Rennes 2. Raphaël Mars éveille nos sens avec 1 Km au Nord

1 km au nord raphael mars
1km au Nord, Raphaël Mars, Festival Mythos 2024 © Vi-Kien Tran

Le Tambour de l’université Rennes 2 accueille la création hybride 1 Km au Nord de Raphaël Mars vendredi 14 février 2025. Dans ce spectacle musical immersif, bulle intimiste qui éveille les sens, le comédien et musicien invite à partir en voyage avec lui, aux confins de l’univers et de soi.

Le musicien et comédien Raphaël Mars possède plusieurs cordes à son arc et voit la création comme un métissage de langages qui lui permet de construire des créations transdisciplinaires et totales. C’est ainsi que le spectacle 1 km au Nord, premier qu’il compose de A à Z et dans lequel il est seul sur scène, est né de la musique et du théâtre.

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1km au Nord, Raphaël Mars, Festival Mythos 2024 © Vi-Kien Tran

Le metteur en scène confirme dans cette première création en solo des intérêts effleurés dans un ancien projet musical à plusieurs, avorté depuis, autour du théâtre sensoriel. Cette forme de théâtre participatif a la particularité d’utiliser les sens pour raconter des histoires. « Le théâtre sensoriel a été développé dans les années 80, d’abord en Colombie puis en Europe », nous apprend Raphaël Mars qui s’est formé en Espagne. « Cette forme a toute une philosophie qui l’accompagne. » En reprenant les outils du théâtre sensoriel, le comédien a créé une œuvre à dominante musicale qui brise la relation frontale entre le public et le créateur. « En lançant ma compagnie [la compagnie Vesta], l’idée était vraiment de mettre la rencontre au centre des spectacles. C’est ce qui m’intéresse dans le fait de créer. » C’est dans cette optique qu’1 km au Nord est proposé dans les petites salles, mais aussi chez les particuliers afin de l’ancrer dans une intimité particulière. 

Le côté intimiste est amorcé dès le début : Raphaël Mars invite le public dans son espace en lui proposant une boisson chaude. Si l’ouïe et la vue sont les sens les plus sollicités durant le spectacle, l’odeur et le goût créent la rencontre. « Servir à boire et partager un moment de ce type permet de briser la glace. » Le comédien prend le temps d’échanger avec son public en partageant un moment collectif avant de partir ensemble dans une proposition artistique dont la science est le point de départ. 

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1km au Nord, Raphaël Mars, Festival Mythos 2024 © Vi-Kien Tran

Le titre 1 km au Nord est en effet tiré de la citation : « Vouloir comprendre ce qui s’est passé avant le début de toute chose reviendrait à vouloir marcher un kilomètre au nord du pôle Nord » de Stephen Hawking, que l’on connaît notamment pour ses recherches sur l’univers. Ce domaine est la porte d’entrée pour aborder métaphoriquement des thématiques plus métaphysiques et intérieures. « Depuis quelques années, je participe à des créations qui mêlent la fascination de la science – la dimension magique qu’on peut lui prêter, les frontières de ce qu’on connaît et de ce qu’on ne connaît pas – à des formes spectaculaires de théâtre », précise-t-il. « Pour moi cette phrase signifie que l’être humain est curieux et que, même s’il n’arrivera jamais à tout comprendre, cette curiosité le pousse à avancer. » Il détaille : « C’est une manière de voir les choses qui peut aussi s’appliquer à nous, en tant qu’individu : qu’est-ce qui nous fait se lever le matin, nous donne envie d’apprendre quelque chose de nouveau, de faire quelque chose en particulier, de voyager ? Je trouve notre mode de réflexion assez mystérieux. »

