Rennes. La dessinatrice Coline Colline ouvre la fenêtre sur son jardin animé au Thabor

Coline Colline archives Rennes Gayeulles
© Chevaux, hipprodrome des Gayeulles, rose. Coline Colline, 2023.

Coline Colline expose dans l’Orangerie du Thabor du 6 au 12 mai 2024. L’artiste a pour singularité d’utiliser des supports d’archives à ses dessins. Cartes marines et célestes, plans de jardins et cartes rennaises serviront de toiles de fond à des représentations de différents animaux en petits points dans un style de gravure.

La rédaction a rencontré Coline Colline lors de l’exposition Fenêtre sur jardin aux archives de Rennes durant la journée européenne du matrimoine et du patrimoine en septembre 2023. Elle était accompagnée de Violaine Tissier Le Néanon, responsable du pôle des publics des archives. Retour sur son travail et ses inspirations.

Coline Colline archives Rennes
Violaine Tissier Le Néanon et Coline Colline

C’est une rencontre entre Coline Colline, artiste dessinatrice, et Violaine Tissier Le Néanon, responsable du pôle des publics aux archives, qui mène à ce joli projet artistique exposé à l’occasion de la JEMP 2023. La dessinatrice utilise des fonds, des planches ou des cartes anciennes rééditées et numérisées, pour leur aspect esthétique, en base de ses créations : le lien avec les archives est évident. C’est l’occasion de créer une exposition originale, accessible à tous les publics et de valoriser un patrimoine rennais méconnu. Violaine Tissier Le Nénaon propose alors plusieurs cartes de jardins et parcs rennais à Coline, future toile à ses dessins animaliers.

L’accessibilité et l’inclusivité des publics est une des raisons qui a incité Violaine Tissier Le Nénaon à créer l’exposition en ligne en la valorisant autant que la version physique : « C’est aussi une façon de contextualiser les documents. Sans les plans originaux, l’aspect esthétique est présent, mais on passe à côté de certaines informations. » Les œuvres sont exposées par ordre chronologique : du XVIIe siècle à aujourd’hui. Les anciennes cartes dessinées à la main côtoient celles récentes et numériques.

L’exposition permet par exemple de découvrir des informations sur l’évolution de la nature dans Rennes depuis le XVIIe siècle, en particulier au parc du Thabor dont on retrouve plusieurs cartes décorées. « C’est intéressant de voir ce à quoi la ville aurait pu ressembler, les idées conservées et celles rejetées », affirme Violaine Tissier Le Nénaon. Avec minutie, Coline Colline donne une portée artistique à des documents à l’origine techniques. 

Coline Colline archives plan Thabor
© Chauves-souris, Parc du Thabor, cascade, bleu. Coline Colline 2023.

Les choix de la dessinatrice quant à l’animal sont spontanés, mais elle a néanmoins une éthique qui détermine certains choix artistiques. Elle ne travaille jamais sur des originaux : « La reproduction me permet de conserver l’intégrité du document. De plus, le papier est incertain, s’il est ancien, on ne sait pas comment il peut réagir à l’encre ou à l’aquarelle, ça me permet d’être libre du côté du dessin. » Si le document est toujours au cœur de sa démarche, la technique est précise et complexe, inspiré de la technique des gravures dans le but de perdre la personne devant les plans décorés. « J’aime l’idée qu’on ne sache pas trop comment s’est fait, qu’il y ait un mélange », ajoute Coline Colline. L’œil de chacun est attiré par différents aspects de la création selon la personne qui observe. Le choix de la gravure n’est pas purement esthétique pour la dessinatrice. « J’ai été automatiquement attirée par ce style, j’aime le fait que ce soit contraint par les outils et la technique », nous apprend-elle. « Je reproduis quelque chose de global en procédant par petits bouts, petits points et petits traits. J’aime prendre le temps sur chaque dessin. » Un procédé à la fois souple, car « un point est plus facilement rattrapable qu’un trait net », mais aussi irréversible, la technique faisant appel à l’encre de Chine. « Une fois qu’un point est fait, on ne peut plus le retirer. »

Coline Colline archives Rennes
© Fourmis, vue cavalière de Rennes, violet. Coline Colline, 2023.

Cette exposition, comme sur les trois précédentes de l’artiste, représente uniquement le Vivant. « C’est une question de goût principalement, mais c’est aussi lié à mon utilisation des fonds qui sont, soit des architectures, soit des tracés de paysages cartographiques. Cela permet un contrepoint plus intéressant. » Cette confrontation entre l’animé du Vivant et l’inanimé des plans lui plaît particulièrement. Elle retrouve des similitudes dans les tracés très graphiques de ses fonds et ceux des pelages ou des plumes. Un fait renforcé par le style de gravure et la précision de ses dessins.

  • Coline Colline archives Rennes
  • Coline Colline archives Le Mail Rennes

Autre que l’encre de Chine, la dessinatrice joue aussi avec l’aquarelle qui ajoute de la couleur aux dessins. Le choix de cette dernière est instinctif : clins d’œil aux plans des archives ou couleurs inspirées par l’espèce dessinée. Pour celle-ci, il s’agit « dun lien réel : un animal qu’on trouve aux endroits représentés dans le plan ou d’une affinité formelle entre le graphisme du plan et les traits de l’animal ». La seule contrainte qu’elle s’est donnée dans Fenêtre sur jardin est de représenter uniquement la faune rennaise, à une exception près : le tigre sur le plan du square du musée des Beaux Arts de Rennes. Aucun tigre ne se promène dans la capitale bretonne, mais un a bien élu domicile au musée, dans le tableau La Chasse au tigre de Pierre Paul Rubens. « Jutilise le plan comme un décor dans lequel l’animal et la couleur viennent se fondre. Ils s’adaptent à ce décor, mais je ne considère pas les proportions de manière réaliste. »

Des chevaux, des fourmis, des libellules, des abeilles, des poules ou un chat, uniquement des bêtes et insectes qui parleront à tous vous attendent aux Archives de Rennes, jusqu’à ce jeudi 21 septembre ou sur la version virtuelle. Coline Colline revient également à l’Orangerie du Thabor du 6 au 12 mai 2024, l’occasion de découvrir les plans du parc décorés dans les lieux concernés.

INFOS PRATIQUES

Orangerie du Thabor, Parc du Thabor – 4 rue de la Palestine

Exposition du 6 au 12 mai 2024

Horaires : du lundi au vendredi de 14h à 18h

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