L’île des chasseurs d’oiseaux de Peter May, les îles Hébrides sur fond de noir

Le printemps pointe timidement dans le ciel breton. Envie de dépaysement et de voyage, le tout saupoudré d’une enquête policière qui fait remonter la vie de toute une île ? Venez découvrir ou redécouvrir la trilogie de Lewis avec L’île des chasseurs d’oiseaux.

 L’île des chasseurs d’oiseaux de l’écossais Peter May fut initialement publié cher Rouergue puis repris dans la collection Babel Noir chez Actes Sud. Un auteur écossais à qui l’on doit une série de polars dépaysante, dite de la série chinoise, chez les mêmes éditeurs. Premier tome d’une trilogie centrée sur les îles Hébrides, il est l’occasion de brosser une carte postale historique et géographique de ces îles septentrionales et de ses habitants.

 9782330001339Fin MacLeod est un policier de Glasgow en deuil après la mort de son fils. Désabusé et arrivé à un point de rupture autant dans sa vie conjugale que professionnelle, il se voit confier une enquête pour un meurtre sur l’île de Lewis. Le mode opératoire de ce dernier ressemble, selon le logiciel HOLMES, à une vieille enquête sur lequel il a travaillé quelques années avant. En outre, son supérieur l’envoie également dans l’archipel des Hébrides il en est originaire. C’est donc une double mission pour Fin MacLeod : enquêter sur cette île et renouer avec son passé.

Mais que sont les îles Hébrides ? Situées aux confins septentrionaux de l’Écosse, dernières terres avant le Grand Nord scandinave et riche d’une histoire quelque peu oubliée, elles servent de décor et de huis clos au roman qui petit à petit commencera à se tisser au fil des pages.

Une narration double s’instaure : l’enquête factuelle au moment présent et le récit personnel de l’enquêteur rapporté à son passé. L’intrigue policière bien que haletante n’est ici qu’un prétexte. Un biais pour atteindre un but tout autre. Parler de l’isolement de manière aussi bien littéral que symbolique.

 L’isolement d’un homme en plein deuil et en pleine reconstruction qui retourne sur une île qu’il a quittée dans de mystérieuses conditions en laissant derrière lui peu d’attaches, son amour d’enfance et sa bande d’amis. C’est l’occasion de dresser le panorama d’une société qui avance dans le temps et les modes. Les indices se coupent et se recoupent en même temps que les souvenirs de Fin MacLeod se retrouvent inextricablement liés dans des paysages d’une beauté parfois sordide et venteuse.

Bien que les paysages que Peter May décrit avec un style ciselé retranscrivent avec talent une île aux accents bucoliques, c’est pourtant un climat rude et éloigné de tout qui est dépeint. Un climat de misère sociale des insulaires qui assistent au dépeuplement de leur île. Une fois passée la chance de trouver un travail sur l’île, il ne reste plus que le départ pour le continent vers Édimbourg ou Glasgow. Ce que fit notre héros.

L’île des chasseurs d’oiseau, c’est le retour vers un passé oublier entre clivages religieux catholiques-protestants, langues anglaise-gaélique et une scène du premier jour d’école du jeune Finn qui souligne combien sont importantes la couronne et la langue tout autant que les rites de passage tels la chasse des Gugas qui a lieu une fois par an.

 Entre fresque historique et enquête policière rondement menée, le pari du roman réussit là où peut-être le lectorat du genre ne l’attend pas : non pas dans une enquête à mystère à la mode des Agatha Christie ou autres romans de détective, mais dans la fresque sociale d’une Écosse rurale et insulaire avec des personnages rudes et attachants. L’île des chasseurs d’oiseaux nous offre un dépaysement noir.

L’île des chasseurs d’oiseaux, Peter May, Babel Noir, nov. 2011, 10€

Chargé de l’enquête sur un assassinat commis à Edimburg, Fin MacLeod est envoyé sur son île natale de Lewis, en Ecosse, quand un second cadavre apparemment exécuté selon le même modus operandi y est découvert. Persuadé que les deux affaires ne sont pas liées, Fin doit composer avec un décor et des gens qu’il a quittés dix-huit ans auparavant… Sur fond de traditions ancestrales d’une cruauté absolue, Peter May compose un roman palpitant parsemé de fausses pistes, de scènes glaçantes et de personnages aussi frustes que menaçants.
Écrivain écossais, Peter May habite depuis une dizaine d’années dans le Lot Il a d’abord été journaliste avant de devenir l’un des plus brillants et prolifiques scénaristes de la télévision écossaise. Il y a quelques années, Peter May a décidé de quitter le monde de la télévision pour se consacrer à l’écriture de ses romans. Au Rouergue, six d’entre eux ont déjà été traduits, dans sa série chinoise : Meurtres à Pékin (2005, finaliste du Prix des lectrices de Elle,), Le Quatrième sacrifice (2006), Les Disparues de Shanghaï (2006), Cadavres chinois à Houston (2007, prix Intramuros 2007 du salon Polar & Co de Cognac), Jeux mortels à Pékin (2007) et L’Éventreur de Pékin (2008).
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