Du vendredi 21 au dimanche 23 juin 2019 se tenait la 15e édition du Hellfest à Clisson (Loire-Atlantique) qui a encore toutes ses promesses avec ses bonnes mais aussi ses mauvaises surprises. Retour en cinq points sur de potentielles sources d’inspiration pour les autres festivals qui arrivent cet été.
Sa gestion des groupes stars
Tremblement de terre magnitude 4,9 à Clisson (Loire-Atlantique) au Hellfest le vendredi 21 juin 2019. Manowar, tête d’affiche très attendue annule sa venue à quelques heures du début de son concert. Médusés, les fans n’en reviennent pas. « Nous sommes venus de Nice presque juste pour eux », explique très déçue Céline. « Je suis dégoûtée. Je veux même pas en parler ».
Elle se consolera (ou pas) avec Sabaton qui a remplacé le groupe au pied levé malgré son concert la veille au Knotfest, sorte de festival d’ouverture le jeudi. Le chanteur, Joakim Broden, tente alors d’expliquer son problème de voix avant de laisser le chant à ses guitaristes. « C’est le concert du n’importe quoi », explique-t-il.
Ben Barbaud, organisateur du Hellfest ne peut expliquer réellement le désistement de dernière minute de Manowar. (Un cachet plus important aurait été proposé par le Download Festival en mai 2020, obligeant le Hellfest à revoir son contrat. Ce que ses derniers ont refusé. Une procédure en justice pourrait avoir lieu dans les prochains jours). Heureusement, la proposition de Sabaton de remplacer Manowar a été bienvenue.
Ce fut un des seuls couacs du festival. Le reste des groupes stars comme Slayer, Kiss, Tool ou les ZZ Top ont parfaitement accompli leur tâche pour combler les fans. Mais attention aux prochains désistements de ce genre. Surtout si un autre festival rentre en ligne de mire…
Évidemment les autres festivals ne doivent pas s’inspirer des fréquentes annulations du Hellfest, mais plutôt dans sa capacité à négocier les contrats, les venues et à fidéliser ces groupes stars. (Slayer venait pour la sixième fois). Cette fidélité permet à des groupes comme Sabaton de proposer un remplacement au dernier moment, malgré des conditions de préparation catastrophiques, et d’assurer pour autant un show de grande qualité.
Sa programmation française
De nombreux fans sont prêts à dépenser beaucoup d’argent pour voir leurs idoles (215€ les trois jours, 69€ un jour) car le Hellfest propose une line-up très fournie et intéressante. Des groupes jeunes et émergents en France, des groupes plus connus venus présenter de nouveaux albums et surtout une belle scène française organisée vendredi sur la Mainstage 2 saluée par le public et les artistes.
Au programme : Ultra Vomit, Dagota, Mass Hysteria et bien sûr les très attendus Gojira pour clore le tout. Ben Barbaud pense que cette scène française « peut être l’avenir du festival et de la scène métal et hardrock ».
« Kiss et Slayer ont fait leur dernière date en France. On arrive à un changement d’ère. La France n’a pas à rougir. Le but c’est qu’ils soient la tête d’affiche d’autres festivals à l’avenir ».
Un « bazar organisé »
Dans ce très grand espace, 180.000 festivaliers ont été accueillis en plus des 37.000 au Knotfest jeudi soir. Alors forcément pour parler de l’ambiance à l’heure où l’on écrit ces lignes, on devrait parler de cette affaire de viol qui ébranle le festival depuis son dernier concert. Un grand appel à témoins avait été lancé sur Facebook puis relayé ainsi sur Twitter :
On pourrait insinuer que, malgré de nombreuses campagnes contre le harcèlement sexuel, les comportements en festival, peu importe lequel, ne changent pas. Et continuer en disant que la sécurité du Hellfest était trop faible. Que les gens autour n’ont rien fait. Insister sur la (trop ?) grande réserve de la réponse du Hellfest :
Mais on va se contenter de résumer simplement (et bêtement) l’histoire en espérant que la plus grande lumière soit mise sur cette affaire. C’est bien dommage, car tout cela ne fait que ternir l’image d’un festival pourtant agréable à vivre car très bienveillant. En témoigne d’ailleurs la grande mobilisation des réseaux sociaux pour la festivalière en question.
