CINEMA. THE YOUNG LADY, ENTRE LADY MACBETH ET MADAME BOVARY

The  Young Lady, un film en costume ? Sans doute le film de William Oldroyd tente de semer le doute. Car, en dernier lieu, il dépasse tout cadre historique. Et n’en déplaise à certaines critiques, dépasse aussi largement la seule interprétation féministe. Un grand film déborde en interprétations, même contradictoires. The Young Lady est donc un grand film.

THE YOUNG LADYThe Young Lady, ou, selon le titre original britannique : Lady Macbeth. Curieux objet artistique, et plus spécifiquement intermédial, que ce film britannique de William Oldroyd. Le scénario se veut l’adaptation d’un roman russe de 1865, de Nikolai Leskov, Lady Macbeth du district de Mtsensk. Lui-même, à l’époque, comparé au Madame Bovary de Flaubert. Esthétiquement, dès le début du film, on se croirait dans l’univers de Jane Austen. Un film littéraire, donc, mais surtout purement cinématographique. L’histoire ? Nous sommes en 1865, dans la campagne anglaise : Katherine mène une vie malheureuse et cloîtrée avec un Lord cruel qui a deux fois son âge, et un beau-père tout aussi tyrannique. Un jour, elle tombe éperdument amoureuse du palefrenier de la maison. Par amour, d’abord, par volonté d’émancipation, puis sans doute par pouvoir et folie, Katherine est prête à tous les crimes, y compris le meurtre, pour vivre sa relation.

THE YOUNG LADYLe spectateur se régalera de cette esthétique romantique anglaise. Et croira rapidement à un film en costume. Rapidement, on glisse dans le film de genre, entre pastoral, romance et thriller. Plusieurs critiques, en un sens, à raison, ont vu dans le personnage de Katherine une héroïne de l’émancipation féminine. Elle est jeune, mal mariée, abusée, enfermée, humiliée. Sa révolte, au moins au départ, apparaît légitime. Or, Anna, la servante noire, est non seulement traitée comme un animal par ses maîtres, par les hommes de maison, mais aussi par Katherine elle-même. Le palefrenier, tout comme Anna, sera condamné parce qu’il est palefrenier, parce qu’il est d’extraction populaire. On pourrait tout aussi bien faire de The Young Lady un film marxiste, sinon social.

THE YOUNG LADYThe Young Lady serait tout simplement, au-delà de ces interprétations univoques, un film profondément universel ou métaphysique. Charnel, le film enregistre, parfois caméra à l’épaule, les corps dans le désir, dans la douleur, dans l’ennui. Une grande importance esthétique est accordée à la nature morte, voire au memento mori. Katherine, en bonne Lady Macbeth, est de toute époque : son amour n’aura d’égal que sa haine, son désir de liberté que sa volonté de puissance. On la pardonne comme en pardonne à Emma Bovary. On la condamne comme on condamne Lady Macbeth. Nullement une héroïne, Katherine illustre à merveille le système d’opposition central du film : celui de la nature contre la culture, du sauvage en face de la société. À la maison fermée s’oppose avec force la nature sauvage et brute de la campagne anglaise. Au corps dans le corset s’oppose la nudité brutale des corps amoureux. De nombreuses scènes montrent un passage capital du stade humain au stade animal. Un thème, on le sait avec Shakespeare, avec Flaubert, éternel…

The Young Lady est un film britannique de William Oldroyd sorti le 12 avril 2017 avec Florence Pugh, Cosmo Jarvis, Paul Hilton…

 

Titre : The Young Lady
Titre original : Lady Macbeth
Réalisation : William Oldroyd
Scénario : Alice Birch, d’après le roman Lady Macbeth du district de Mtsensk de Nikolaï Leskov.
Musique : Dan Jones
Photographie : Ari Wegner
Montage : Nick Emerson
Pays d’origine : Royaume-Uni
Format : couleur
Genre : Drame
Durée : 89 minutes

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