Le festival littéraire Jardins d’hiver réchauffera les Champs libres de ses multiples propositions artistiques et culturelles, du 3 au 5 février 2023. Cette année, c’est la poésie et la douceur graphique de l’illustrateur Tom Haugomat qui illustre la cinquième édition. Il sera aussi l’invité du concert dessiné Fup, l’oiseau canadèche de Jim Dodge vendredi 3 février.
Son univers souffle une brise artistique rafraîchissante dans l’effervescence d’une ville. Il s’affiche dans notre ville à l’occasion du festival Jardins d’hiver, du 4 au 5 février 2023. La nature paisiblement épurée de l’illustrateur Tom Haugomat est le visage de la cinquième édition du festival de littérature des Champs libres. Le dessinateur sera également un des invités du concert dessiné Fup, l’oiseau canadèche (éditions Tishina), vendredi 3 février à 20 h. Fup, l’oiseau canadèche est un conte tendre et farfelu de l’auteur américain Jim Dodge, un de ces livres que l’on chérit. Le temps d’une heure, nous quitterons la fraîcheur hivernale de la Bretagne pour un voyage au cœur de l’Ouest américain, guidés par les voix de Nicolas Richard et Jim Carroll, emportés par la musique de Rubin Steiner et émerveillés par les images de Tom Haugomat.
La passion de Tom Haugomat pour le dessin, comme beaucoup d’illustrateurs, lui vient de l’enfance. Encouragé par des parents eux-mêmes dessinateurs à leurs heures, l’enfant unique qu’il est n’a jamais abandonné ce moyen d’expression universel qui lui plaisait tant. Né sous la grisaille parisienne, le jeune Tom, très tôt touché par les images, s’évadait de la monotonie de la ville en dessinant. Il n’était pas le meilleur dessinateur de sa classe, mais il a toujours ressenti le besoin de dessiner, beaucoup, et il adorait raconter des histoires. « Travailler avec l’image est nécessaire pour moi », tout comme la dimension narrative dans son travail. Le souvenir de ses vacances estivales dans les Alpes, de ses sessions d’alpinisme, d’escalade et d’ascension avec sa famille constitue une véritable malle au trésor qu’il conserve avec préciosité. « Il y a peut-être aussi un côté introspectif dans le fait d’aller chercher, encore aujourd’hui, des éléments dans mon enfance », analyse le dessinateur. « C’est un peu comme si le dessin me permettait de retourner à cet endroit. »
Déjà au CP, quand on lui demande le métier qu’il veut faire plus tard, il répond de manière claire, nette et précise : des livres pour enfants. Preuve d’une passion ancrée en lui depuis bien longtemps. Alors quand il découvre la prestigieuse école des Gobelins au lycée, les portes ouvertes lui ouvrent celles d’un monde dans lequel il se voit bien s’épanouir professionnellement : l’animation. Après une année intensive à se perfectionner à l’Atelier des Sèvres, le futur illustrateur entre dans l’école de la création visuelle, où il rencontre Bruno Mangyoku. Il réalisera avec ce camarade de classe, devenu un ami cher, les courts métrages Jean-François en 2009 et Nuisible en 2013. Pendant dix ans, ils travailleront en binôme et évolueront côte à côte dans la création d’animations où s’entremêlent leurs deux univers.
Parallèlement, Tom Haugomat développe un style graphique plus personnel, est remarqué par une maison d’édition, et tous deux glissent naturellement de l’image animée à l’image statique. Le duo quitte la boîte de création qui les emploie pour travailler dans un même atelier.
Après la fin de ses études, les recherches de Tom l’avaient menées dans une nouvelle voie graphique, une création plus minimaliste que celle enseignée à l’école des Gobelins, qui était plus technique. Les points de vue plus frontaux de certains cinéastes, illustrateurs et artistes deviennent une nourriture artistique d’un univers aéré où se déploie une constellation de paysages, des moments d’évasion dans lesquels on plonge avec douceur pour entendre l’histoire qui s’y raconte. « Je me demande si j’aurais eu besoin de travailler ces sujets si j’avais grandi à la montagne et si j’avais pu sortir et grimper autant que je ne le voulais », confie-t-il. « Je ne suis pas sûr, c’est sûrement lié au fait d’avoir grandi dans un milieu urbain. » Celui qui aime travailler avec des accents de couleurs se rapproche de la sérigraphie, technique qu’il a d’ailleurs essayée. Parmi ses inspirations, il cite sans hésitation les créations épurées de l’artiste américaine Margaret Kilgallen et le travail avec peu de couleurs de l’illustrateur de livres jeunesse Blexbolex.
Il conserve de l’animation la construction cinématographique. Son roman graphique À travers est fait de diptyques, et certaines pages se rapprochent d’un storyboard. C’est aussi le cas dans Fup, l’oiseau canadèche de Jim Dodge qu’il a illustré pour les éditions Tishina.
Il découvre cette histoire qui lui est inconnue pendant son voyage en Californie, pour le mariage d’un ami. « En lisant le texte, j’ai compris pourquoi les éditions Tishina me l’avaient confié », se rappelle-t-il. « Je me retrouvais dans pas mal de choses, un côté très poétique, mais en même brut de décoffrage. » Immergé dans le pays où se déroule la narration, Tom puise dans les paysages qu’il traverse l’inspiration de cette nouvelle création. Cette dernière est représentative de l’évolution de son style, qui va de pair avec sa pratique récente de la peinture. Ses compositions se font plus réalistes et habitées par plus de couleurs qu’autrefois. « J’ai plus de mal à raconter ce que j’ai à raconter avec des palettes très restreintes. » Les estampistes japonais et le travail d’Henri Rivière impulsent à ses coups de pinceaux et ses aplats de couleurs une nouvelle dynamique. Pour la narration, il cite John Macnuts, dessinateur de bande dessinée anglais qui aborde dans ses dessins la nostalgie de l’enfance.
Le dessinateur s’épanouit aujourd’hui dans les divers aspects que lui offre l’illustration – publicité, édition, journaux, travail personnel, etc. -, mais c’est bien au cœur d’un concert dessiné de Fup, l’oiseau canadèche que le public retrouvera le trait de Tom. « J’aime bien me mettre en danger », avoue-t-il. « La scène est un endroit qui me terrifie donc je me suis dit que c’était intéressant d’essayer. Avec le son et le temps donné, on pourrait rapprocher le concert dessiné à du dessin animé. »
Fup, l’oiseau canadèche est un conte tendre et farfelu, un de ces livres que l’on chérit. Et le temps d’une heure, Tom Haugomat racontera en images les aventures de Titou, orphelin recueilli par son grand-père, Pépé Jack, et de Canadèche, canard boulimique hautement sympathique. Un trésor de malice et de tendresse qui émerveillera deux de vos sens aux Champs libres, vendredi 3 février.
Festival Jardins d’hiver, du 3 au 5 février 2023 aux Champs Libres, cours des Alliés, 35 000 Rennes
Concert dessiné Fup, l’oiseau canadèche de Jim Dodge, 20 h dans l’Auditorium
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