Revenons à l’ambiance des trois jours. Ce festival est cher. Donc cela exclut les faibles revenus comme les étudiants ou les adolescents. Ce qui signifie plusieurs choses : tout d’abord une population de « vrais fans ». La guerre aux touristes a souvent été lancée afin de garder cet esprit métalleux bienveillant qui anime le festival depuis 14 ans maintenant. Mais aussi un public plus adulte et plus mature. Il suffit de voir l’affiche pour se rendre compte que les artistes en tête d’affiche (Kiss, ZZ Top, Lynyrd Skynyrd…) ne sont pas tout jeunes.
Pour se rendre compte de cette ambiance très particulière, voici une excellente vidéo en deux parties sur l’histoire du Hellfest :
Les combats de caddies
Pour donner un exemple de ce « bordel organisé », parlons des combats de caddies, moment immanquable du camping. Quatre festivaliers, un pousseur et un combattant dans le caddie, s’affrontent dans un chariot chacun. Le but : faire tomber son adversaire. À priori dangereux, c’est un festivalier qui arbitre et qui fixe des règles simples mais strictes. Au final, pas de blessé, une bonne ambiance et un bon souvenir. Ce combat de caddies représentait parfaitement l’esprit du festival.
Il suffit aussi d’être au cœur des pogos pour observer les festivaliers s’aider entre eux en cas de chute.
La propreté et les décors
Le gros budget du festival permet d’avoir des décors absolument somptueux. Trop somptueux selon certains puisqu’il attire énormément de monde et pas que des fans. On ne comptait plus les « poses Instagram » devant les décors. On en revient toujours à cette gué-guerre touristes vs vrais fans.
Mais que c’est beau. Le château, les effets pyrotechniques, le métal corner (le village des partenaires), la statue de Lemmy, chanteur de Motörhead décédé en 2015… un vrai voyage en enfer au cœur de la campagne de Clisson.
Et tout est propre. En se baladant dans le camping le dimanche soir, les détritus étaient présents certes, mais pas comme ci 25.000 festivaliers venaient d’y camper. Et sur ce point, pas besoin de gros budgets juste de bonnes idées : la distribution de sacs pour trier, un centre de tri dans le festival et de très larges poubelles. C’est un petit détail, mais rien ne traînait autour. Coup de chapeau aux bénévoles qui parcouraient dans la chaleur le festival en large et en travers pour garder le site propre.
La restauration
Et à propos des bénévoles, restons avec eux dans les stands de restauration. Il y avait beaucoup beaucoup beaucoup de choix pour un festival. Homard-frites, Spaghettis, Huîtres, Charcuterie (et son fameux sandwich « viandard » lardon, bacon, steak, jambon, coppa), tartiflette, galette, raclette, pizza et on en oublie encore…Le tout dans deux espaces restaurations très bien faits.
Une grande diversité qui a fait son effet. « On s’est fait dévaliser », raconte Nicolas, restaurateur dans un camion à burger. « À 22h on n’avait plus de steak. Mais les festivaliers ont été très compréhensifs et se sont rabattus sur le végan qui a très bien marché ». Ben Barbaud s’en réjouit. Car un de ces espaces de restauration était nouveau. Les festivaliers ont eux aussi apprécié si l’on en croit les premiers retours.
Quant au record de 800.000 litres de bières bues annoncé un peu partout ? Il est un peu biaisé, car l’exceptionnel quatrième jour est inclus. Reste à savoir s’il a été battu sur trois jours et s’il peut être battu. Réponse l’an prochain pour le quinzième Hellfest 19, 20 et 21 juin.
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