1 Km au Nord prend sa source dans le contraste entre l’infiniment grand (l’univers et l’Histoire) et l’infiniment petit (les êtres humains), et offre plusieurs lectures. Le public navigue dans un voyage où cette curiosité est questionnée au cœur de l’univers, un des sujets qu’il ne pourra, paradoxalement, jamais comprendre totalement. « J’ai l’impression que des modèles de spiritualité, pas au sens religieux du terme, sont en perte de vitesse. Je m’interroge sur le fait que ce côté magique des sciences peut, peut-être, être une nouvelle manière de trouver du sens et créer du spirituel. » Guidé par la voix de Raphaël, le public est invité à piocher ce qui fait sens pour lui et à s’approprier l’histoire afin d’entrer dans une réflexion introspective, s’il le souhaite. « C’est un peu comme tout récit mythologique, on y prend un peu ce qui nous parle. »

Le récit ne suit volontairement pas une trame narrative construite autour de personnages. Il s’agit plus d’évocations poétiques ou de trajectoires de vie qui interrogent, en filigrane, le deuil et la finitude du voyage, de la vie et de l’univers. Les chansons sont entrecoupées de paysages sonores et de moments de récit. « C’est une histoire d’exploration pour découvrir les frontières de l’univers, mais ça évoque aussi le voyage d’une vie. Qu’est-ce qu’on doit laisser derrière soi quand on part ? Qu’est-ce qu’on abandonne dans chaque étape de la vie ? Que reste-il derrière ? » D’espaces naturels en espaces naturels, des traversées de terres inconnues sont projetées en vidéo. « J’avais envie de soutenir la création sonore d’une création lumière et vidéo, faite par Baptiste Bertrand, pour immerger encore plus. C’est comme le choix d’avoir quatre enceintes qui entourent le public. »

Raphaël invite à « une veillée au coin du feu », comme l’a justement souligné Émilie Audren du festival Mythos qui a accueilli la première pendant l’édition 2024. Dans cette bulle qui isole de l’extérieur, le comédien convoque les codes du conte, histoires racontées et transmis oralement à l’origine. Il touche aussi du doigt le folklore, la tradition et la transmission. « Je parle de mon folklore à moi », confirme-t-il en parlant d’un chant traditionnel breton modernisé qu’il interprète dans le spectacle. « Cette chanson m’a été transmise quand j’étais enfant. Il est un peu question de la transmission générationnelle, comme avec le fait de jouer de la harpe. » Parmi sa panoplie d’instruments, le musicien a en effet choisi de retirer les éléments électroniques au profit de la harpe et la mandoline pour raconter son histoire. « La harpe est un bel instrument d’un point de vue esthétique et invite à la rêverie », détaille-t-il. Reprendre le premier instrument qu’il a pratiqué, après l’avoir laissé de côté quelques années, confirme l’aura personnelle qui se répand dans le spectacle « J’ai essayé d’être neutre, mais je joue une dizaine de chansons qui parle, entre autres, de ma vie émotionnelle », avoue-t-il. « Le lien ne se créait pas si je ne racontais pas qu’à un endroit c’était aussi mon voyage. »

Les veillées au coin du feu se font généralement le soir, mais le service culturel de l’université Rennes 2 a choisi de proposer le spectacle vendredi 14 février matin, à 6h30. Ce choix original et audacieux trouve une cohérence poétique dans l’intention portée par l’artiste. « Le spectacle a une dimension sieste sonore quelque part. Il est très doux et onirique donc, même si on est fatigué, on peut en retirer quelque chose et se laisser bercer. » Meilleur démarrage de journée que passer une heure dans les transports, 1 km au Nord se fera une place privilégiée dans votre esprit à l’aube avant de traverser avec vous la journée qui suivra. 

INFOS PRATIQUES

1 Km au Nord, Raphaël Mars – Compagnie Vesta, Le Tambour (bât. O) de l’université Rennes 2, vendredi 14 février 2025, 6h30 du matin. À partir de 10 ans. Durée :1h15. Tarif : Gratuit, sur réservation

Accessibilité : Le Tambour est accessible aux personnes à mobilité réduite.

Si vous souhaitez que Raphaël Mars viennent jouer 1 Km au Nord à votre domicile, vous pouvez directement le contacter sur son site Internet. Afin de rendre le spectacle accessible, le comédien et metteur en scène s’adapte au budget des personnes intéressées en échangeant avec.

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