Quand vous arpentez les rues de notre belle ville qu’est Rennes, relevez-vous parfois la tête des pavés pour regarder plus en hauteur ? Sur les façades des belles bâtisses de pierre qui composent notre centre-ville ou au dessus de plaques de rue par exemple ? Si vous faites attention, vous verrez un personnage original vous faire de l’œil et vous envoyer une petite dose d’amour qui vous fera certainement sourire. C’est Tata BZH, il a le cœur sur la main et la main dans son sac à dos prêt à coller, comme il a pu le faire lors de notre balade artistique…
Parmi les street-artistes qui affichent un art vandale à Rennes, nous avions déjà eu la chance de rencontrer Father Fucker alors qu’une manifestation se préparait dans le centre-ville et Les Graffs du Justicier, autour d’un verre dans un bar qu’il affectionne. Cet été, nous sommes allés rencontrer Tata BZH pour une promenade singulière au cœur du centre, à la recherche de son petit personnage au cœur rouge vif et aux ailes blanches.
Tata BZH, nous nous gardons de révéler son véritable prénom, a découvert le graffiti quand il étudiait à Paris, avec des amis qui graffaient la nuit en vandale. « Je sortais de ma petite campagne de Fougères, j’ai surtout très curieux. » S’il a gribouillé un blase trouvé à la va-vite, le jeune homme qu’il était s’est ensuite rangé : il a travaillé, s’est marié et eu des enfants, « mais j’ai toujours regardé ce qui se faisait ». Ce n’est que quand il s’est rapproché de l’association Le Mur de Rennes, des années plus tard, et qu’il a rencontré des artistes comme Naga, Thiago, Etiou, etc.) que l’envie est venu lui titiller les doigts… « Ca me tentait trop, il fallait que je trouve quelque chose. »
Un petit cœur rouge flanqué de longues tiges noires pour les jambes et bras et des ailes dans le dos plus tard, Tata Bzh entre dans la vie de la population rennaise et diffuse son amour. Parce qu’il est question de ça dans le travail de cet inconnu artiste, d’amour au sens large, dans sa plus belle simplicité. « Ce n’est pas quelque chose d’incroyable, mais c’est mon petit plaisir personnel », dit-il simplement. Il prend alors le blase de Tata BZH, un surnom que lui donne son entourage depuis 25 ans. « Pendant une soirée avec des amis, une petite fille a tiré sur mon pantalon sans regarder à qui elle s’adressait et m’a appelé tata », partage-t-il, amusé.
Tata BZH n’est pas imposant, il repose en toute discrétion – sur une plaque d’ardoise ou de bois, ou à même la façade parfois – et attend qu’on jette un regard sur lui, comme c’est le cas rue Saint-Guillaume ou rue Vasselot. Ce personnage un peu idéaliste se perche en hauteur sur les murs ou à l’angle d’une rue et donne facilement le sourire. Il met du baume au cœur quand on l’aperçoit.
L’homme envisage la création artistique comme un divertissement et un pur plaisir, ne cherchant pas à diffuser un message particulier même si derrière chaque Tata, on y lit une envie de partager des sentiments positifs. « Je pense que les gens ont besoin d’un peu d’amour et parfois, ça fait peut-être du bien de juste voir des petits cœurs. » La base de Tata reste la même, mais prend parfois de belles couleurs, voit ses proportions changer ou son cœur prendre du relief.
Tata BZH s’amuse en fonction de l’inspiration du moment, du tourbillon de la vie ou des humeurs. « Quand je dessine, ça me détend et me permet de m’évader un petit peu. Quand je colle mes oeuvres, je ressens le même plaisir. » S’il ne se revendique pas artiste, il fait pourtant bien partie de ceux qui propose un art libre sans contrainte de message juste pour l’amour de créer quelque chose, et qui laisse parler le hasard. « Des personnes adorent partir à la chasse aux Tata. La chasse sera bonne à Rennes, mais quand je vais à droite et à gauche, ce n’est jamais parce que j’ai envie de faire un tata, mais pour me balader ». Au détour d’une rue, un dernier Tata nous salue et vous envoie une nouvelle dose d’amour sous un soleil qui réchauffe le cœur comme Tata BZH sait le faire.
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