Dimanches à Rennes, Anima (ex) Musica bestiaire utopique et musical

--> Pour recevoir chaque semaine par courriel les derniers articles relatifs à Rennes, cliquez ici

Amis entomophobes ne sortez pas la bombe insecticide ou la tapette à mouches. Les bébêtes géantes conçues par le collectif Tout reste à faire et exposées à l’Écomusée du pays de Rennes pourraient bien par leur poésie unique vous réconcilier avec nos amis à six pattes et antennes… (lesquels représentent plus des deux tiers des organismes vivants).

anima (ex) musicaAnima (ex) Musica est en effet un projet aussi singulier qu’étonnant. Pour une fois voici bien un concept pour lequel le terme de transdisciplinaire (voire trans-genre si nous osions) n’est pas usurpé. Entre visions poétiques et sculptures animées imaginaires Mathieu Desailly et ses acolytes Vincent Gadras et David Chalmin nous entraînent sur des chemins à la croisée des sciences naturelles et d’un onirisme surréaliste qui fleure bon la joie des étonnements enfantins.

Les créatures d’Anima (ex) Musica tiennent autant du mécano et du délire bricolo à la Géo Trouvetou que de la précision obsessionnelle des scientifiques totalement absorbés par leur matière. La réalisation de la rêverie utopique doit en passer par les exigences de la matière, de la mécanique, mais aussi défier certaines résistances humaines, très humaines. Pas simple en effet de passer outre l’aspect monétaire ou émotionnel de l’instrument de musique. L’aspect sacré que nous lui conférons. Pas évident non plus, et Mathieu Desailly en parle avec autant d’enthousiasme que de respect, d’amener l’instrument lui-même à accepter de sortir de sa fonction pour devenir autre chose, pour continuer à exister sous une autre forme. Car c’est bien de cela qu’il s’agit… (et, au-delà du simple recyclage à la mode  cette perspective n’est pas sans rapport avec l’approche philosophique humaniste de la technique et des objets de Gilbert Simondon).

mathieu desaillyDepuis trois ans, au sein du collectif Tout reste à faire, Mathieu Desailly (fondateur du Jardin graphique, décorateur cinéma, théâtre, graphiste), Vincent Gadras (décorateur théâtre, scénographe, inventeur) et David Chalmin (compositeur, ingénieur du son, producteur) se sont lancés dans le pari un peu fou de donner corps, pour les instruments de musique usés, à la théorie de la métempsychose, le passage métamorphique d’une âme dans un autre corps, sur un autre plan… Simple ? Simpliste ? En apparence seulement, car l’exigence des trois créateurs est grande. Leurs subtiles bestioles articulées conçues à partir d’instruments morts, aphones, désarticulés  ou simplement délaissés, doivent être animées, pourvues d’une âme et retrouver une voix (notons en passant que l’on parle bien, techniquement, d’âme pour certaines pièces d’instruments). Certes, mais ces insolites artistes bricoleurs veulent aussi respecter le vivant et ne pas faire insulte à l’harmonie naturelle de leurs modèles arthropodes.

anima ex musicaC’est cette attention tout à la fois enchanteresse et rigoureuse qu’il nous est offert de découvrir grâce à l’implication de l’Ecomusée du Pays de Rennes et des Tombées de la Nuit, partenaires au sein des Dimanches à Rennes. De découvrir et de partager puisque jusqu’au dimanche 10 avril il est possible, en plus de contempler la très belle exposition des insectes objets  (ou l’inverse ?), de voir (sinon d’admirer) les artistes-mécanos en action. De partager leurs trouvailles, leurs déceptions, leurs enthousiasmes (vraiment énergisants et communicatifs) dans l’atelier ouvert à l’occasion pour la construction métamorphique d’une nouvelle créature…

anima (ex) musicaEn parfaite adéquation avec l’environnement si agréable de l’Écomusée, cette proposition onirico-scientifique mérite vraiment le détour !

À noter : les préventions sont grandes quand il s’agit de céder un instrument de musique en sachant qu’il sera démonté, malmené, transformé… Si le collectif Tout reste à faire reçoit l’aide de certains conservatoires (qui ont su saisir la portée symbolique, éducative, voire écologique du projet — ici en l’occurrence ceux de Rennes et de Fougères) la majeure partie des instruments en fin de vie sont achetés à Emmaüs ou sur des sites de ventes en ligne… Vous pouvez vous aussi offrir une seconde et très belle vie à vos instruments en en faisant don sur le site Tout reste à faire.

 

ANIMA (EX) MUSICA, Bestiaire utopique, Écomusée du Pays de Rennes

Exposition du 3 au 30 avril 2016/Performance du 3 au 10 avril 2016

le bestiaire utopiqueDans le cadre de l’exposition Oberthür, imprimeurs à Rennes et de la passion entomologiste de cette famille qui avait réuni l’une des plus belles collections d’insectes d’Europe, l’Écomusée du Pays de Rennes en partenariat avec les Tombées de la Nuit accueille l’exposition Anima (ex) Musica – Bestiaire utopique, jusqu’au 30 avril 2016. Le projet Anima (ex) Musica qui rassemble trois membres du collectif « Tout reste à faire » vise à redonner vie à des instruments de musique hors d’usage en inventant d’étranges et magnifiques créatures animées et sonores…

 

 

Article précédentGiedRé, entrevue entre rose, bonbon et caca
Article suivantDominique Jégou, Charles Pennequin, Olivier Sens, Accumulations à Sarzeau

--> Rennais, pour recevoir chaque semaine par courriel nos derniers articles, cliquez ici

Thierry Jolif
La culture est une guerre contre le nivellement universel que représente la mort (P. Florensky) Journaliste, essayiste, musicien, a entre autres collaboré avec Alan Stivell à l'ouvrage "Sur la route des plus belles légendes celtes" (Arthaud, 2013) thierry.jolif [@] unidivers .fr

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici