Le long du boulevard Villebois-Mareuil, non loin du cimetière de l’Est, une petite rue perpendiculaire conduit à une petite maison. Entourée par des grands immeubles, elle n’a plus que quelques semaines à vivre…
« Je l’aime bien, moi, cette maisonnée, » explique un jardinier du quartier. Tous les matins, il jette un coup d’oeil pour voir si elle est toujours là… » Un jour ou l’autre, il faudra bien qu’elle disparaisse… Si tel est le cas, je vais verser ma petite larme. »
Depuis quelques semaines, l’homme à la main verte n’est pas le seul à rêver d’une autre issue. « J’observe les regards des automobilistes. Beaucoup s’interrogent sur son sort. Quelque part, je suis certain qu’ils espèrent comme moi un sursis. »
« Une petite larme »
Mais à l’évidence, peu d’espoir. Sur le bas-côté de l’habitation, un permis de construire et le programme détaillé d’Archipel habitat ont déjà scellé son arrêt de mort. Dans quelque temps, la girouette, la traditionnelle corde à linge, le petit chemin qui serpente dans le jardin, les volets blancs qui ferment mal…auront bel et bien disparu à jamais. Exit le Rennes popu, la Rennes des cheminots, des petits bonheurs simples…
Loin de nous d’être les chantres du passé, il faut bien répondre aux demandes de logements. Mais à quel prix – humain, urbain et esthétique ? Et puis, il n’est pas mauvais de ressasser les souvenirs d’antan et de trouver contre le tout immobilier un îlot de résistance. Les amoureux de Rennes et de son histoire ne pourront pas nous en vouloir…