Rennes. Coup d’œil sur la 12e édition du festival Oodaaq

Le festival Oodaaq revient pour une 12e édition du 11 au 20 mai 2023. À l’image de l’île à la dérive dont le festival et l’association organisatrice portent le nom, Oodaaq est de ces ovnis rennais particulièrement appréciés à la rédaction. À travers une programmation de qualité, l’association l’Oeil d’Oodaaq s’attarde cette année sur la pratique artistique en tant que miroir des enjeux politiques et sociaux de notre époque. Prêts à se confronter aux images de notre monde ?

Depuis ses débuts en 2011, le festival Oodaaq explore la création artistique, particulièrement sous l’œil des arts vidéo et numérique. Le centre-ville de Rennes battra une nouvelle fois au rythme des nouvelles images du festival. L’Hôtel Pasteur, la Capsule galerie et le Jeu de paume seront les écrins des propositions artistiques de la douzième édition, présentée du 11 au 20 mai 2023. 22 artistes vidéo, nationaux et internationaux, sont invités à investir ces trois lieux rennais afin de donner à voir, chacun à leur manière, la place des images dans l’art contemporain et dans les enjeux politiques, écologiques et sociaux contemporains.

oodaaq rennes 2023

Présentée à l’Hôtel Pasteur, l’exposition Au loin le reflet du vacarme donnera le ton. Tant poétique que lourde de sens, elle révélera comment les images interrogent les rapports de pouvoir qui régissent notre monde et se font vecteur des luttes sociales, écologiques et féministes qui le traversent. Des sujets dont s’emparent les artistes pour créer un propos tant artistique que politique, parfois avec humour, fantaisie ou poésie.

Chaque pratique prend sa source dans des problématiques actuelles (urgence écologique, précarité sociale, rapport au vivant autre qu’humain, orientation sexuelle ou de genre, violences sexistes et sexuelles, place de la technologie) et sera révélatrice de l’engagement de l’artiste. « Chaque œuvre préserve néanmoins une forme de distance, par l’écart poétique propre à la création artistique, le décalage temporel du récit dans un futur indéfini ou la protection rassurante de l’écran entre l’image et les spectateur·ices », lit-on dans le communiqué de presse. Le public déambulera dans ce monde, reflet artistique d’un futur proche, entre réalité et fiction. Propagateur d’un monde changeant, l’écran créera également une distance avec la dure réalité des sujets abordés, un filet de sécurité qui permet la contemplation sans susciter l’angoisse de ce qui arrive peut-être…

Parmi la sélection d’œuvres, la production de science-fiction Le Vernis des pare-chocs compose des forêts d’eau de Sacha Rey aux entrées multiples. Dans ce monde post-apocalyptique filmé sont abordées les thématiques de l’orientation sexuelle ou de genre, l’urgence écologique et les inégalités sociales. Pendant 23 minutes, le public suivra l’histoire de Gaël·le, une personne non-binaire qui se remémore sa vie passée aux côtés de Martine, sa compagne. Gaël·le fait partie des personnes disposant des moyens économiques pour déménager continuellement afin d’échapper aux diverses catastrophes naturelles et pandémiques. Martine appartient quant à elle à l’autre partie de la population, celle qui ne peut s’enfuir à chaque catastrophe… 

Sacha rey oodaaq
Le vernis des pare-chocs compose des forêts d’eau – Sacha Rey (FR) – 2021-2023 – 23’ © ADAGP, Paris

Après cette promenade poétique au cœur de l’actualité, le public sera invité à des performances organisées au Jeu de Paume les vendredi 12 et samedi 13 mai, et exutoires collectifs. Notion que l’on retrouvera d’ailleurs dans la performance chorégraphiée La Grande folie de Johanna Rocard, incarnée par Nina Berclaz (vendredi 12 mai, 19 h). Depuis plusieurs années, Johanna Rocard s’intéresse particulièrement aux gestes et rituels qui lient les groupes humains en temps de crise. Elle s’inspire cette fois de l’épidémie dansante qui eut lieu en 1518 à Strasbourg, dont l’auteur Jean Teulé s’inspira d’ailleurs pour son roman Entrez dans la danse. « On dit que tout commença par une femme des quartiers, Frau Troffea (…). Elle se mit à danser pour ne plus s’arrêter, suivie par d’autres femmes. Elles dansèrent jour et nuit, jusqu’à tomber d’épuisement. (…) Beaucoup dansèrent jusqu’à la mort. » (extrait du texte de la performance). Dans le travail de Johanna Rocard, chaque action se veut apotropaïque, terme grec qui vise à conjurer le mauvais sort et à détourner les influences maléfiques.

  • Johanna Rocard oodaaq
  • Alessandra Arno oodaaq
  • festival Oodaaq rennes,

Le festival cherchera également à aller à la rencontre de tous les publics en projetant des vidéos dans la vitrine de la Capsule Galerie, visible depuis l’espace public.

Dans la continuité de ces réflexions, deux cartes blanches ont été données aux structures partenaires d’Instants Vidéo (Marseille) et du GIV (Montréal), consacrées à des créations vidéo féministes et/ou réalisées par des femmes et minorités de genre. La conférence de la chercheuse Alessandra Arnò, cofondatrice de la plateforme Visual Container autour de la création vidéo féministe, apportera un point de vue théorique sur ce thème (samedi 13 à l’Hôtel Pasteur). Présentant son projet de recherche MEDITERRANEA, qui vise à définir les spécificités liées au genre dans la création d’art vidéo dans la région d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, elle concentrera son propos sur la représentation des mouvements féministes de ces deux géographies au sein de la production d’art vidéo de la région.

Autres temps festifs à ne pas manquer, les concerts. Parmi eux, le projet MÅNGATA (vendredi 12 mai, 21h15). La création réunit trois artistes, trois disciplines : Annaëlle pour la danse improvisée, Jim au Vjing et la productrice de musique électronique Morgann aka Midnight Totem. Dans cette fusion de trois univers artistiques distincts, MÅNGATA conjure l’imagination du public en les immergeant dans une performance live audiovisuel dans laquelle le corps de la danseuse évolue dans l’improvisation. Sur des sonorités électroniques, à la frontière entre le melodic, la techno et l’expérimental, le corps se meut sur scène, entre présence et disparition, unité et dissociation d’un corps dont les mouvements se font l’écho de la musique et des images projetées.

Un seul conseil : découvrez l’intégralité de la programmation et laissez-vous porter par les images…

Liste des artistes programmés :

  • oodaaq rennes
  • oodaaq rennes

Découvrez prochainement la programmation complète du festival Oodaaq

Article précédentLe Chant des Asturies, une histoire dessinée par Alfonso Zapico
Article suivantBD. Les Parents de haut vol de Marion et Paul Sanze, vol au dessus d’une famille de TDAHP

--> Rennais, pour recevoir chaque semaine par courriel nos derniers articles, cliquez ici

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici