Expo Rennes 2. Les Invisibles de Morgane Reboul se révèlent au Tambour

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La Mezzanine du Tambour de l’Université Rennes 2 accueille une exposition photographique aussi esthétique qu’inquiétante : Invisibles. La beauté dans l’ombre de Morgane Reboul, étudiante en arts plastiques. Jusqu’au 31 octobre 2025, sur le mur bleu du premier étage du bâtiment O, elle met en lumière sept phobies universelles dans des portraits intimes, à la fois poétiques et dérangeants.

Et si nos peurs les plus enfouies devenaient matière à art ? À travers Invisibles. La beauté dans l’ombre, la jeune photographe Morgane Reboul sublime sept phobies universelles. Entre esthétisme raffiné et vertige intime, son exposition à l’Université Rennes 2 interroge le pouvoir des images à révéler ce que l’on préfère souvent taire.

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La photographe Morgane Reboul

La phobie est une peur irrationnelle, parfois paralysante, qui prend corps dans des objets, des situations ou des gestes du quotidien. Si Morgane Reboul se destinait d’abord à la peinture, c’est lors d’un cours de deuxième année qu’elle s’est laissé séduire par la photographie. « J’aime la photo pour le plaisir, j’en fais sur mon temps libre« , explique-t-elle. Quand son enseignant propose à la classe de créer une série libre, elle choisit de donner une forme visuelle aux peurs enfouies. L’idée jaillit des conversations avec son entourage, qui devient naturellement le premier vivier de modèles pour cette série.

Sept portraits, sept peurs, et une même recherche d’unité. Dans chacune des œuvres, un motif floral et la couleur rouge créent un fil conducteur. « C’est une couleur profonde qui interpelle« , souligne Morgane. « Elle possède un double sens : éclatante, elle renvoie à la vie ; sombre, elle évoque le sang et la mort. » Ce jeu d’ambivalence traverse l’ensemble, donnant à la série une cohérence qui oscille entre beauté et vertige.

Chaque image déploie un univers singulier. La gamophobie, peur de l’engagement, convoque la légende japonaise du fil rouge du destin. Sur la photographie, ce lien délicat devient carcan, s’enroulant autour des doigts d’une modèle. La bague à l’annulaire et les fleurs blanches rappellent le mariage, symbole suprême de l’union… mais aussi de la contrainte.

La claustrophobie, peur de l’enfermement, surgit avec violence : le visage d’une jeune fille est recouvert de plastique, oppressé. C’est la seule photographie où le modèle regarde droit dans l’objectif. La buée suggère l’étouffement, tandis que les fleurs, recouvrant peu à peu son visage, achèvent de signifier l’enfermement.

Plus intime encore, la blemmophobie, peur du regard des autres, est incarnée par Morgane elle-même. Sa main tient un masque couvrant la moitié de son visage, ultime protection contre l’œil d’autrui. Dans ce geste, elle s’expose et se protège tout à la fois, brouillant la frontière entre l’artiste et son sujet.

Gamophobie MORGANE REBOUL
Gamophobie (c) Morgane Reboul

À travers cette série, Morgane Reboul transforme l’obscurité en matière sensible. En donnant visage et forme aux phobies, elle les rend tangibles, presque belles. L’année prochaine, elle s’installera à Toulouse pour préparer le concours du CAPES, mais n’exclut pas de poursuivre ce travail cette année. Elle invite d’ailleurs les personnes intéressées à lui confier leur phobie pour, peut-être, en faire un nouveau portrait.

Infos pratiques

Exposition Invisibles. La beauté dans l’ombre de Morgane Reboul
Du 16 septembre au 31 octobre 2025
Entrée libre

La Mezzanine du Tambour (bât. O), campus de Villejean – Université Rennes 2
Horaires : du lundi au vendredi, de 8h00 à 20h00

Accessibilité : le bâtiment O est accessible aux personnes à mobilité réduite.