Il y a quelques années, en passant devant l’ex-brasserie Saint-Hélier, Laurent humait l’odeur du houblon à en perdre la raison. Samedi 28 janvier et dimanche 29 janvier derniers, en y revenant, il est devenu à « Kro » des graffs.
A Rennes, on est toujours un brin nostalgique du passé. Beaucoup regrettent le vieux mur entourant l’ancienne brasserie et parsemé de graffs. « Un cochon était dessiné sur le bas-côté, » se souvient une automobiliste, un brin amusée. « En venant du pont Saint-Hélier, je voyais l’animal rose tous les jours. Inconsciemment, j’espérais qu’il ne soit pas recouvert, » ajoute-t-elle.
Un matin, la conductrice retrouve son porc fétiche, à moitié enseveli sous les traits d’un rappeur à grosses médailles. « Mais heureusement, il restait encore ses grandes oreilles et son regard vitreux ! » Notre ami le cochon tient le choc jusqu’au jour où des pelleteuses abattent le mur en mai 2011. « J’étais un peu triste, » confie-t-elle.
En mémoire du cochon et des graffs de l’éphémère
Samedi 28 et dimanche 29 janvier, des artistes ont redonné des couleurs à cet ancien haut lieu du « street art rennais ». A l’invitation de la Ville de Rennes, une dizaine d’entre eux ont réalisé en live une fresque de plus de 60 mètres de long, cette fois-ci sur une palissade de bois. On reconnaissait des graffeurs de l’ancien site. « Tout le monde était nostalgique du mur, » explique Ego, dans les colonnes d’Ouest-France, lundi 30 janvier 2012. « Maintenant, on revient sur place et on recommence. »
En complément, Raymond Boudet, ancien journaliste, propose une exposition photo, A l’ombre du mur. Une trentaine de clichés retrace les dernières années du site avant la destruction de son mur d’enceinte. Elle est visible dans l’ancienne halle d’embouteillage de la brasserie. Dommage que les graffs soient visibles uniquement à travers les grilles de protection…
La ville de Rennes, sous l’impulsion de son maire, Daniel Delaveau, privilégie le street art. Il n’est pas un chantier qui n’est pas sa palissade recouverte de graffs. Pour mémoire, on retiendra les noms de Bez, Chaos, Denzz, Ego, Moore, Persu, Poch, Renz, Smerf…
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Mur Dubonnet versus graffs
Que la ville de Rennes développe le Street art est une excellence chose pour la capitale bretonne et pour les graffeurs. Mais paradoxalement, elle est la première à souhaiter la disparition du Mur Dubonnet pour construire une station métro… D’où la question : Y aurait-il deux poids deux mesures dans le traitement de la culture ? L’interrogation est toujours sans réponse. En attendant une position, on se plaît à imaginer un coup de pub de nos graffeurs, en leur proposant dans le coin de l’oreille la réalisation d’un deuxième « Mur Dubonnet » dans le centre-ville. Mais on ne serait plus dans la simple commande…
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