À Unidivers Mag, on a parfois des interrogations un peu trop intellos… La dernière en date : faut-il évoquer dans nos colonnes numériques, Rennes comme un livre ? Il y a ceux qui optaient pour un mutisme affligé. Il y a ceux qui balayaient la question par un revers de la main. Il y a ceux qui finalement n’ont pas dit non.
Conçu et paru au Cherche midi sous la direction de Pierre Dotelonde qui en est l’un des éditeurs et qui a découvert Rennes il y a environ un an, ce livre est un ovni…livresque, difficilement qualifiable. Le Mensuel de Rennes semble en perdre quelque peu son latin dans sa dernière édition consacrée aux 50 % de Rennais très satisfaits de leur ville. Le magazine hésite entre abécédaire, rubrique à brac, compilation miscellanées ou encore beau livre. On l’aura compris, on est dans la promotion, rien que dans la promotion. Pour preuve, la liste des remerciements en fin d’ouvrage :
« Le Cherche Midi remercie tout particulièrement Gilbert Lebrun (Rennes Métropole), Patrick Aillet (Théâtre national de Bretagne), Claire Jolivet (Photographe Rennes Métropole) et tutti quanti. »
Bien volontiers, on reconnaitra le talent de ces derniers, encore mieux leur bonne volonté. Mais tout de même…on aurait aimé de la part de l’éditeur un peu plus de transparence qu’un lénifiant avant-propos et ces quelques mots bien creux : « avec le soutien de nos interlocuteurs rennais… »
« Près de 70 personnes ont contribué à l’ouvrage. C’est un outil de communication pour tous les Rennais. La municipalité ne s’est pas immiscée dans la production », justifie Pierre Dottelonde. Mais qui sont alors ces 70 personnes totalement indépendantes de la municipalité ?
Cet ouvrage est écrit principalement par Jean-Baptiste Gandon (Rennes Métropole), Georges Guitton (rédacteur en chef de Place Publique) et Dominique Amouroux (collaborateur de Place publique). Résultat : Rennes comme un livre consiste en un dithyrambe d’une ville intelligente et culturelle quasiment élevée au rang de capitale européenne.
Que d’excès de communication découvre-t-on au fil de cet ouvrage fourre-tout, voire contre-productif ! On est tout de même surpris par des raccourcis tout à fait bizarroïdes. Dans la rubrique « histoires de villes », on trouve « côte à côte » le second procès Alfred Dreyfus avec le jumelage de Brno et de Rennes ! On trouvera encore très étonnante la présence dans la rubrique « Rennes, assurément urbain » d’un laïus élogieux consacré au laboratoire jacquolandin. Le laboratoire jacquolandin ? Autrement dit, ce lieux d’imagination onirique marqué du sceau de la beauté qui caractérise l’urbanisme récent de Saint-Jacques de la Lande…
À 38 € le pavé, on vous conseille simplement de vous passer de sa lecture ou de vous le faire offrir par la municipalité (qui à dû en commander un bon lot pour compenser des ventes qui, à en croire les libraires, sont médiocres). De toutes les manières, vous trouverez les mêmes articles présentés autrement dans Place Publique que vous pouvez lire dans toutes les bibliothèques innervées par la Métropole (qui doit en commander un bon lot pour compenser des ventes qui, à en croire les libraires, sont rares).
Que notre bonne ville soit fantasmée et travestie par certains ou, tout simplement, rêvée et présentée avec une honnêteté mesurée par d’autres, à chacun son Rennes !
Reine de Liberté
Rennes comme un livre, édition du Cherche midi, collection Villes et territoires, oct. 2012, 158 p. 38 €