Tu mues, tu meurs à l’Aire Libre : Histoires de rap et d’adolescence

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Tu mues, tu meurs !(?)!, spectacle de Forbon N'Zakimuena & Adam Carpels © Warm Prod

Dans le cadre de son temps fort Bal #2, le théâtre l’Aire Libre à Saint-Jacques-de-la-Lande accueille Tu mues, tu meurs !(?)! du rappeur-conteur Forbon N’Zakimuena et du musicien Adam Carpels, samedi 29 mars 2025. Dans le prolongement de la première création du rappeur, le duo aborde dans ce spectacle hybride l’estime de soi pendant l’adolescence et notre construction à cette période.

L’adolescence… « une expérience de malade ». Vous souvenez-vous de la vôtre ? De ce flot d’émotions, d’expériences et de découvertes qui vous submerge par son intensité ? Bien que nous l’ayons tous vécus, nous oublions (très) facilement cette période de notre vie une fois devenus adultes. Pourtant, elle est charnière dans notre vie, peut-être une des plus difficiles. Des événements fondateurs – premiers émois amoureux et sexuels, amicaux aussi, orientation professionnelle, etc. – nous construisent et nous font évoluer. Ce sont ces instants que Forbon N’Zakimuena et Adam Carpels ont choisi d’aborder dans une création transdisciplinaire. Tu mues, tu meurs !(?)! est une invitation à se reconnecter à l’adolescent qu’on était pour mieux comprendre, peut-être, ce que cette période signifie réellement.

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Tu mues, tu meurs !(?)!, spectacle de Forbon N’Zakimuena & Adam Carpels © Warm Prod

Dans un aller-retour constant entre l’intime et le collectif, le conteur-rappeur Forbon N’Zakimuena inscrit ces récits dans le rapport à l’autre. Peu importe le sujet, le fond reste le même : il s’intéresse à la manière dont on se rencontre soi-même grâce aux autres. « Je pense qu’on se construit tous grâce à l’altérité. Ce qui m’anime, c’est de savoir comment, à travers soi, on entre en résonance avec autrui et comment on se nourrit de ça », introduit Forbon N’Zakimuena. Ses mots résonnent avec La Rencontre de Charles Pépin, essai philosophique dans lequel l’auteur montre, en s’appuyant sur des exemples culturels (cinéma, littérature, etc.), que toute vraie rencontre est aussi une découverte de soi et une redécouverte du monde.

Les histoires de Forbon s’écrivent dans la collecte de paroles et l’écoute des autres, pierre angulaire de son travail. « C’est passionnant d’entendre parler des gens, de les voir s’ouvrir et prendre confiance petit à petit ». Cette collecte nourrit le récit et la création sonore. « L’idée, c’est qu’on entende les voix rencontrées pour créer un dialogue », en mettant un point d’honneur à respecter cette parole qui lui est chère, tout en l’inscrivant dans le cadre d’un spectacle. « En tant que collecteur, je me sens responsable de ces mots qu’on a accepté de me confier. C’est un défi de taille. Un peu comme un journaliste au final. » 

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Tu mues, tu meurs !(?)! prolonge cette sensibilité mise à nu dans sa première création, Simple, qui abordait la question de la paternité. Ce deuxième spectacle, né de la rencontre de deux personnes, raconte l’histoire de deux destins croisés autour d’un même imaginaire, le rap. Alors que le public découvrait un Forbon seul sur scène dans Simple, il le retrouve ici en duo avec le musicien Adam Carpels. La pièce a pris forme dans l’échange et le partage de leurs souvenirs d’adolescents, et des émotions et événements fondateurs qui les ont traversés. « Ce spectacle est important, parce qu’il a scellé notre rencontre », précise-t-il. « On s’est nourri autant de la vie d’autres personnes que de la nôtre. » Le duo n’a pas eu peur de se livrer pour proposer une forme qui leur appartient, remplie de leurs expériences passées. 

Cette œuvre transdisciplinaire utilise des documents sonores, du récit et du rap afin d’apporter du dynamisme et une pluralité de voix. Les deux artistes portent des récits sincères et de puissants morceaux de rap dans un espace où ces différents médiums existent, et font entendre un même message de plusieurs manières.

À leurs côtés, un troisième personnage s’invite sur la scène : Sol, l’ami imaginaire. Il permet d’interroger les outils utilisés par les adolescents afin d’entretenir l’estime de soi. « J’avais des amis imaginaires sur lesquels je me reposais dans des moments de solitudes », confie Forbon. « Ils m’ont aidé à me construire en tant qu’enfant. Ce sont des choses qui ne me quitteront pas, même aujourd’hui à 35 ans. »

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Tu mues, tu meurs !(?)!, spectacle de Forbon N’Zakimuena & Adam Carpels © Warm Prod

« On voulait donner un message positif aux adolescents, et un message de résilience. On peut être maître ou maîtresse de sa vie assez tôt. »

Avec cette pièce, le binôme invite à ouvrir le dialogue entre adolescents, mais aussi entre adultes et entre adultes et adolescents. « Les collectes se sont toutes bien passées, peut-être même trop bien », rit-il. Dans un aller-retour entre son propre vécu et ce qui est ressorti des échanges, le duo a prolongé ses réflexions et s’est ouvert à d’autres questionnements, comme la place des adultes aux côtés des adolescents. Comment peut-on donner aussi facilement une parole intime à une personne qu’on connaît à peine ? : « Je pense qu’il est question du temps que les adultes leur donnent. C’est quelque chose que j’ai moi-même expérimenté, il n’y avait pas beaucoup d’adultes autour de moi qui avait le temps de me demander comment j’allais, sincèrement. C’est important de se sentir accompagné », exprime-t-il avant de conclure : « Je commence moi-même à avoir des pré-adolescents à la maison et, en tant qu’adultes, je me mets à la place de certains parents. Ce n’est pas tout le temps facile d’être pleinement proches de ses enfants, mais c’est important de rester alerte sur leur construction, tout autant que sur sa propre construction en tant qu’adulte. Et, parfois, avoir le courage et la force de revenir en arrière s’il le faut. »

Retrouvez Tu mues, tu meurs !(?)! de Forbon N’Zakimuena et Adam Carpels au théâtre l’Aire Libre, 2 place Jules Vallès à Saint-Jacques-de-la-Lande.

Samedi 29 mars 2025, à 20h30 (45 min)
Dès 12 ans
Tarifs : 6 -> 16€ / PASS. Billetterie

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