Le romancier Caryl Férey, Rennais d’adoption, électron libre du polar à la française semblait une évidence en tant que parrain de la première édition de l’audacieux festival La Vilaine était en noir. C’est avec son projet Condor live en collaboration avec Bertrand Cantat qu’il couronnera trois jours de noires festivités.


Caryl Férey : Ma bande de potes vit en partie toujours à Rennes, ma famille, j’y passe mes vacances, oui c’est ma volonté de revenir par ici, le plus souvent possible.
U. : Comment avez-vous reçu ou perçu la naissance d’un nouveau festival des cultures polar, en particulier ici à Rennes, ville que vous connaissez bien ? Ce serait quoi votre définition de ces cultures ?
Caryl Férey : Franchement, ça manquait à une ville comme Rennes. C’est pourquoi j’ai tout de suite dit oui et ai proposé mon aide dans la mesure de mes moyens. Les polardeux sont comme les Bretons, des gens pas compliqués qui aiment faire la fête.
U. : Dans un entretien de 2008 vous disiez « Je ne donne pas cher de l’humain mais je cherche, justement, l’humanité dans mes personnages ». Est-ce toujours le cas ? Et ce postulat n’est-il pas étrange dans l’univers du polar qui semble plutôt généralement négatif et pessimiste ?

U. : Est-ce cette même recherche de l’humanité qui anime la fidélité que vous semblez avoir chevillé au corps ? Votre amour pour la musique des Clash se termine par un livre, celui pour la musique de Noir Désir par la mise en musique de Condor avec Bertrand Cantat ?
Caryl Férey : Oui, j’aime être fidèle à moi-même, la meilleure façon de « ne pas changer », dans le sens où on commence à se prendre pour quelqu’un d’important. L’amour c’est plus compliqué, mais l’amitié est la base d’échanges sans enjeux, une forme de liberté qui me va. Et puis quand on peut créer quelque chose ensemble c’est encore mieux, comme Condor Live. Sublime alchimie de tout ce(ux) que j’aime.
U. : Comment s’est-il mis en place, puis en œuvre ce projet ?

U. : Vous qui ne mettez pas de côté vos engagements politiques avez-vous suivi de près la manière dont la politique a dernièrement agité la ville de Rennes ? Avec, entre autres conséquences de déplacer le concert de Condor de la salle de la Cité vers le théâtre du Vieux Saint-Etienne ?
Caryl Férey : La Cité, c’est la salle mythique. Dommage, il y aura moins de gens à voir le spectacle, mais bon. Oui, j’ai suivi ce qui s’est passé à Rennes – et ailleurs. Contrairement à ce que nous impose le néolibéralisme, les gens ont envie d’être ensemble, je comprends qu’on doive parfois forcer les portes et mettre un peu le bordel étant donné qu’on ne nous écoute pas. Le capitalisme financier nous tue, ils le savent, on n’en veut plus mais ils font sans nous ; résultat Trump et compagnie. Juppé élu cassera un peu plus les services publics, le droit du travail etc. Pas un mot sur la nécessaire Europe à réformer (leur grand mot pourtant), la fiscalité pour arrêter de nous monter les uns contre les autres, l’Europe sociale, écologique. C’est fatiguant.
