En 2018, le festival des Tombées de la nuit accueillait le cycle 1 des Trois Mousquetaires, création théâtrale hors les murs non conventionnelle du collectif 49 701. En 2022, la nébuleuse d’artistes revient secouer la capitale bretonne pour la super intégrale, soit la représentation des cycles 1 et 2. Au menu de ce marathon théâtral : huit à neuf heures d’action, de vengeance, mais aussi d’humour et d’amitié ! Samedi 9 juillet 2022 à l’ensemble scolaire Saint-Vincent Providence et samedi 16 juillet 2022 au lycée Bréquigny, la population rennaise et alentours est invitée à un moment de partage exceptionnel à ne surtout pas manquer.
–> Unidivers vous invite au spectacle. Demandez vos places gratuites pour le spectacle des 3 mousquetaires du 16 juillet en nous adressant un mail (contact@unidivers.fr) avec pour objet « Mousquetaires 16 juillet » et indiquez dans le message le nombre de places souhaitées (4 maximum par personne) ainsi que votre prénom et nom de famille. Vous recevrez vos invitations quelques heures après réception de votre courriel.
Le nom fait référence au code d’entrée du Studio-théâtre d’Asnières-Sur-Seine, centre dramatique et lieu de la rencontre des futur.e.s membres du collectif 49 701. L’épopée théâtrale a commencé en 2012 avec Jade Herbulot et Clara Hédouin, comédiennes, auteures, metteuses en scène et amies depuis leurs études à l’École Normale Supérieure (E.N.S) de Lettres et Sciences humaines.
S’engager dans une aventure collective avec leur promotion, « groupe soudé par le travail en école, par la recherche collective et l’envie de travailler en extérieur », comme le souligne Clara Hédouin, travailler sur un roman et faire une œuvre au long cours en investissant des lieux publics sont autant d’idées qui ont rassemblé les jeunes interprètes autour d’un même projet. « Le désir était plutôt de partir d’un roman de type romanesque, un roman qui tienne en haleine, qui fasse partie de ceux qui se lisent avec grand appétit et qui puisse amener le même appétit au spectateur que la soif de lecture chez le lecteur », poursuit-elle.
Au vu de leurs sensibilités, le principe de la série leur est apparu comme une évidence. Après tout, c’est ce qu’on regarde tous les soirs et le mode de récit qui nous est aujourd’hui le plus familier. « À une certaine époque, beaucoup de romans ont été publiés sous la forme feuilletonesque. On est revenues naturellement à cette forme-là », renseigne Jade Herbulot. À l’instar du roman Les Trois Mousquetaires. L’évocation des grands romanciers du XIXe siècle, Balzac et Stendhal en tête, a rapidement laissé la place au roman incontournable d’Alexandre Dumas écrit en 1844, véritable terrain de jeu dont elles avaient besoin pour corroborer le type de théâtralité qu’elles voulaient explorer.
Inspirée d’une histoire vraie du XVIIe siècle, le roman raconte la rencontre d’un jeune de Gascogne, d’Artagnan, avec trois mousquetaires du roi Louis XIII, Athos, Portos et Aramis. Ensemble, ils s’opposent au Premier Ministre le cardinal de Richelieu et ses agents (le comte de Rochefort et Milady de Winter) et sauvent l’honneur de la reine de France, Anne d’Autriche. Exemple type du roman de cape et d’épée, Les Trois Mousquetaires se déroule sur la terre des comédiens et comédiennes, dans la capitale. La narration permet le déplacement dans l’espace et les lieux publics et le découpage en épisodes, critères primordiaux pour les metteuses en scène. « Le choix du livre a lancé le processus et la constitution de l’équipe », ajoute Jade. Les personnages ont ainsi été choisis en fonction des comédien.ne.s de leur promotion, constituée à 70 % par des hommes. Le collectif 49 701 se matérialise alors, composé à l’époque d’anciens étudiants du Studio-théâtre d’Asnières-Sur-Seine. C’est aujourd’hui une véritable nébuleuse d’artistes.
De cette idée inédite est née une proposition artistique originale qui se divise en deux cycles, « Le Temps de l’honneur » et « Le Temps des assassins », de trois saisons pour 19 épisodes en tout. En transposant l’histoire en création théâtrale aux allures de série télévisée, les metteuses en scène désacralisent la forme théâtrale traditionnelle et proposent une forme atypique et novatrice. Un génie d’adaptation qui a pris pas moins de dix ans et que l’on découvrira en version intégrale pour le festival des Tombées de la nuit, le samedi 9 juillet pour le premier cycle et le 16 juillet pour le deuxième cycle. « C’était la première fois qu’on écrivait un texte, on a appris au fur et à mesure. Les spectateurs et spectatrices peuvent percevoir des différences relatives à ce qui est raconté, mais aussi à la manière dont on a réagencé le roman », informe Jade.
Accompagnées du conseiller dramaturgique et auteur Romain de Becdelièvre, les auteures se sont approprié les codes fondamentaux de la série, telles l’intégration d’un générique de début et de fin chanté par les comédien.ne.s ou encore la publicité, mais beaucoup plus amusant et accrocheur à regarder que celles du grand écran. « La construction des épisodes relève autant de la série que du roman-feuilleton. À la fin du chapitre, on a envie de tourner la page pour lire la suite. On a gardé ce principe dans la construction », complète t-elle.
Les Trois mousquetaires, une histoire actuelle ?
« On s’est demandé quelle ligne de force choisir, quelle ligne dramaturgique et ce qui allait vectoriser notre adaptation ? », renseigne Clara Hédouin. Ancré dans la culture française, mais aussi dans l’imaginaire collectif mondial, Les Trois Mousquetaires fait partie des romans les plus adaptés : films, séries télévisées, bandes dessinées, dessins animés, etc. Alors, de quelle manière adapter ce monument de la littérature du XIXe siècle tant de fois adapté, sans s’inscrire dans une retranscription historique classique ? Leur réponse a été celle de la contemporanéité, « une des lignes de force du projet, sa raison d’être ».
Les deux auteures se sont saisies de la mutation qui accourait dans le royaume de France à cette période afin de transposer les thématiques du roman au monde dans lequel nous vivons actuellement. « On associe plutôt le début du XVIIe siècle à une esthétique qui est en fait celle de la fin du règne de Louis XIII et du début de celui de Louis XIV, soit une cour plus raffinée », informe quant à elle Jade Herbulot. « Le début du XVIIe siècle est plus âpre, plus rude et brutal, avec notamment les guerres de religion. Ça ressemblait plus à l’époque de la reine Margot. » On quitte progressivement une organisation féodale pour une administration centralisée incarnée par le cardinal de Richelieu, qui prépare la monarchie absolue.
Véritable miroir des problématiques sociétales actuelles, la création Les Trois mousquetaires prend un ton résolument politique et fait écho à la manière dont le pouvoir est toujours aussi centralisé de nos jours et comment les gouvernements successifs, autant de gauche que de droite, resserrent le maillage sécuritaire depuis les attentats de 2015. Dans une saison du cycle 1 créée cette année-là, des gardes sont d’ailleurs vêtus comme la police nationale. Sont ainsi retranscrits le visage du pouvoir et sa brutalité, l’état sécuritaire et l’état de contrôle, tout autant que l’environnement quasi anxiogène, dans lequel la France baigne depuis quelques années. « C’est l’image de la discipline des corps, ce qui fait aussi écho à notre manière d’investir l’espace public », précise Clara. Car une des particularités du collectif 49 701, une de force de leur travail est également le déplacement dans l’espace public. Elle ajoute : « C’est différent de mettre en scène des équivalents de policiers d’aujourd’hui dans une boite noire et de le faire dans les villes et les espaces urbains dans laquelle on joue. D’un coup, il y a une collusion entre le présent, le réel et la fiction qui est tout à fait volontaire. »
« Ce projet implique à chaque fois une appropriation des lieux »
Un des nombreux exploits du collectif 49 701 est qu’à chaque représentation est repensée l’intégralité de la mise en scène : les entrées, les sorties et le parcours des personnages. À quelques exceptions près, l’équipe ne cherche pas de lieux confortables, faciles pour un challenge sans cesse renouvelé. « Ce projet implique à chaque fois une appropriation de cette histoire, mais aussi des lieux et de leur contexte, leur actualité, leur signification et leur histoire. »
À chaque date, le lieu est investi de leur créativité, une des clés fondatrices de la mise en scène du spectacle. Jade enrichit : « On ménage un certain nombre de surprises pour les spectateurs qui sont pris dans un dispositif à 360°. La dimension sonore du spectacle est aussi fondamentale, c’est quasi une pièce radiophonique. » À Rennes, le collectif 49 701 envahira les cours et bâtiments du collège-lycée Saint-Vincent Providence qui a vu leur première représentation en 2018 et du lycée Bréquigny.
« Ce qui est jubilatoire c’est qu’on peut se retrouver dans le plus haut patrimoine du XVIIe siècle lui-même ou des siècles précédents, mais aussi dans des cités HLM. C’est une rencontre et une résonance différentes avec le roman », s’enthousiasme Clara. Le projet du collectif 49 701 s’épanouit dans l’anachronisme, les acteurs et actrices se délectent des frottements incongrus, « comme voir Louis XIII avec un costume plus ou moins d’époque apparaître à la fenêtre d’une barre d’immeubles. Il y a un effet comique par contraste, c’est à la fois déplacé et extraordinaire », s’amuse Jade. « Le comique du spectacle repose justement sur ces frottements. » Les Anglais Monty Python et la troupe française Le Splendide (composée de Christian Clavier, Michel Blanc, Gérard Jugnot, Thierry Lhermitte, Josiane Balasko, Marie-Anne Chazel et Bruno Moynot) sont autant de références qui ont nourri l’adaptation.
Une fois les ingrédients de la recette ficelée, le collectif ne s’est pas reposé sur ses lauriers et a cherché à se séparer de ce systématisme, notamment dans le cycle 2, dans le but de se renouveler et de surprendre le public, de déjouer ses attentes.
« Milady c’est un peu la Shéhérazade de Dumas. »
Sa puissance effraie et impressionne. Personnage moderne, incompris des autres personnages, Milady constitue le cœur du deuxième cycle des Trois Mousquetaires. « C’est l’époque où Dumas écrit Le Comte de Monte-Cristo, on sent qu’il est passionné par ces figures de vengeance », explique Jade. Clara rajoute : « On s’est très tôt référées au personnage d’Uma Thurman dans Kill Bill [réalisé par Quentin Tanrantino, ndlr]. » Milady se défend avec toutes les armes qu’elle possède : la séduction, le poison, etc. « Elle cherche une indépendance financière, une autonomie et elle en est capable. » Le personnage s’inscrit dans l’actualité féministe de ces dernières années. Elle est ce personnage fort en recherche de liberté, brillant et intelligent. « C’est assez évident que d’Artagnan et de Milady sont presque en rivalité romanesque, c’est à dire qu’il y a un passage de relais de l’héroïsme de l’un à l’héroïsme de l’autre », argumente Clara. Les deux metteuses en scène se sont emparées de cet aspect déjà à l’œuvre dans le roman.
