La galerie d’arts graphiques Maison Images ouvrira le 10 mars 2022 ses portes du 16 rue Victor Hugo, aux abords du Parlement de Bretagne, à Rennes. À l’origine de ce nouveau lieu de rencontres et d’art, Marie Bougnoux espère faire circuler les images et donner à voir toute la diversité des arts graphiques.
La vie de la galerie Maison Images s’est écrite en parallèle de celle de sa créatrice, Marie Bougnoux. Originaire d’Angers, la jeune femme de 33 ans a étudié l’histoire de l’art à Paris après une année à l’EESAAB de Rennes. « Maison Images fait partie de moi depuis longtemps », raconte-t-elle. Elle poursuit : « Quand j’étais toute petite, je me rêvais hôtelière, et j’ai toujours dessiné. Ces deux pendants, les images et l’accueil, évoluent depuis toujours en moi. L’un ne va pas sans l’autre. »
Une fois son diplôme en poche, Marie s’est naturellement dirigée vers le milieu de l’art contemporain dans lequel elle a évolué de 2013 à 2017 au travers d’expériences réalisées dans divers centres d’art. Son travail à la Fondation des artistes, anciennement Fondation Nationale des Arts Graphiques et Plastiques, s’est révélé être une fenêtre où elle a plongé allègrement dans l’univers des arts graphiques. L’envie de revenir dans l’Ouest de la France en 2018 s’est jumelée avec celle de découvrir de nouvelles choses, qui a pris la forme d’un CAP cuisine puis d’une expérience professionnelle en tant que commis de cuisine. Mais, au fond d’elle, la voix de la petite fille qu’elle était n’a jamais cessé de lui rappeler ses véritables aspirations.
« Les images existent si elles sont partagées, s’il y a une rencontre autour d’elles. »
Son entrée à la formation Émergence d’entreprendre au féminin en Bretagne, dans laquelle des structures locales associatives aident à concrétiser un projet, lui a finalement donné le courage de se lancer. Et aujourd’hui, Maison Images est prête à sortir de la sphère intime pour grandir et s’épanouir dans le centre-ville de Rennes. La galerie, appelée ainsi en toute humilité, sera un foyer de 20 m² rempli de chaleur et d’art. Un petit cocon familier où les artistes pourront se sentir chez eux et où les publics viendront se délecter de la diversité des arts graphiques.
En fin d’année 2021, un pop-up éphémère de Noël a permis une première rencontre avant les travaux et l’ouverture pérenne. L’occasion de découvrir la dizaine d’artistes membre de la famille Maison Images. Ils attendent aujourd’hui que les portes s’ouvrent pour évoluer main dans la main. « J’ai envie que l’on puisse évoluer ensemble dans la durée, que les artistes puissent se renouveler dans leur pratique et que ce soit visible dans ce nouveau lieu. » Maison Images est avant tout une histoire de rencontres, pour cette raison, aucune ligne artistique n’est prévue, juste celle de la sensibilité. L’abstrait rencontrera le figuratif, les illustrations jeunesse côtoieront celles peut-être plus matures, ainsi que le dessin et la peinture. « J’ai choisi de travailler avec des personnes, mais chacun·e a un style et un parcours très différent, ce qui se traduit dans les images. La possibilité de montrer les formes dans toute leur diversité est très important pour moi », souligne Marie.
