Paris. Le Grand Palais présente les œuvres de Niki de Saint Phalle et celles de Jean Tinguely

Saint Phalle - Tinguely - Hulten

Pendant sa période de fermeture, le Centre Pompidou investit le Grand Palais qui expose les œuvres d’un couple mythique : Niki de Saint Phalle (1930-2002) et Jean Tinguely (1925-1991). L’exposition inédite, visible depuis le jeudi 26 juin 2025 le restera  jusqu’au samedi 10 janvier 2026 ; elle plonge le public dans l’univers bouillonnant  de ce couple, à travers le regard visionnaire de Pontus Hulten (1924-2006)


Pontus Hulten, premier directeur du Musée national d’art moderne Pompidou à Paris a offert un soutien inconditionnel aux deux artistes :  Niki de Saint Phalle et Jean Tinguely. 

L’exposition intitulée Niki de Saint Phalle, Jean Tinguely, Pontus Hulten, issue des riches collections du Centre Pompidou et de prêts majeurs d’institutions françaises et étrangères, met en lumière les moments clés de la carrière du couple. Son parcours est à la fois historique et ludique ; il mêle l’art, l’amour, l’amitié, l’engagement, la provocation artistique et la création sans limites, partagés par les trois artistes, qui bâtissent un art libre, participatif et révolutionnaire. 

 Niki de Saint Phalle et Jean Tinguely sont unis par un lien artistique indéfectible et une vision commune de la création comme acte de rébellion contre les normes établies.

Niki de Saint Phalle 

De son vrai prénom, Catherine Marie-Agnès Fal de Saint Phalle est née le 29 octobre 1930 à Neuilly-sur-Seine au sein d’une vieille famille d’aristocrates français. Niki est le surnom qui lui est attribué par sa mère ! La famille part aux États-Unis en 1931, car son père doit renoncer à la banque new-yorkaise Saint Phalle & Co dont il est le propriétaire, car il se trouve ruiné depuis le krach boursier de 1929.

Niki de Saint Phalle est violée par son père quand elle a onze ans. Traumatisée par cet acte, elle n’en guérira jamais vraiment, mais expliquera plus tard que l’art a été une sorte de thérapie pour elle ! Elle entre dans la vie active en qualité de mannequin pour Vogue et Life Magazine. Quand elle se marie en 1948 avec l’écrivain Harry Mathews, elle n’a que 18 ans et donne naissance à sa fille Laura. 

Niki de Saint Phalle emménage à Paris et décide en 1953 de se consacrer pleinement à l’art. En 1955, elle donne naissance à son fils Philip. Un an plus tard, elle fait la rencontre de l’artiste suisse Jean Tinguely. Avec lui, elle rejoint le groupe des Nouveaux Réalistes. Leur travail consiste en un recyclage poétique du réel urbain, industriel et publicitaire. Elle quitte son premier mari en 1960, puis s’installe avec Jean Tinguely, avec lequel elle partage un atelier parisien et se mariera en 1971.

Parfaite autodidacte, Niki de Saint Phalle a placé sa vie et ses idées personnelles au cœur de son art ; elle livre une œuvre engagée et féministe. Elle est connue surtout pour ses monumentales Nanas en papiers collés et résine. Ces femmes monumentales sont vues par l’artiste comme étant libérées du mariage et du masochisme : Elles sont elles-mêmes, elles n’ont pas besoin de mecs ; elles sont libres et joyeuses…

Son œuvre protéiforme est faite de tableaux-performances, de sculptures féministes ou encore de films psychanalytiques. Elle réalise également des films, dont Daddy en 1972. Niki de Saint Phalle a inspiré toute une génération de créateurs ;

Niki de Saint Phalle a été une femme engagée tout au long de sa vie pour de nombreuses causes : le SIDA ; les violences faites aux Noirs aux États-Unis ; la domination patriarcale, etc.

Saint Phalle - Tinguely - Hulten
lutte contre le SIDA : La sculpture d’un phallus, avec des cœurs, rappelle l’importance du préservatif.

À la mort de Jean Tinguely en 1991, Niki de Saint Phalle se bat pour que son œuvre soit reconnue et participe à la réalisation du musée Tinguely de Bâle. Elle s’éteint à son tour en 2002 à San Diego aux États-Unis, à l’âge de 71 ans.

 La célèbre sculpture L‘arbre aux serpents de Niki de Saint Phalle a été restaurée entièrement en 2016-2017 ; elle est exposée en permanence sur la terrasse du Musée des Beaux Arts à Angers (49) et fait l’objet de toutes les attentions…


Saint Phalle - Tinguely - Hulten

Jean Tinguely

est né le 22 mai 1925 à Fribourg en Suisse. Il est le fils unique de Charles Célestin Tinguely et de Jeanne Louise, née Ruffieux son épouse. Deux mois après sa naissance, la famille s’installe à Bâle. Le père est manutentionnaire dans une usine et la mère est employée de maison. Jean Tinguely ne parle que le français et son éducation est catholique.

