Il est partout Olivier Roellinger, sur le petit écran, à la radio et dans les journaux. Hier soir, jeudi 29 novembre, il était à Rennes pour présenter son beau livre sur les épices.
Ce n’était pas la foule des grands soirs pour le voir : à peine quelques cheveux blancs et de femmes conquises. Mais le cuisinier de la pointe de la côte d’Émeraude est resté fidèle à lui-même, entre oracle de l’Olympie culinaire et trublion triste des plateaux télés.
Cet homme est plein de talent et d’intelligence. Il sait raconter la cuisine et conter sa vie. Il est un poète de l’existence, un écorché vif et un fils de famille pas si raté que cela. Roellinger aurait pu être chimiste, Nez chez Dior ou encore médecin. Au lieu de pousser la porte des facultés ou des grands parfumeurs, il a choisi la cuisine. Celle qui coûte aux portefeuilles et qui coûte au cuisinier.
L’alchimiste des saveurs
Le rimbaldien des fourneaux a cessé son art culinaire « au début » de l’automne de sa vie. Il en tire une profonde tristesse, voire une profonde détresse. Mais chez les Roellinger on ne baisse pas les bras. On est dur comme la rocaille bretonne, comme la coquille d’une huître cancalaise. C’est une question de principe !
Dans le monde des épices, Olivier Roellinger a trouvé sa seconde voie. Il a épicé sa vie de livres et d’un magasin dans les rues de Saint-Malo intra-muros. Il est parti sur la route des Indes, comme jadis les marins malouins s’en allaient parfois. Il a découvert les condiments du monde entier de l’île Maurice à Madagascar, en passant ceux Chine. Bien vite, l’alchimiste du goût a retrouvé son nez pour concocter mille et mille saveurs. Il a trouvé les meilleures notes dans les réminiscences de l’enfance ; comme une mère pose un doux baiser sur les joues de son fils pour réveiller ses sens.
Un homme des plat…eaux
Mais étonnamment chez lui, on sent encore de la tristesse qui rejaillit de la malle aux épices… Devant les médias, Roellinger parle, parle et parle. Il est le Jean d’Ormesson de la cuisine que l’on ressort pour chaque coterie et sauterie. On lui sert les plats, mais les confectionnent-ils encore ? On a envie de lui dire simplement : Monsieur Roellinger, vous êtes le meilleur, mais de grâce n’acceptez plus ses invitations télévisuelles et médiatiques. Vous méritez bien mieux que des éloges suintant l’hypocrisie et le mauvais ragoût.
Jean-Christophe Collet