Court Métrange. L’expo Humain à désactiver prend vie à la galerie Drama

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Humain à désactiver est à la nouvelle exposition collective du festival Court Métrange, visible du 23 septembre au 2 octobre 2022 à la galerie Drama. Pour cette aventure artistique dans un nouvel espace, Court Métrange invite six artistes à exposer leur vision du futur tout en questionnant le devenir des corps humains, notamment avec l’évolution de la technologie.

La dix-huitième édition du festival Court Métrange s’offre un nouveau partenaire pour sa traditionnelle exposition. Le bal des humanoïdes se déroule cette année à la galerie Drama, 16 mail Louise Bourgeoise, dans une volonté de sortir du centre-ville et de toucher un plus grand public.

Du 23 septembre au 2 octobre 2022, c’est entre ces murs encore jeunes, l’ouverture datant de février 2022, que six artistes, confirmés ou émergents, livrent dans une expérience robotique inédite leur vision de la science-fiction. Au programme : le transhumanisme, les robots et les cyborgs. « Le robot fait peur parce qu’il touche à ce qui fait de nous des êtres humains, des êtres spéciaux dans l’univers. Ce sont des concepts dérangeants qu’on a eu envie de prolonger dans une exposition », déclare Suzon, bénévole dans l’équipe en charge de l’exposition.

Cette année encore, Court Métrange fait la part belle à la création française, quatre sont du cru – Xavier Lissilour, Ninos, Dofresh et Denis Berger -, Armand Bouveret, lui, vient de Tours et Jessy Deshais de Montreuil.

court métrange expo

Installé confortablement sur son siège 100 % récupération, le personnage, quelque peu défraîchi par la société, de l’artiste Ninos accueille le spectateur. « Le récup’art est vraiment un art qu’on aime à Court Métrange. Se dire qu’on peut transformer des déchets en de belles œuvres d’art, c’est un message fort », souligne t-elle. « Puis il y a sa filiation avec l’histoire de l’art. C’est un peu un enfant de l’arte povera en Italie. Après la guerre, quand il n’y avait plus assez de matériel pour acheter de la peinture, les artistes peignaient avec du sable ou de la terre. » Vissé sur son siège, nimbé de sucre transformé et incapable de sortir du monde virtuel par les réseaux sociaux et les plateformes de streaming, l’humain quasi désactivé est une métaphore pour parler de l’esclavagisme de l’addiction : l’alcool, la drogue, mais également les réseaux sociaux, les séries, etc. Son compagnon cyborg attend votre passage à détour d’une cimaise.

« À l’inverse du robot qui est entièrement conçu à partir de pièces mécaniques, un cyborg est un humain à qui on greffe des éléments mécaniques par choix ou par nécessité. »

Suzon, bénévole dans l’équipe en charge de l’exposition.

Les pistes entre l’abstraction et la figuration sont quant à elle brouillées dans l’œuvre du Rennais Denis Berger. « J’ai une attirance pour ce qui touche aux catastrophes et à l’effondrement, même si ce terme est peut-être trop à la mode aujourd’hui pour être utilisé de cette manière », dit-il. La première série de dessins, faite au fusain, est faite de mouvements, d’abord abstraits. Des tâches concentrées et des lignes font naître une forme. Puis, en se rapprochant, des corps mouvants figés, quasi dansants pour certains, se dessinent. « Je suis partie des ombres d’Hiroshima. Ce sont les ombres qui ont été projetées sur l’environnement, qui sont dues aux flashs de la bombe, avant d’êtres pulvérisés. »

Dans son travail, l’artiste prend le contre pied du transhumanisme que l’on connaît, celui qui est utilisé pour augmenter l’humain, dépasser la nature et la disparition par des choses artificielles, pour préférer l’idée selon laquelle le robot et le transhumain créent également des déchets, des empreintes. « Ce sont aussi des objets qui peuvent passer du vivant ou du mobile à l’inerte, et donc à une forme de mort. »

Comme une réponse à son propos, sa série « Résilience » invite à observer de petites formes poétiques qui semblent émerger au centre de la feuille vierge, comme une renaissance. « La résilience est la capacité d’un environnement à reprendre ses droits après une agressions extérieure. » Ici, l’objet robot ou artificiel devient ruine et un support au développement d’une forme plus poétique, naturelle. Qu’on les observe dans un ensemble ou au plus prés, les formes de Denis Berger vivent, sans être emprisonnées, à l’intérieur de cet espace vierge. Le spectateur entre dans le dessin au fur et a mesure qu’il s’approche et décèle les détails qui constellent la forme.  

Seul artiste femme exposée, la robotique n’étant hélas pas un milieu très féminin, Jessie Deshais prend comme base sa pratique du livre creusé. Elle en livre une représentation au lavis d’une case issues d’une bande dessinée érotique. Cette œuvre, « très forte émotionnellement », semble un appel à plonger de la tête de la figure féminine, qui rappelle à certains égards celles colorées de Liechtenstein. La profondeur appelle à contempler l’intérieur par les yeux de cette dernière pour y comprendre les mécanismes de l’être humain, comme ceux d’un robot.

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Premier plan : Armand Bouveret ; deuxième plan : Niinos

Fan d’Asimov, Armand Bouveret, auteur de l’affiche de l’exposition, imagine quant à lui un monde dystopique dans lequel l’être humain aurait fusionné avec la machine… Une potentielle réalité perturbante qui le sera encore plus quand vous en saurez plus le discours. « Il s’est demandé comment en tant qu’espèce humaine nous évoluerions avec les technologies. » 

L’artiste crée un monde en s’interrogeant sur les pratiques qui survivraient dans le monde du futur. « Dans L’Ouvrier agricole, l’air serait devenu tellement irrespirable qu’on aurait besoin de la technologie pour continuer à cultiver la terre. » Dans cette communion humain-machine, le public rencontrera également le dévot « qui n’aura plus à s’inquiéter de ses besoin terrestres puisqu’il est nourri par la machine » et la mère nourricière, « une des interprétations de Diane nourricière dans la mythologie ». Au delà des références à la science-fiction, se lisent aussi des  civilisations anciennes, à l’instar du travail de Dofresh.

Si le travail de cet illustrateur et concepteur graphique vous dit quelque chose, c’est peut-être car il a travaillé sur l’animation des paysages de l’épisode 4 de la saison 2 de la série Love, death & robots

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Dofresh invite à une vision poétique, quasi idéalisée, d’un monde en cohabitation avec les robots. Contrairement à ce que l’on a pour habitude de voir, dans la littérature ou le cinéma, les robots ne sont pas esclaves. Ils évoluent au même titre que les humains. « C’est intéressant, car ça fait le parallèle avec les récentes recherches autour de l’éthique du robot. La Corée du Sud avait commencé à réfléchir à une charte éthique, notamment sur l’idée qu’on ne puisse pas désactiver un robot ou le casser volontairement. » Parmi les illustrations affichées, un petit clin d’œil à la Bretagne vous attend. Saurez-vous le trouver ?

L’exposition se termine sur le travail de Xavier Lissilour, une série dans laquelle l’espèce humaine a disparu. La série « Paysages 3410 » imagine une Terre où la nature qui a repris ses droits. La nature fleurit sur ces feuilles blanches et semble reprendre son souffle une fois les humains désactivés…

Du samedi 24 septembre au samedi 1er octobre 2022

De 14h30 à 19h

Galerie Drama, 16 Mail Louise Bourgeois, brasserie Saint-Hélier, 35 000 Rennes

Retrouvez toute la programmation du festival Court Métrange

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