Un certain Keyserling analysait les comportements des citoyens dans son ouvrage érudit paru au siècle dernier, L’analyse spectrale de l’Europe. Notre propos n’est pas de rivaliser sur son « terrain… » On aurait bien du mal. Mais pour expliquer le nul du dernier match de la coupe européenne entre le Stade Rennais, pourtant favori, et le Celtic Glascow, les spécialistes ès Football seraient bien inspirés de lui demander conseil. Ou du moins de le (re)lire. Ils comprendraient la différence de mentalités entre les Écossais et les Bretons. Si, si, il y en a…
D’après les témoignages récoltés ici où là, les supporters de Glascow ont de la voix et une forte propension à boire de la « bibine » en plein milieu d’après-midi. En revanche, les Rennais sont plutôt taiseux dans les tribunes et alcoolisés uniquement durant les fest-noz (On plaisante…). De là à dire que les Écossais en kilt ont pesé sur la performance de leur équipe, on n’osera franchir le pas…
N’empêche, les supporters rennais ont la réputation d’être bien calmes, voire très calmes. Naturellement, les aficionados des Rouge & Noir mesureront les choses, en affirmant haut et fort : « Nous sommes des spécialistes du bon football. On s’enflamme uniquement dans les bons matchs. » Mais convenons-en, les fans ne sont pas des adeptes inconditionnels du chant footballistique et des encouragements frénétiques.
Une raison à cela : les habitués du stade de la Route de Lorient viennent plutôt en famille ou par petits groupes de copains à l’exception de deux clubs de supporters. À Rennes, pas de bandes de joyeux drilles emmitouflés dans des écharpes rouges et noires, encore moins de gros durs à la mine patibulaire et aux bras tatoués avec la tête de M’Vila. « C’est comme cela, depuis des années,” assure Jean-Yves.
Pourtant, les dirigeants du Stade rennais ont tenté de créer une ambiance dans les tribunes. Au début des rencontres, on entonne l’hymne breton. Mais visiblement, ce n’est pas encore suffisant. Faut-il trouver d’autres pistes de travail ? S’agit-il d’espionner les supporters marseillais et parisiens pour comprendre leur fonctionnement ? En revanche, une chose est certaine. Quand on est supporters écossais, on peut « picoler » tranquille en plein centre-ville en dépit de l’interdiction municipale. Il est aussi aisé de se garer n’importe comment sur les trottoirs le soir des matchs quand on est supporters rennais (tandis que des riverains se font embarqués leurs autos direction la fourrière). Les grincheux diront : « C’est n’importe quoi, il y a des lois. » On aura simplement envie de leur répondre : « C’est l’exception footballistique… »
JCC