Quentin Foureau est auteur et conteur. Sa voix s’élève et nous rapporte, comme un souvenir venu d’un temps passé, les contes et les mythes fondateurs d’ici et d’ailleurs. Le temps d’une soirée au bar Little Beetles de Rennes, il invite à découvrir son duo fondé avec le harpiste Simon Gauthier, Trouble Émeraude. Vendredi 29 août 2025, le centre ancien abritera les mystères de la vieille Irlande fantastique…
La destinée de Quentin Foureau en tant que conteur est une histoire de rencontres plus que de formation. Enfant peureux, avoue-t-il, il était fasciné par le fantastique. Mais quand l’enfant comprend le fantastique qui l’effraie, il s’en saisit. « La peur peut aussi être source de contentement dans la fiction, un chemin initiatique personnel », introduit-il. Son imaginaire s’est construit au fil des productions cinématographiques découvertes avec son père et des lectures fantastiques qu’il dévore, comme la collection « Chair de poule » ou les romans du maître de l’horreur Stephen King.

Cependant, avant l’oral vient l’écriture : il rédige ses premières nouvelles fantastiques/horreur au collège, continue au lycée et publie dans L’Effeuillée, le journal littéraire de l’université Rennes 2, quand il entame une licence de Lettres modernes. C’est par ce biais qu’il rencontre sa première éditrice, Barbara Cordier, des éditions Luciférines. Puis, sa vie prend un autre tournant pendant une convention de l’imaginaire à Lannion. La conteuse Sophie Pérès invite le public adulte à une séance nocturne de contes fantastiques sombres dans les caves des Ursulines, à la lumière de bougies… « J’ai senti que quelque chose avait changé. » Sa formation avec François Debas, en parallèle de ses études, lui confirme cet attrait pour le conte oral.
Bibliothécaire contractuel, Quentin Foureau devient conteur la nuit (et parfois le jour) dans les bars qui veulent bien l’accueillir. En 2020, il se lance dans l’intermittence du spectacle, après un confinement qui a fait office de tremplin pour lui : ses séances de contes en direct sur les réseaux sociaux lui ont en effet permis de se créer un réseau et un public.
Dans cette bulle fantastique suspendue qu’il crée à chaque événement, le public entend des histoires éprouvées par des siècles de parole. Sa voix s’élève au rythme des contes, légendes et mythes fondateurs – de Bretagne, mais aussi du monde – qu’il raconte comme un souvenir. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, s’il a besoin de faire beaucoup de recherches, Quentin Foureau écrit peu : « Je tiens à la spontanéité de l’oral et à l’impression que l’histoire s’invente devant le public. »
« Le conte n’est pas dans la bouche de l’auteur, dans l’oreille du public, il est partout autour. »
Quentin raconte un héritage narratif transmis et qui continuera de l’être, au son d’une voix : « Les contes portent en eux des moyens d’appréhender les épreuves de la vie de manière symbolique. Il y aura autant d’interprétations que de personnes dans le public. » À la morale parfois trop évidente des contes, il préfère le fond initiatique dont ils sont empreints, qui questionne les gens plutôt que donne des réponses. « Le mythe est différent : il explique le monde, la civilisation et la naissance de la société. On est dans la cosmogonie. »

Le conteur possède une affinité particulière pour le fantastique sombre, réservé au public adulte. Il aime la bestialité, l’hybridation et la monstruosité, qu’elle soit humaine ou animale. Ses histoires naissent souvent dans les souterrains des quatre coins du monde et sont peuplées de diables et de démons. Il a d’ailleurs créé le duo dark ambient/conte Cataèdes – néologisme pour « cata », les en bas, et les « aèdes », ces prêtres gardiens des mythes dans l’Antiquité grecque -, avec le musicien d’instruments traditionnels Dorminn. Dans une ambiance habitée de nappes sonores hypnotiques, le duo ouvre la porte des enfers immémoriaux et fait frissonner son public adulte aux sons et mots des contes mythologiques démoniaques du monde entier.
En ce moment, il aime aussi travailler sur l’hagiographie, les légendes de saints et de saintes de la religion chrétienne. Et en règle générale, il est touché par tout ce qui touche au surnaturel, sacré ou profane.
Les animaux et les forces de la nature peuplent quant à eux ses histoires destinées au jeune public, notamment sur des sociétés qu’ils ne connaissent pas, comme les contes estoniens. « Les enfants ont naturellement une attirance pour la nature et les forces élémentaires. »

Dans un autre genre, Quentin Foureau s’est associé au harpiste Simon Gauthier du groupe Lannog. Ce qui devait être une collaboration ponctuelle pour la bibliothèque de Saint-Brieuc est devenu un duo qui prend le nom de Trouble Émeraude, en référence à l’Irlande surnommée « l’Île Émeraude ». Dans une double narration – musicale et textuelle – qui s’entremêle, le public voyage au cœur des contes irlandais et rencontre des créatures plus sombres et moins connues que les leprechauns. Le prochain spectacle abordera quant à lui l’univers de la mythologie irlandaise.
Trouble Émeraude invite justement à découvrir son univers au bar Little Beetles de Rennes vendredi 29 août 2025 à 20h.
Autres dates :
Vendredi 5 septembre : Contes de Dyable-en-Tombes au Kleuzenn Mystiq, Rostrenen (22)
Vendredi 10 octobre : Trouble-Emeraude au Dimanche Bistrot, Rennes (35) dans le cadre du Warm’Up du Samaïn Fest 2025
Lundi 13 octobre : Trouble Emeraude, Rennes (35) au bar Babazula
Samedi 18 octobre : Trouble-Emeraude au Festival Seisach’, Sauveterre-en-Guyenne (33)
