Que sait-on de la vie et la mort des ordinateurs et autres gadgets électroniques ? Que fait-on réellement pour leur survie et leur recyclage ? Quel est le coût pour les ouvriers, la rentabilité pour les entreprises, l’impact environnemental ? Sans détailler chaque point, un simple exemple peut déjà éclairer notre lanterne.
L’image ci-dessus montre les restes d’un PC portable âgé de seulement 7 ans. Il ne démarrait plus ; la panne ne pouvait être résolue sans un démontage complet. Ce n’était ni le disque dur, ni la mémoire, ni l’écran, ni le processeur, mais un petit composant à 10 pattes et quelques centimes d’euros qui avaient fini par brûler au fin fond de la carte mère.
Bilan : en dehors de ce composant, tout fonctionne. Mais comment le réparer ? Aucun vendeur ne propose des composants de barrettes mémoires ou de processeur qui ne valent que quelques euros sur le marché de l’occasion français ? Même le cuivre contenu dans le caloduc et refroidisseur du processeur n’est pas rentable au regard d’une heure de démontage.
J’ai beau me plaindre, les vendeurs me répondront que 7 ans pour un PC c’est déjà un âge supérieur à la moyenne d’espérance de vie dans l’informatique. De fait, c’est l’un des derniers ordinateurs qui furent conçus à l’origine pour être démontés et réparés quelques fois. L’ère de la tour PC démontable étant désormais révolue, aujourd’hui le PC portable et la tablette sont standardisés avec des « design unibody » esthétiques mais peu pratiques pour la maintenance. Les grandes entreprises les louent et ne soucient guère de l’avenir de ces périphériques en fin de vie.
Penser à l’avenir de nos joujoux électroniques est pourtant primordial dès l’achat. L’enjeu environnemtal – entre les PC, les smartphones, les cameras, la domotique et autres entités électroniques – est capital. Et ce n’est pas la petite taxe environnementale de quelques centimes qui changera la donne d’une situation qui s’approche d’un stade critique. En pratique, en France comme à l’étranger, les contrôles sont bien rares chez les sous-traitants des grandes chaines de distribution pour qui l’avenir des objets qu’ils vendent constitue le cadet de leurs soucis. C’est toujours cette même maladie qui ronge nos sociétés : une pensée égoïste courtermiste.
D’autant plus que vendre, voilà bien le problème d’un marché en recherche de perpétuelle croissance. C’est ainsi que l’acte de réparer n’a pas du tout le vent en poupe. Lorsqu’un utilisateur lambda rapporte son PC en panne, que lui répond-on (après qu’il a daigné s’acquitter d’un forfait diagnostic au tarif prohibitif) ? Que son ordinateur n’est pas réparable. « Mais nous avons justement une super promotion sur le dernier né de… ». Bref, seuls les magasins indépendants des circuits de vente sont susceptibles d’aller chercher la source de la panne. Ils sont rares. D’autant plus rares que la petite boutique spécialisée n’a souvent pas le delta compétences-outils-temps nécessaire pour trouver la panne et la réparer tout en atteignant un seuil de rentabilité commerciale.
Réparation et recyclage ne sont pour autant pas complètement absent de la vision des majors du marché. Ainsi, Google a préféré scinder et conserver le projet Ara (Sun smartphone modulaire et démontable) avant de revendre Motorola au chinois Lenovo. Ce n’est certainement pas sans arrière-pensée commerciale tout autant que communicationnelle… Le basculement vers une électronique plus respectueuse et recyclable est-il à nouveau à l’ordre du jour pour soigner une image tirée à hue et à dia ? Peut-être… Mais où et comment sera-t-elle fabriquée pour rester rentable ?
Et voilà le problème : combien coûte à l’homme et à la planète l’énergie nécessaire à la production et au recyclage de cet ancien PC comme des nouveaux ? Faute d’un calcul intégral du coût-énergie de ces entités électroniques – lequel va de la production au recyclage (ou la destruction par le temps) en passant par l’intégration des paramètres salariaux et environnementaux – nous peinons à défricher des voies d’intégration et d’interactions harmonieuses du ternaire homme-nature-machine. En attendant l’arrivée future de composants organiques dotés de propriétés électriques.
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Recyclage électronique : quel coût pour l’homme et la planète ?