Les illuminations de Noël sur la façade de la mairie ont été jugées par beaucoup trop politisées. En ces temps de festivités, les Rennais auraient préféré un conte plus approprié. Cela aurait dû être le cas… Unidivers revient sur la chronique d’un ratage annoncé. En espérant qu’il ne s’en profile pas un autre.
Le spectacle était destiné à rencontrer son public, comme en 2010, en 2009, en 2008… Mais patatras… à cause d’un malheureux concours de circonstances, il a provoqué un vif émoi chez une majorité de la population rennaise. Comment en est-on arrivé là ? D’après nos informations glanées ici où là, le grand manitou aurait fait cette année une totale confiance à son directeur artistique, Franck Marty. « Je te donne carte blanche, » lui aurait-il dit.
Fort de ce soutien, l’apprenti artiste ou apprenti sorcier a-t-il trop forcé sur les clichés politiques ? A-t-il vraiment mesuré l’impact de sa création ? En homme responsable et patron, le responsable a le mérite de soutenir son employé dans les colonnes du journal Ouest-France. « Nous ne sommes pas dans le monde de Bisounours ». Mais on sent tout de même poindre chez lui un brin d’amertume : « J’enlèverais bien quelques paroles dont l’histoire peut se passer. Traditionnellement, nous préférons l’allusion au discours trop démonstratif. Ce le est une création fragile et complexe. Nous le l’avons que très peu répété. »
Dans le quotidien régional, le directeur du spectacle avoue des négligences de la part de sa compagnie. « Notre erreur est d’avoir négligé le fait que nous sommes en période préélectorale. » Sans être dure à l’égard de son porteur de projet, la charge n’en reste pas moins lourde de sens. Elle met en exergue un conflit interne, voire peut-être un dysfonctionnement au sein de la compagnie rennaise. Il devait être bien compliqué pour la société spécialisée dans la projection d’images de faire marche arrière au moment où son directeur a enfin visionné un projet déjà bien avancé…
En revanche, on a du mal à comprendre comment la mairie a pu valider un tel spectacle ? Tout homme politique un tant soit peu sensé et respectueux de la tradition républicaine aurait posé un véto… A moins de vouloir faire un coup politique à la hussarde, en réalité, un coup des plus hasardeux. Il semble qu’on en est loin, car la municipalité n’était pas au courant du contenu du Petit Géant.
En effet, aux dires d’Yves Préault publiés par Ouest-France alors que la polémique battait son plein, une liberté entière aurait été laissée aux artistes, « les artistes avaient carte blanche pour écrire leur scénario. Je me refuse à censurer ou à orienter le travail des artistes ». Voilà une explication des plus louables et qui souffle sur Rennes comme un vent nouveau. Les Rennais peuvent donc s’attendre à voir des spectacles et manifestations riches et variés en matière politique durant les mois prochains. Cela étant, aux yeux de certains, ne pas vérifier une commande destinée à être diffusée devant des grands et, surtout, des petits peut passer pour une conduite quelque peu légère…
Par ailleurs, un autre son de cloche plaide en faveur, là encore, d’un malheureux concours de circonstances. Selon d’autres sources, le spectacle aurait été projeté à la mairie et aurait reçu l’aval d’un haut responsable de la communication… « Génial, c’est bon, » se serait-il même enthousiasmé. Problème : ledit responsable serait parti en début de projection, pressé par un rendez-vous et faisant confiance à la compagnie qui avait jusque-là accumulé les succès… Résultat : un fiasco médiatique pour la ville mais surtout économique pour l’entreprise lumineuse. Comme il le dit si bien dans les colonnes du journal Ouest-France : “les Illuminations sont une vitrine pour nous”…
Allons, qu’importe le fond de l’histoire : oublions vite les déboires du petit géant aux pieds rouges d’argile et réjouissons-nous tous de cette vague de liberté totale offerte aux artistes rennais. Au demeurant, la Ville continuera-t-elle en 2012 à soutenir cette projection, leur donnera-t-elle une seconde chance et un petit chèque de 75 000 euros ? La question se pose d’autant plus qu’on murmure avec insistance que ladite société seraient pressenties(1) pour une nouvelle projection sur le Parlement au mois de juillet. Dans un temps de commémoration de la Révolution française et des Trois glorieuses, le public va certainement être convié à admirer La Liberté guidant le peuple… Oui, mais vers où ?
(1) L’offre de marché public est clos le 5 janvier 2012