Les artistes sélectionnés sont pour le moment majoritairement de Rennes, quelques-uns du Finistère. « C’est intéressant d’avoir des personnes locales pour faire vivre le lieu, échanger et créer des rencontres », pour que le lieu puisse exister d’une manière chaleureuse. Mais Marie ne compte pas se priver de contacter des personnes d’une géographie plus lointaine si une pratique de qualité lui fait de l’œil. « S’il y a bien quelque chose qui doit circuler dans ce monde, c’est les images. »
Parmi les recrues, on reconnaît facilement le travail du duo Minuit Studio, dont les formes et couleurs éclatantes ont habillé la nouvelle identité visuelle de l’UBU et la 42e édition des Trans Musicales. Ou encore celui de l’artiste et graphiste Anthony Folliard qui travaille au sein de L’Atelier du Bourg et réalise notamment les affiches du festival de cinéma Travelling. « Anthony enseigne le design graphique à l’Université Rennes 2 ainsi qu’à l’EESAB de Rennes sur les cours publics, œuvre activement au sein du collectif le Marché Noir, participe à des expositions collectives ou personnelles, et réalise actuellement une résidence de création au PHAKT, centre culturel Colombier. » Artiste de l’exploration, il possède également une pratique personnelle propre où il retranscrit le quotidien en récits collés. Parmi la diversité de ses références, il picore autant dans les histoires de l’art et du graphisme que de l’art populaire, et a une appétence particulière pour tout ce qui touche à la psychanalyse et à ses fonctionnements. « Il développe une écriture qui combine ces influences et nourrit sa soif de découverte. Du dessin à l’installation, le trait se mue aisément en volume. »
Dans un univers totalement différent, Rozenn Brecard est illustratrice jeunesse. Sa pratique personnelle parcourt l’environnement familier dans lequel elle vit à Doëlan (Finistère) et en retranscrit des dessins aux couleurs magnifiques, tantôt à la gouache, tantôt au crayon de couleurs. « Au sein des paysages de ce village sont mis en lumière des instants captés où de petits personnages marchent vers un horizon. Souvent la nuit tombe sur les maisons perchées de Doëlan dont les fenêtres aux lumières jaunes laissent deviner des vies cachées. Ces gouaches sont comme des arrêts sur images d’un récit possible. »
Que dire du travail de Romane Poyard, Marlène Gaboriau et Line Simon qui travaillent collectivement au sein de La bonne pioche ? Association de trois jeunes femmes diplômées des beaux-arts de Rennes, elles collaborent pour chaque production signée La Bonne pioche. « C’est un travail collectif dans lequel des protocoles sont mis en place selon les productions. » Si, dans le travail personnel de chacune, des éléments sont naturellement récurrents, leur collaboration évolue dans l’expérimentation des formes avec un travail de sérigraphie, où chaque nouveau travail est un véritable jeu visuel et une surprise assurée. Pour Maison Images, elles se sont éloignées de leur processus créatif et ont pensé une image numérique, une nouveauté pour elles.
Parallèlement à la présentation des travaux d’artistes, Marie proposera des temps forts qui prendront par exemple la forme de petites expositions qui mettront en avant un·e artiste en particulier ou une exposition collective.
En ce qui concerne les ventes, tous les tarifs seront de rigueur et permettront à toutes les bourses de se faire plaisir. D’un côté, la partie reproduction, avec des tirages numérotés et signés, présentera essentiellement des œuvres pigmentaires, des impressions d’art sur du papier innova ou hahnemühle. « J’ai mis en place un protocole de prix pour les reproductions, semblable pour tous les artistes, qui dépend du format (du A5 au A2). À chaque vente, un pourcentage est reversé à l’artiste. » Et de l’autre, la partie œuvres uniques (collages, découpages, peinture) ou ce que l’on appelle aussi des originaux.
Pour contempler ces petites merveilles, Marie a tout prévu. Elle mettra en pratique son CAP cuisine puisqu’un petit café est prévu, comptez neuf places assises, afin d’enrichir cet espace convivial dans le seul but, encore une fois, de créer la rencontre, l’échange. « Ce sera de la petite restauration comme des sandwichs et des tartes le midi, des gâteaux, des jus de fruits, du café et du thé. J’avais envie d’apporter un nouveau rapport aux images », conclut-elle.
Une ouverture fin février est espérée ; en attendant, suivez l’actualité sur la page Instagram.
Maison Images, 16 rue Victor Hugo, 35 000 Rennes