La vie est faite de hasards et Yuriy Nezdoiminoga n’imaginait sans doute pas que la photographie tiendrait une place aussi grande dans sa vie alors qu’il se destinait à la danse. Une blessure fit passer ce simple hobby au rang de passion, mais sa sensibilité artistique reste égale.
Natif de Moscou, Yuriy Nezdoiminoga était un danseur professionnel spécialisé dans les danses latino-américaines durant 23 ans. Une blessure au genou mit fin à une prometteuse carrière. Mais d’autres idées germèrent et son vieil appareil argentique photo devint son bloc-note, une aide pour sortir de la dépression. Il ne se souvient pas de ses premières photos, mais son appareil ne le quittera plus. Il se lança dans des études de photographie dans l’une des meilleures écoles de Russie, l’école Alexandr Rodchenko, du nom d’un designer et photographe russe, fondateur du constructivisme. C’était l’ouverture vers un nouveau monde, une nouvelle vie.
Pour autant, Yuriy Nezdoiminoga ne se voit pas devenir photographe professionnel. Il préfère rester amateur avec juste l’espoir de continuer à vendre quelques clichés. Il veut surtout la liberté de choisir les sujets qui l’intéressent et qui lui apportent de la distraction. Admirateur du photographe russo-américain Elliott Erwitt, disciple de Robert Capa, il pratique le noir et blanc avec dextérité. Son appareil favori reste le Leica M doté d’objectifs Summilux, ce qui reste aussi dans la grande tradition de la photo russe qui a connu des appareils très similaires à la marque au point rouge. La danse reste évidemment dans ses thèmes de prédilection, mais il explore aussi le thème de l’enfance, de la mode, de l’amour.
Ses projets sont nombreux. Au gré de ses idées et pensées. Toujours passionné par le travail de l’argentique, il entend explorer les merveilles du développement et du tirage maison ; et pourquoi pas ouvrir un labo photo spécialisé… Mais le sujet de la danse est encore à parfaire pour montrer la dynamique du ballet dans les scènes de rue. Il s’agit de transmettre un moment, le pic du mouvement, sans en perdre le contenu. Qui sait où cela emmènera notre photographe moscovite ?…
Ses photos sont à découvrir à travers son « stream » sur Flickr ou encore sur le site 500px.
Didier Ackermann