La « gratuité de l’abonnement aux bibliothèques et de l’accès aux collections permanentes du Musée des Beaux-arts, du Musée de Bretagne et de l’Écomusée du Pays de Rennes » faisait partie des promesses de campagne de Nathalie Appéré. Elle est devenue en partie réalité le 10 septembre après un vote favorable du Conseil métropolitain (bibliothèque des Champs libres, musée de Bretagne et écomusée). La même décision à l’échelon municipal (bibliothèques municipales et musée des beaux-arts) a été entérinée lundi 21 septembre.
Jusqu’à la gratuité, les musées rennais appliquaient les politiques tarifaires suivantes (sachant qu’en 2019 les trois-quarts des usagers de Rennes Métropole sont entrés gratuitement ou ont payé un tarif réduit) :
- Musée de Bretagne (équipement métropolitain) :
- Plein tarif : 6 €
- Tarif réduit : 4 €
- Gratuit : – 18 ans
- Musée des Beaux-Arts (équipement municipal) :
- Plein tarif : 6 €
- Tarif réduit : 4 €
- Gratuité pour les jeunes de – 18 ans, groupes scolaires, Amis du musée, étudiants en art, bénéficiaires de la carte sortir, donateurs en faveur du musée, membres de la Maison des artistes, détenteurs d’une carte presse ou carte culture
- Ecomusée de Rennes (équipement métropolitain) :
- Plein tarif : 6 €
- Tarif réduit (18-26 ans) : 4 €
Pour l’heure, à l’échelon métropolitain, on dénombre 58 000 visiteurs à l’écomusée ; 66 000 au musée de Bretagne; 700 000 visiteurs, dont 46 000 inscrits, à la bibliothèque des Champs libres qui ont le choix entre plus de 200 000 documents physiques (en sus des documents numériques) dans une approche pluraliste des collections.
Nathalie Appéré poursuit sa volonté de démocratiser l’accès à la culture grâce à la gratuité de l’abonnement aux bibliothèques et de l’accès aux collections permanentes des principaux équipements culturels métropolitains. La gratuité a pour objectif de rendre l’offre culturelle la plus accessible possible en levant le frein pécuniaire. Toutefois, elle ne concerne que les expositions permanentes. Les expositions temporaires demeurent payantes afin d’aider à financer les coûts induits.
Peut-on s’attendre à une hausse notable de la fréquentation ? Une hausse certainement ; notable, c’est moins sûr. L’aspect financier s’ajoute pour certains habitants à d’autres freins qu’il convient également de lever tels que le manque d’intérêt ou le sentiment de ne pas être légitime à entrer et à fréquenter un lieu culturel. Si tous ces freins sont levés, la hausse pourrait dépasser 50 % d’après une étude du ministère de la Culture en date de 2009. Soit 9 000 visiteurs supplémentaires au Musée de Bretagne ; 12 000 visiteurs supplémentaires au Musée des Beaux-Arts ; 10 000 visiteurs supplémentaires à l’Ecomusée de Rennes.
Là encore, ces chiffres demeurent hypothétiques. Mais ce qui adviendra certainement, c’est une augmentation des visites courtes dans les musées. Dès lors que les musées sont gratuits, tout un chacun pourra à l’envi venir s’y délasser intelligemment un quart d’heure, vingt minutes, une demi-heure, entre deux rendez-vous ou autres obligations. Et ça, c’est formidable.
Quel est le coût généré par la gratuité ? L’institut Montaigne estime le manque à gagner entre 690 k€ et 960 k€, avec une moyenne estimée à 870 k€. Pour autant, la réponse viendra là aussi après plusieurs mois d’usage. Car si l’abandon des recettes de la vente des billets constitue une perte brute annuelle comprise entre 100 et 200 000 euros, la durée de travail salarié des agents liée à la trésorerie est pour le coup supprimée. L’Institut Montaigne estime « marginale » cette économie, d’autres études la considèrent comme « notable ».
De toute façon, s’il y a bien à terme une perte de trésorerie en valeur absolue, elle est largement compensée, en valeur humaine et sociétale, par la mise à disposition d’une offre culturelle, artistique et intellectuelle pour tous. Une décision politique forte.