Nichées entre le canal d’Ille-et-Rance et un bras naturel de l’Ille, à quelques minutes à pied du centre historique, les Prairies Saint-Martin poursuivent leur transformation. Laboratoire de la ville nature, ce site de 30 hectares conjugue enjeux écologiques, sociaux, hydrauliques et agricoles dans un projet urbain de long cours, lancé en 2017 et dont la dernière phase d’aménagement est en cours.
Un espace de respiration
À Rennes, la nature reprend progressivement ses droits. Situé à deux pas de la station de métro Jules Ferry, ce parc urbain hors norme par sa taille et sa localisation est devenu un îlot de fraîcheur qui abaisse localement la température de 2 à 4°C en période de forte chaleur. Labellisé Espace Naturel Sensible (ENS) depuis 2024, il bénéficie d’un accompagnement du Département d’Ille-et-Vilaine pour préserver et restaurer sa biodiversité exceptionnelle.

Trois grandes phases de travaux
Depuis 2017, les aménagements se déroulent par étapes :
- Phase 1 (2017–2019) : dépollution des sols, modelage des zones humides, plantations, passerelle Motte-Brûlon, butte de jeux.
- Phase 2 (2020–2024) : plantations au nord, promontoire, nouveaux équipements.
- Phase 3 (2024–2026) : en cours. Réaménagement de la rue du Canal Saint-Martin et du chemin de halage avec enfouissement des réseaux, réduction de la voirie, plantation de 75 chênes en alignement, réalisation de pontons de pêche et d’amarrage.
Un espace pour la biodiversité, la culture… et les crues
Classées zone naturelle d’expansion des crues depuis les années 2000, les prairies remplissent une fonction hydraulique essentielle. Les aménagements favorisent la rétention naturelle de l’eau en cas d’inondation, comme en janvier dernier. En parallèle, les milieux humides, boisements alluviaux et prairies inondables restaurés accueillent une grande diversité faunistique et floristique.
Les plantations se poursuivent : d’ici fin 2026, 1 000 arbres d’essences locales auront été installés, contribuant à la résilience et à la pérennité des écosystèmes.

L’agriculture urbaine retrouve sa place
Historiquement lieu de production vivrière, le site accueille aujourd’hui de multiples initiatives. Le GAEC des Prairies Saint-Martin propose jardinage collectif, découverte des plantes comestibles, arboriculture et apiculture.
Un rucher pédagogique de 6 ruches, géré par une dizaine de bénévoles, est ouvert à la visite chaque dernier dimanche du mois. Les ateliers du jeudi matin permettent à chacun·e de mettre les mains dans la terre, de semer, récolter, tailler et… partager un repas issu du jardin.
Le renouveau des bâtiments : Longère et Bon Accueil
La longère réhabilitée accueille depuis fin 2024 la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO Bretagne) et l’association Le Bon Accueil (arts sonores), ainsi qu’une salle polyvalente. Les combles sont partagés avec des nichoirs à oiseaux.
Une capitainerie avec café et petite restauration est en projet dans l’ancien bâtiment du Bon Accueil. Une ouverture au printemps 2027 est envisagée, sous réserve de finalisation du PPRI (plan de prévention des risques d’inondation).
Le parc comme lieu de vie et de loisirs
En plus de ses fonctions écologiques et pédagogiques, le site offre :
- des observatoires de faune pour admirer les espèces sans les déranger,
- un parvis ludique (pétanque, palet, bientôt une piste de danse),
- une butte de jeux pour les enfants,
- une plaine festive et sportive (basket, fitness, pique-nique, barbecues),
- le « Chemin de l’eau », promenade sur pilotis symbolisant la zone inondable.
Tout Atout, l’insertion par l’artL’association Tout Atout, spécialisée dans l’insertion par les pratiques artistiques, a piloté la création d’une sculpture architecturale monumentale baptisée Surgeon, en bois équarri, à l’entrée du parc. Réalisée avec des charpentiers et jeunes en insertion, cette œuvre incarne l’esprit du lieu : créatif, inclusif, durable.
Les Prairies Saint-Martin ne sont plus seulement un parc. Elles sont une démonstration grandeur nature de ce que peut être un urbanisme sensible au vivant : un espace de respiration, de mémoire, de culture, de partage, de résilience. Rennes y invente un nouveau rapport à la ville, à l’eau, à la terre et à la communauté.