Milady et d’Artagnan, deux héros qui se font face, se jaugent et se dévisagent pendant toute l’histoire. Le personnage de d’Artagnan accompagne le cycle 1, mais dans le cycle 2 c’est avec Milady que le public passera le plus de temps. Elle ajoute : « Milady c’est un peu la Shéhérazade de Dumas. Il ne peut poursuivre l’écriture seulement parce qu’elle est le moteur romanesque de la deuxième partie ». Il faudra alors aller jusqu’à l’inévitable pour que le roman trouve une fin… « Son personnage nous intéresse aussi parce qu’il est l’agglomération d’autres figures féminines romanesques puissantes, comme Madame de Merteuil [Les Liaisons dangereuses de Pierre Choderlos Laclos, 1782, ndlr.] », précise Jade. Milady représente une force individuelle, une femme avec peu d’alliés, dont la plupart sont faux. Même son patron, le cardinal de Richelieu, la craint. « Tout ne tient qu’à un fil pour elle. »
En 2017, la première intégrale se déroulait au château de Vincennes. À l’instar d’un livre que l’on dévore page par page, assister à l’ensemble de la création, « Le temps de l’honneur » et « Le temps des assassins », rappelle l’excitante boulimie qui prend le lecteur à la lecture d’un roman passionnant. « Ce qui est apparu dès les premières fois qu’on a joué l’intégrale, c’est qu’il y a quelque chose du rapport au roman qui revient. C’est un temps long qu’il est agréable de prendre. » Les samedis 9 et 16 juillet 2022, le public suivra les aventures des trois mousquetaires vissé à sa chaise, hormis pour les déplacements bien entendu, et assistera à l’exploit d’une troupe passionnée. En proposant une intégrale de huit à neuf heures, le collectif 49 701 quitte l’univers théâtral pour passer dans l’art de la performance. « Le temps long créé de la convivialité, un collectif qui embrasse les spectateurs eux-mêmes », enrichit Clara. « Pour eux, comme pour le public, il y a l’idée qu’on finit les huit heures ensemble. »
Entre chaque épisode, une buvette est ouverte afin de permettre aux spectateurs et spectatrices de se sustenter à son aise. Les notions de collectif et de communauté initiées par le collectif 49 701 s’empare du public, une communauté éphémère se créé. Parce qu’au delà d’un roman d’action, Les Trois mousquetaires se révèle une histoire d’amitié. Une amitié fragile mise en danger par des obstacles, amoureux, politiques et des rivalités qui menacent la perpétuation du groupe d’amis. Héros hors-la-loi, ils sont loin d’être des princes charmants, des anti-héros peut-être, un peu barbares, mais reflètent, à l’instar de Trois Mousquetaires d’Alexandre Dumas, une certaine réalité que la troupe a su s’approprier avec brio ! Comment résister à cette aventure théâtrale, proposition qui marquera sans conteste l’histoire le festival Tombées de la nuit ?
–> Unidivers vous invite au spectacle. Demandez vos places gratuites pour le spectacle des 3 mousquetaires du 16 juillet en nous adressant un mail (contact@unidivers.fr) avec pour objet « Mousquetaires 16 juillet » et indiquez dans le message le nombre de places souhaitées (4 maximum par personne) ainsi que votre prénom et nom de famille. Vous recevrez vos invitations quelques heures après réception de votre courriel.
Premier cycle : LE TEMPS DE L’HONNEUR
Saison 1 : L’apprentissage (épisodes 1, 2 et 3)
Saison 2 : D’Artagnan se dessine (épisodes 4, 5 et 6)
Saison 3 : Les ferrets ou l’honneur de la Reine (épisodes 7, 8, 9 et épilogue)
Deuxième cycle : LE TEMPS DES ASSASSINS
Saison 4 : La vengeance (épisodes 11, 12 et 13)
Saison 5 : La guerre du cardinal (épisodes 14, 15 et 16)
Saison 6 : Fatalités (épisodes 17, 18 et 19)
INFOS PRATIQUES
Samedi 09 Juillet 2022 – Premier cycle : LE TEMPS DE L’HONNEUR
15:00 > 23:30 : Collège Lycée Saint-Vincent Providence, rue de Paris, Rennes
Accès : Bus : 44, C3, Arrêt Saint-Vincent
Samedi 16 Juillet 2022 – Deuxième cycle : LE TEMPS DES ASSASSINS
14:00 > 23:30 : Lycée Bréquigny, 7 Avenue Georges Graff, Rennes
Accès : Bus : C5, Arrêt Lycée Bréquigny
*
Tarifs pour chaque cycle : 20€ tarif normal, 16€ tarif réduit (groupe à partir de 4 personnes), 8€ tarif Sortir!
À partir de 8 ans
Bar & petite restauration sur place (formule à 7€ : 2 petits sandwichs, 1 sachet de chips, 1 compote)