À l’Université Rennes 2, la table-ronde « Les discriminations dans l’Enseignement Supérieur et la Recherche (ESR) » ouvre le cycle des 10 ans des Mardis de l’égalité. Elle sera animée par Christine Rivalan Guégo, professeure émérite de littérature de l’Espagne contemporaine, à l’initiative de ce séminaire de sensibilisation sur les questions d’égalité. Créé il y a dix ans, il a donné un coup de pied dans la fourmilière et répondu à une attente implicite autour de sujets sociétaux alors très peu abordés.
En 2016, Christine Rivalan Guégo est professeure de littérature de l’Espagne contemporaine à l’Université Rennes 2 et devient première vice-présidente de la nouvelle équipe de pilotage. « Le ministère de l’Enseignement supérieur, à cette époque, s’interrogeait sur l’égalité et les discriminations. Il demandait aux établissements de désigner un référent », explique-t-elle. Intéressée par le sujet, la mission Égalité est rattachée à ses fonctions, avec pour but d’informer, prévenir, lutter et accompagner. « Une université de sciences humaines et sociales comme Rennes 2 possède beaucoup de ressources en la matière. L’idée m’est venue de cette rencontre, et je me suis rapprochée d’une collègue historienne, Fanny Bugnon », raconte-t-elle. La conférence inaugurale, animée par Annaïck Morvan, directrice régionale aux droits des femmes et à l’égalité, portait sur « Le féminisme d’État, levier ou gadget ? ».

La création d’un cycle de rencontres sur les discriminations et les inégalités a répondu à une attente implicite, aussi bien de la part des étudiants que des habitants du quartier et de la métropole. Christine Rivalan Guégo reconnaît que les premières années furent laborieuses : aux difficultés d’organisation s’ajoutaient les réticences d’une partie de l’équipe. « Ce n’était pas l’habitude à l’époque, cela n’existait pas dans les autres universités », souligne-t-elle. Mais peu à peu, les Mardis de l’égalité se sont imposés comme un rendez-vous incontournable.
Le rapprochement avec le service culturel de Rennes 2, très impliqué, a marqué un tournant. « La conférence est une forme de vulgarisation. Elle permet à l’université de tenir un rôle en cohérence avec ses missions : mettre à disposition du plus grand nombre des savoirs et des connaissances pour susciter la réflexion. C’est ça, l’idée centrale », rappelle Christine Rivalan Guégo. Depuis, les thématiques se sont élargies au fil de l’actualité, qu’il s’agisse de la sortie d’un film, d’un livre ou d’un débat de société. « Les Mardis n’ont pas échappé à l’avant/après #MeToo. L’intérêt s’est intensifié et nous avons voulu répondre à ce besoin de comprendre ces sujets de manière plus scientifique. »

Quel bilan dans l’Enseignement Supérieur et la Recherche ?
La table-ronde inaugurale des 10 ans des Mardis de l’égalité, mardi 23 septembre, portera sur les discriminations dans l’enseignement supérieur et la recherche. Animée par Christine Rivalan Guégo, elle réunira Philippe Liotard, ancien président de la CPED (Conférence permanente des chargées et chargés de mission Égalité et Diversité), Louise Bourgoin, chargée de projets Discriminations et Égalité dans le supérieur à l’Observatoire national des discriminations et de l’égalité (ONDES), et le sociologue Fabrice Dhume. « Une date anniversaire est l’occasion de dresser un bilan. Ves questions ont, pendant longtemps, relevé de l’impression. Désormais, on se dote d’outils pour y voir plus clair », explique la professeure émérite.
Des enquêtes, comme la grande étude Acadiscri, ont permis de mieux documenter les discriminations et inégalités dans l’ESR. À Rennes 2, la participation a été la plus élevée : 441 questionnaires complets pour le personnel (30,5%) et 1 811 pour les étudiants (8,8% des 23 000 inscrits). Ces données précieuses permettent d’identifier précisément la nature des discriminations.
« Les réponses révèlent que ce sont les micro-agressions qui dominent : des blagues qui font rire certains, mais affectent d’autres. Ce sont les plus difficiles à éradiquer. »


Les résultats, publiés en juillet 2024, confirment les impressions souvent exprimées tout en apportant des nuances. « L’enquête porte aussi sur les violences sexistes et sexuelles. Un certain nombre d’exemples permettent de mieux identifier leurs formes », précise Christine Rivalan Guégo. Ce type d’enquêtes permet seulement un constat, aux établissements de s’emparer pour mettre en place des dispositifs en conséquence, mais pour agir efficacement, encore faut-il disposer de moyens adaptés : « Il faudrait ouvrir une ligne budgétaire spécifique dans des budgets universitaires déjà contraints, parfois déficitaires. La question devrait être centrale, mais elle n’est pas toujours considérée comme telle. »
Mardi de l’égalité : « Les discriminations dans l’Enseignement Supérieur et la Recherche (ESR) »
Mardi 23 septembre 2025 à 18h – Gratuit
Réserver sa place
Durée : 1h30
Campus de Villejean (Rennes), Le Tambour (bâtiment O)
