Invitation à voyager par Russell Banks. L’écrivain nord-américain publie, aux éditions Actes Sud, un recueil de récits autobiographiques consacrés à ses nombreuses péripéties. Son style embrasse toutes les facettes du voyage, à la fois géographiques, amoureuses, politiques et, surtout, littéraires. Parfait vade-mecum pour la saison estivale !

On pourrait à la fin se lasser de ces écrivains célèbres et vendeurs qui, à maturité, publient mémoires ou recueils de courts textes. Le recueil de Banks échappe à cet écueil. Précisément parce qu’il recueille un ensemble de textes thématiquement cohérent et stylistiquement fort. La moitié du livre est composé d’un seul long récit, intitulé Voyager, l’autre d’une myriade de courts textes analogues. Voyager est une rose des vents qui s’égrène dans les Caraïbes, en Europe, sur les sommets de l’Himalaya, dans les Andes et bien entendu, sur le continent nord-américain. Le titre original du recueil possède du reste un sous-titre : Travel Writings.

Clairement, Voyager s’inscrit dans la tradition américaine du récit de voyage. Du reste, Russell Banks conte sa jeunesse hippie à Chapel Hill. Ses voyages laissent souvent place à un récit enchâssé, celui des réminiscences, en somme : celui d’un autre voyage, qui s’appelle la vie. Ses quatre mariages prennent une grande place dans le recueil. Et le désir perpétuel de fuite. Russell Banks évite le cliché du récit de l’écrivain-voyageur. Toujours, il enregistre les ravages de la mondialisation sur l’idée même de voyage. Désenchanté, l’écrivain se fait aussi touriste. Amour, expériences limites, entretien avec Fidel Castro : l’invitation au voyage est surtout littéraire. Par l’écriture, Russell Banks éprouve une distanciation : il n’est pas Hemingway, et de toute manière, le monde et la littérature ont changé.
Voyager Russell Banks, éditions Actes Sud, collection Lettres anglo-américaines, juin 2017, 22,50 euros, 314 pages.
