À Nantes, la vague Hokusai emporte les visiteurs sur son passage

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Voilà une exposition qui vous emporte. Comme un rouleau d’écume, comme un rêve suspendu entre ciel et mer. Le Château des ducs de Bretagne accueille cet été une plongée rare et sensorielle : dans l’univers du maître japonais Katsushika Hokusai, graveur insaisissable, génie des flux et des formes, poète de l’éphémère.

La Grande Vague comme vous ne l’avez jamais vue

C’est l’image la plus reproduite de toute l’histoire de l’art. Une vague. Monumentale. Bleue d’angoisse et de beauté. Elle surgit dès les premières salles, mais pas comme simple icône. Elle est vivante. Elle gronde doucement. Elle ouvre un monde. Celui d’un homme obsédé par la nature, le mouvement, le sacré. Au fil des 150 œuvres, ce n’est pas tant une exposition qu’un dialogue intime avec Hokusai qui se noue. Chaque estampe devient un fragment d’univers : tantôt contemplatif, tantôt trivial, toujours vibrant.

« Depuis l’âge de six ans, j’avais la manie de dessiner la forme des choses… » — Hokusai

Un artiste en mouvement perpétuel

Hokusai ne se laisse pas enfermer dans une école. Il n’illustre pas, il compose des mondes. Il scrute les vagues, les femmes, les dieux, les artisans, les arbres et les orages. Il change sans cesse de nom (plus de 30 pseudonymes). Il écrit, peint, grave, rêve. Jusqu’à la toute fin. À 89 ans, il déclare : « À cent ans, j’aurai atteint la perfection. »

L’exposition n’est pas biographique. Elle est sensitive. Elle vous prend par la main pour traverser six grands paysages thématiques : la mer, le mont Fuji, la vie quotidienne, les esprits, la flore, le théâtre. Le trait se fait précis, les ombres dansent. On avance à pas suspendus dans ce théâtre d’estampes comme on traverserait un haïku.

Une scénographie au diapason de l’estampe

Pas de surcharge. Juste des cloisons de lumière, des encres en respiration, des jeux d’ombre et de transparence. Le Château des ducs de Bretagne a réussi le pari : respecter la simplicité zen tout en suscitant l’émerveillement. Certaines œuvres s’admirent à hauteur d’enfant, d’autres dans des alcôves qui rappellent les cabinets de lettrés.

Un frisson traverse parfois la salle. Est-ce l’art du trait ? Le murmure du papier ? Ou le vertige d’un homme qui, bien avant l’invention de la photographie, savait déjà capturer l’instant juste avant qu’il ne s’efface ?

Infos pratiques

  • Dates : du 28 juin au 7 septembre 2025
  • Lieu : Château des ducs de Bretagne, 4 place Marc-Elder, Nantes
  • Horaires : tous les jours de 10h à 19h
  • Tarifs : plein tarif autour de 8 à 10€, gratuit pour les moins de 18 ans, carte blanche acceptée
  • Visites guidées : chaque jour à 11h, 13h30, 15h, 16h30 et 17h (réservation conseillée)
  • Audio-guides : disponibles en français, anglais et japonais
  • Accès : tram ligne 1 (arrêt Duchesse-Anne – Château des ducs)
  • Plus : ateliers, concerts et animations japonaises lors du week-end d’ouverture (28-29 juin)

Pourquoi y aller ?

  • Pour voir La Grande Vague autrement, en contexte, dans son mystère et sa puissance.
  • Pour découvrir un autre Japon : sensuel, spirituel, populaire et cosmique à la fois.
  • Pour se laisser happer par un univers visuel d’une intensité rare, entre tradition et modernité.
  • Pour vivre un moment de grâce, hors du tumulte estival, au cœur même du château.

Et après ?

Laissez-vous dériver sur l’Île de Versailles, poussez la porte d’un salon de thé japonais, ouvrez un carnet de croquis. Hokusai vous poursuivra. Il vous hantera même peut-être. Comme le ressac d’une vague qui ne cesse jamais.