre agréable.
Alors, de ses deux mains curieuses et passionnées, elle masse sa chère terre, la palpe, la berce et l’examine, la couve et fait monter la température jusqu’à trouver celle qui lui conviendra le mieux.
Au sol, elle grouille en de petits monticules lisses qui empruntent leurs formes aux nuages, à un poids ou à une miche de pain, tout aussi prête à s’élever jusqu’au ciel, qu’à s’ancrer fermement sur le sol ou à remplir nos estomacs. Sur les murs, elle se mélange à l’eau, se transforme en peinture, liquide, vaporeuse, comme pour signifier les états qu’elle peut prendre lorsqu’elle est tranquillement retirée dans son four, à attendre que l’artiste vienne la récupérer.
Il y a dans la terre une source de mystère infinie ; chez Céline Le Guillou un appétit insatiable. Et les deux de se rencontrer avec délice. Il y a dans la terre un peu de tout ce qui l’entoure, l’habite et la recouvre, le temps de cette agréable cohabitation. Ce sont ces intrants et ces composants spontanés et presque magiques que l’artiste s’évertue à répertorier au fur et à mesure de ses manipulations, afin de trouver la recette qui saura relier le familier et l’inconnu dans un véritable lieu à soi.
Horya Makhlouf, critique d’art, médiatrice culturelle et historienne de l’art