Ça tourne dans tous les sens. Ça accélère. Ça craque aux côtés, au centre et aux extrémités. Mais pourquoi courir ? Pour aller où ? Le monde tourne en rond. Dans un tourbillon de plus en plus frénétique de démons et d’anges qui se poursuivent. En crevant de rire. L’intelligence crève. D’angoisse. La France s’ennuie. Une société politique périmée, corrosive, autodestructrice. Ce qui devait être le paradis des loisirs et de la liberté s’est dissout en bouillon de culture. Certes, la crise, par excellence, c’est le bouillon. Celui de 11h. De l’ouvrier de la 11e heure.
Oui, le bouillon est bien là : les girouettes tournent dans des vents contraires. Et des loups égarés croisent des moutons qui cheminent joyeusement vers l’abattoir où les attendent des caméléons inquiets de la disparition du Nord sur leur boussole. Une seule voie : renouveler ; une seule urgence : réinventer ! Afin de déconditionner le modèle culturel français de son terrorisme pansu. Objectif : de nouvelles propositions inouïes, des visions inconnues, de nouveaux voleurs de feu.
Alors plus que jamais, ce mot – aussi fragile qu’obscur, à la délicatesse robuste si désirable – ce mot qu’il conviendrait de réfléchir – non pas encore, mais radicalement de nouveau – cette vision, cet esprit, cette conception de la communauté humaine doit être soutenue – tirer la culture vers le haut, c’est le combat que poursuit Unidivers depuis sa création. La culture en tant qu’acteur, moteur, dynamisme et lien – personnes, territoires, espaces, ghettos, mainstream, underground, alternatif, cieux, déserts, enfers et paradis. Mais surtout, la culture, et ses diverses déclinaisons en projets de vie, comme nécessité vitale pour l’homme en quête de sens et de joie. Afin de créer de l’unité dans la diversité. Unidivers. Une presse culturelle grand public intelligente, un rempart sans frontière où l’exclusion se vide d’elle-même.
Gageons qu’à Rennes, les États généraux y contribuent à leur manière. En se rappelant que la vie culturelle n’est qu’une vallée grevée d’ennui dès lors qu’elle se détourne notamment de trois aspirations : un déconditionnement esthétique, une fécondité sociologique et « plonger au fond de l’inconnu pour trouver du nouveau »*. Vaste programme en ce début de XXIe siècle. Qui pour le coup mérite d’être soutenu.
Dans ce dessein, au coeur de notre post-monde en surchauffe comme dans cette bonne ville de Rennes qui tente bon an mal an d’entamer sa mue, qu’un optimisme fécond de la volonté vienne tempérer le pessimisme clair-obscur de nos intelligences ! Ainsi retrouverons-nous – peut-être – la joie lumineuse des lâchers de ballons dans le ciel de nos enfances. Unidivers prépare à ses lecteurs de beaux, d’étranges, d’insoupçonnés ballons pour cette nouvelle année. Une manière de les remercier de leur soutien. Merci à vous tous. Et que vivent les vivants ! Et que croissent les voyants !
* Lettres du Voyant, Rimbaud