Dans le quartier du Pré-Perché, la municipalité et le Crédit Agricole prévoyaient la construction d’une tour de 13 étages (voire deux ou trois selon les différents plans) en lieu et place du grand bâtiment de ladite banque. Devant la levée de boucliers des riverains conduite par Danièle Novello, ancienne responsable de la communication d’Edmond Hervé, la municipalité a préféré faire marche arrière en ce qui concernait sa partie du projet. Les îlots (20% du tout) construits par Archipel Habitat devraient dès lors se limiter à 5 étages plus double attique.
Conséquence ou non, l’association de riverains ayant saisi la justice pour tenter d’avoir voix au chapitre, la direction du CA a modifié et renouvelé l’équipe qui conduisait sa partie du projet. Elle a ainsi pris ses distances avec l’adjoint Bourcier et l’architecte Golhen qui ont fait les frais, pour l’un, de son sévère manque d’écoute et d’empathie, pour l’autre, de la platitude de son projet et de sa critiquable intégration dans le paysage urbain.
Reste que le CA prévoit tout de même 370 logements, soit près de 1000 personnes sur un espace d’1 hectare. Et ce sont 300 places de stationnement en plus. On a dû mal à imaginer des centaines de voitures débouler chaque jour de la minuscule rue Chicogné sur le boulevard de la Liberté, lequel présente un taux de pollution record à Rennes. Contre toute attente, le CA et la municipalité ont décidé de renforcer la présence et le nombre d’automobiles dans le centre-ville.
Le dépôt de permis de construire devrait être imminent. Le projet final, assez années 2000 en termes architecturaux, ne satisfait toujours pas les riverains. C’est pourquoi ils poursuivent leur travail en s’étonnant que l’on érige une grande tour (à une distance si proche du Colombier). L’association de défense des riverains s’étonne également que la mairie brandisse comme un blanc-seing le leitmotiv de ‘mixité sociale’ dans un quartier historiquement déjà mixte : il intègre de nombreux logements sociaux et sa population ne présente guère un fort pouvoir d’achat. D’où la légitime question : le Mail, situé à deux pas de là, présentent des ouvertures autrement plus larges ; pourquoi ne pas construire à cet endroit une tour dédiée à la mixité sociale ? Certainement, Jean Nouvel serait tout prêt à écrire sa copie en ce sens. Et la municipalité éviterait de donner le sentiment qu’elle pratique deux poids deux mesures.
Pour l’instant, le résultat est le suivant : la différence de niveau entre le Pré Perché et le nouveau Mail est renforcée alors qu’elle aurait gagné à être inversée. Inversion qui aurait créé un appel urbain d’air salutaire. Hélas, les intérêts du CA ne semblent pas converger avec cette solution.
A contrario, on notera l’appréciable retenue du groupe immobilier Lamotte qui a lancé un programme réussi de 35 logements à la fin de l’îlot du CA, côté rue Chicogné. Comme quoi intérêts financiers et attention aux autres peuvent faire bon ménage…
Nicolas Roberti
*
Restructuration de l’îlot du Crédit Agricole Rennes > Hauteur, densité, surdité