La Rennaise Mélissa Follet fait le MUR de Rennes du mois de mars 2025. Dans des compositions réalistes s’épanouit dans un jeu d’ombre et de lumière un univers animal grâce auquel elle souhaite sensibiliser à la beauté de ce monde parfois mis sur le banc de touche.
Éclairé par de doux rayons du soleil qui annonce le printemps, le MUR de Rennes prendra d’ici quelques jours de nouvelles couleurs. Celles de Mélissa Follet, Rennaise d’adoption depuis sept ans. D’un naturel introverti, la muraliste a choisi la peinture comme mode d’expression. Elle n’avait pourtant pas pris ce chemin au départ : elle était en formation STAPS quand sa vie a pris un nouveau tournant. « Le dessin est un cadre très rassurant pour moi, une bulle réconfortante », introduit-elle. Plusieurs blessures et une opération des jambes l’ont mise sur le banc de touche pendant quelque temps, elle s’est alors mise à dessiner de plus en plus. Elle réalise sa première exposition pendant ses études et les ventes lors de cet événement l’encourage à continuer dans cette voie : on est en 2019 et elle choisit l’art. « C’était comme si le sport et l’art étaient deux disciplines parallèles : c’était soit l’une, soit l’autre, mais les deux ne se croisaient jamais, comme si elles n’étaient pas conciliables », raconte-t-elle.

Après l’expérimentation de plusieurs supports en petit format – métal, bois, pièces de brocante (fonds de tiroir, coffre-fort, etc.) -, Mélissa s’est attaquée au grand format et aux projets en extérieur, se dirigeant doucement, mais sûrement vers l’univers du street-art, milieu qu’elle admirait de loin. « Il y a des conditions extérieures qui s’ajoutent à la création alors qu’en atelier, on est face à nous-même, à la toile. » Elle se lance en 2022 quand le festival de street-art de Boulogne-sur-Mer l’a contactée. Le directeur artistique l’avait déjà convié l’édition précédente pour une performance artistique dans la rue sur une toile. Pour la première fois, elle se retrouve face à un public. « J’ai adoré l’échange avec les gens et connaître leurs ressentis en voyant l’œuvre. C’est un moment très humain. »
Comme tout artiste qui débute, l’autodidacte a cherché sa patte et la manière de s’exprimer. C’est dans l’observation du quotidien et ses sensibilités personnelles qu’elle s’est trouvée. « Ce qui est marrant, c’est que je ne suis pas particulièrement attirée par tout ce qui est réaliste, mais plus par les compositions abstraites et vives. » Elle cite Mika dont l’œuvre hyperréaliste est colorée, Iota qui mélange figuration et abstraction dans des compositions déstructurées ou encore Nadège Dauvergne qui reprend des œuvres emblématiques de l’histoire de l’art. « Elle ne travaille qu’à base de traits. Ce sont les couches successives qui donnent la profondeur », nous apprend Mélissa.

Les jeux d’ombre et lumière dans les images de film, particulièrement la série The Crown, donnent une nouvelle direction à sa pratique artistique. Elle délaisse à ce moment-là les fonds clairs au profit du noir. « Je n’arrivais pas à ressentir quelque chose d’assez fort avec les fonds clairs, comme si j’avais quelque chose dans la tête mais que je n’arrivais pas à le traduire. » Sa peinture prend désormais forme dans un réalisme fait d’un clair-obscur pénétrant. « C’est comme un travail en négatif. Au lieu de représenter l’ombre comme sur un papier blanc, je travaille que la lumière. Tout ce qui est dans l’ombre est suggéré », explique-t-elle. Son coup de pinceaux reproduit la délicatesse des fourrures et des poils avec talent.
Malgré la difficulté de travailler sur un fond sombre, la réception n’étant pas toujours positive, Mélissa s’épanouit dans le noir et blanc et ne regrette à ce choix. « Ce n’est pas tendance, les gens peuvent être réticents à avoir un mur noir, parce que c’est sombre. Mais je suis contente de rester fidèle à ma démarche. » C’est pourtant dans la noirceur de cette couleur qu’elle crée une œuvre lumineuse autour d’un sujet qui lui est cher : la cause animale et la préservation du Vivant. « J’essaie de m’impliquer et de faire attention, mais je me sens parfois un peu impuissante », avoue-t-elle. Ses compositions picturales exposent certains sujets qu’on oublie ou camoufle, sans jugement. Elle croit seulement au côté essentiel de l’art qui permet de véhiculer des messages. « Ça me fait du bien aussi, j’ai l’impression de me sentir utile. » Elle fait des recherches, possède des bouquins, s’informe sur les espèces et ce qu’il se passe en ce moment. « Je peins des animaux qu’on n’a pas forcément l’habitude de voir, qu’on n’estime pas vraiment. Je trouve ça important de les mettre en lumière. » Elle a notamment réalisé une série sur les cochons. Si le monde animal est omniprésent dans son travail, la muraliste aime aussi les humains. « J’aime bien capter une émotion forte et sans filtre. » Dans ce jeu d’ombre et de lumière, le regard tient en effet une place importante. « C’est par le regard qu’on communique, qu’on touche, qu’on entretient un dialogue sans forcément parler. » Face à ses œuvres, le public est absorbé par ces yeux colorés qui parlent silencieusement.
« Quand on fait de l’art, on exprime quelque chose, c’est forcément entendu par un autre humain. »


Faire partie de l’aventure du MUR de Rennes la touche particulièrement. L’invitation représente en quelque sorte la concrétisation de plusieurs mois d’admiration. « Je passe régulièrement devant et, à chaque fois, je me disais que j’aimerais vraiment bien le peindre. » La Rennaise a réfléchi à la maquette en fonction de l’emplacement pour proposer une oeuvre cohérente. « Ça devrait être pas mal », sourit-elle.
Le vernissage du MUR de Rennes, 34 rue Vsasselot, se déroulera en présence de l’artiste dimanche 9 mars 2025, à 16h.
Après le MUR de Rennes, Mélissa Follet est notamment invitée au festival Street-Art Mania à Eauze, dans le sud de la France, au mois d’août 2025 et à un festival à Anthony, dans la région parisienne.