En 1941, Jean Tinguely a seize ans ; il commence un apprentissage de décorateur au grand magasin Globus. Hélas, il manque de discipline, et est congédié par son patron deux ans plus tard ! Il termine alors sa formation auprès du décorateur indépendant Joos Hutter qui l’encourage à fréquenter assidûment l’école des Arts appliqués de Bâle. Jean Tinguely étudie alors les œuvres d’art moderne.

Jean Tinguely développe une passion pour l’art contemporain et la découverte de l’art en soi ; il commence une aventure qui représente l’art de ce siècle ! C’est aussi à l’école des Arts appliqués, qu’il rencontre sa première femme : Eva Aeppli. En 1944 et 1945, Jean Tinguely effectue son service militaire dans l’armée suisse. En parallèle, il réalise ses premières sculptures en fil métallique. Au retour de l’armée, il gagne sa vie en travaillant comme décorateur à son compte, à Bâle et à Zurich ; il conçoit des vitrines de magasins qui rencontrent beaucoup de succès !

En 1952, Jean Tinguely et son épouse, qui ont maintenant une fille âgée de deux ans prénommée Miriam, partent s’installer à Paris. Le travail artistique de Jean Tinguely progresse à un rythme époustouflant ! Il crée différents ensembles de sculptures et reliefs cinétiques ; des automates ; des reliefs ; et des sculptures mobiles, etc.

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Dès 1954, dans le cadre de l’exposition à la galerie Arnaud, Jean Tinguely se lie d’amitié avec le critique d’art suédois Pontus Hulten. En 1956, il fait la connaissance de Niki de Saint Phalle.

En 1959, il invente ses machines interactives à dessiner, les Méta-Matics, pour lesquelles il dépose un brevet ; il en présente une, en octobre 1959, au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris : la machine se bouge librement dans l’espace extérieur, produit des dessins, et répand en plus des senteurs de muguet en soufflant dans un gros ballon qui finit par exploser ! 

Pour créer ces différentes machines et en faire des oeuvres d’art, Jean Tinguely rassemble divers éléments qu’il déniche dans les décharges chez les brocanteurs : des moteurs, des ballon-sondes, des tubes en acier, des morceaux de vélos, de piano, de radio, des crânes d’animaux, des éclairages et bien d’autres choses en ferraille, grossièrement soudées, et qu’il renonce même à peindre.

Dans la deuxième moitié des années 1960 : l’artiste choisit cependant de peindre ses oeuvres en noir. Par leurs mouvements de balancier, les Bascules évoquent des acrobates ou des trapézistes qui se déplacent avec élégance dans les airs.

Pour l’inauguration du Centre Georges Pompidou à Paris, en 1977, Pontus Hulten invite Jean Tinguely à concevoir une grande sculpture. C’est ainsi que voit le jour le Crocrodrome, réalisé en partenariat avec le sculpteur suisse Bernhard Luginbühl (1929-2011)

Dessin Jean Tinguely
Dessin Jean Tinguely : le Crocodrome

En janvier 1989, l’état de santé de Jean Tinguely se dégrade, suite à une opération cardiaque subie quatre ans plus tôt ; l’artiste doit de nouveau être hospitalisé. Il s’éteint le 30 août 1991 à l’hôpital de Berne en Suisse.

Avec ses œuvres et sa centaine de machines, Jean Tinguely a accompli le passage vers les gigantesques rouages qui caractérisent son œuvre. 

Pontus Hulten

Pontus Hulten est né le 21 juin 1924 à Stockholm en Suède. Il est connu dans son pays pour son travail de philosophe, d’historien d’art et de de précurseur au Moderna Museet de Stockholm entre 1957 et 1972. Son travail est remarqué par Claude et Georges Pompidou lors d’un voyage dans la capitale suédoise.

En France en 1973, Pontus Hulten est nommé par Robert Bordaz (1908-1996 – président de l’union des Arts décoratifs et directeur de la nouvelle école spéciale d’architecture de Paris), à la tête du Musée national d’art moderne ; Pontus Holten participe à la création du Centre Pompidou de Paris. Il organise le Musée avec sa scénographie, son espace et l’enrichissement de sa collection, avec sa conception novatrice de grandes expositions. Il fait du Centre Pompidou un lieu unique et contemporain, rayonnant tant en France qu’à l’étranger. 

Grâce à son travail exemplaire et novateur Pontus Holten est partout consulté et prié d’apporter son expertise à d’autres institutions. En 1985, à la demande de la ville de Paris, il fonde l’Institut des hautes études en Arts plastiques. 

                                           Infos pratiques

L’exposition intitulée Niki de Saint Phalle, Jean Tinguely, Pontus Hulten, à découvrir

                                           jusqu’au samedi 10 janvier 2026

Grand Palais – 17 Avenue du Général Eisenhower – 8e arrondissement de Paris

L’opération Places aux Jeunes permet aux 18-25 ans de bénéficier de l’entrée gratuite : (en partenariat avec la Caisse d’Épargne d’Île-de-France.)

Contact : 01 40 13 48 00

Rappel : Le Centre Pompidou a commencé une fermeture progressive à l’automne 2024 pour rouvrir ses portes, après rénovation en 2030.

Martine Gatti
Martine Gatti est une jeune retraitée correspondante de presse locale à Paris et dans le pays de Ploërmel depuis bien des années.