Rennes Les Champs Libres ont dix ans et quelques beaux motifs de satisfaction

 C’est plutôt sans tambour et avec assez peu de trompettes que la presse était invitée à fêter discrètement les 10 ans d’existence d’une institution maintenant très ancrée au cœur des Rennais : « Les Champs Libres » Le nom, dans sa simplicité est assez bien choisi, il a réussi à effacer rapidement la première appellation de « NEC » : Nouvel Equipement Culturel, après avoir évité également d’être : « Le Vaisseau », ou même « Va savoir » grâce à une consultation auprès du grand public.

les champs libresCette impressionnante réalisation architecturale du très médiatique Christian de Portzamparc rassemble trois entités principales : l’espace des sciences, le musée de Bretagne et enfin la bibliothèque de Rennes Métropole. Avec beaucoup de simplicité, les acteurs principaux de ces trois pôles culturels ont dressé un état des lieux après dix années de fonctionnement. Une sorte de garantie décennale, délivrée sous l’œil attentif de leur directeur Roland Thomas.

Michel Cabaret, responsable de l’espace des sciences emportera haut la main les suffrages du public présent, par l’enthousiasme communicatif de son exposé. Un vrai passionné ! Avec, en plus, une touche de bonne humeur, ce qui ne nuit en rien. Il a d’ailleurs quelques sérieux motifs de satisfaction : non seulement il présente un planétarium qualifié comme un des plus beaux d’Europe par Hubert Reeves lui-même, mais il constate également une augmentation régulière de la fréquentation de son espace. Ceci est sans nul doute dû à la pertinence et à l’intérêt des expositions proposées. Curieusement, les fourmis auront attiré 70 000 visiteurs et les dinosaures, auxquels on aurait accordé une avance confortable, ne les ont dépassées que de peu avec 71 000 visiteurs. Conclusion les grosses bêtes intéressent autant que les petites. Autre motif d’un légitime orgueil, la réussite des rencontres du mardi soir avec les plus grands scientifiques du moment, Étienne Klein (physicien), Cédric Villani (mathématicien) ou Michel Cymes (médecin). Comme il est indispensable d’investir dans l’avenir, le laboratoire de Merlin attire un jeune public vers une découverte plus ludique, mais pas moins passionnante de la science sous tous ses aspects.

les champs libresMarine Bedel, directrice de la bibliothèque de Rennes Métropole n’est pas en reste et expose avec rigueur et précision à la fois, la vie de cette entité et le quotidien des lieux. Cette ancienne élève de l’école des Chartes a une vision très précise de son rôle et de toute évidence il ne se limite pas au bon fonctionnement d’un lieu de prêt et de restitution d’ouvrages. Au contraire, la veille technologique en est un point important et les interactions inévitables avec le numérique permettent de démultiplier son offre et de répondre aux nouvelles nécessités. Il est essentiel d’être et de rester un lieu innovant.
Un troisième aspect de sa tâche est l’animation culturelle en relation avec les autres pôles des champs libres. On se rappelle avec intérêt l’exposition sur la légende arthurienne en 2008 ou plus récemment de passionnantes rencontres à l’occasion de l’automne littéraire. De la série noire avec Dominique Manotti et Aurélien Masson, nous avons abordé le thème brûlant des extrémismes religieux en compagnie de Jean-Claude Carrière et Boualem Sansal (nominé pour le prix Nobel de littérature), sans oublier des rencontres poético-musicales avec Arnaud Cathrine et Florent Marchet dans « Pas exactement l’amour ». En résumé du très bon travail, c’est peu de le dire et ceci explique aisément le passage d’une fréquentation de 26 000 inscrits en 2006 a près de 44 100 fin 2015. Et la tendance est toujours à l’évolution… dans le bon sens.

les champs libresCéline Chanas, directrice du Musée de Bretagne, après de telles marques d’un constatable succès, n’avait pas la tâche facile. Elle mit pourtant tout le monde à l’aise en balayant d’un revers de la main l’inquiétude liée à la fonction même d’un musée. Non ! Ce n’est pas un lieu d’exposition où les objets présentés sont sporadiquement dépoussiérés par des gardiens à casquettes, sortant pour l’occasion d’une léthargie prolongée. Un musée est un lieu vivant qui se penche sur le passé et raisonne en terme d’avenir. Affichant ses tout juste 40 ans, celui de Rennes est d’ailleurs un fringant jeune homme. Il s’est fixé comme objectif de « présenter la singularité de la Bretagne dans ses dimensions universelles »… vaste programme ! Il affiche donc un résultat de plus de 21 expositions temporaires couvrant aussi bien le thème douloureux des Migrations, que celui, plus ouvertement breton des terre-neuvas ou des créations du céramiste Odorico bien connu des Rennais. Si les collections du musée se sont enrichies de plus de 600 000 objets et documents nouveaux, cela n’a pas été fait pour les mettre « au coffre ». Ils ont été l’objet de 60 prêts à des institutions extérieures. Grâce au dynamisme de ses acteurs comme à la passion qui les anime ce musée atteint son premier objectif qui se résume à :

Être reconnu comme un musée de référence en Bretagne, lieu d’enrichissement et de conservation du patrimoine, mais aussi de diffusion in situ et numérique.

champs libres rennesPari gagné ! Depuis 4 ans, sa fréquentation est en permanente évolution et s’enorgueillit de 66 230 visiteurs en 2015. Si vous aimez les chiffres et souhaitez en connaître plus, alors rendez-vous sur la façade vitrée des champs libres, où l’artiste Mioshe a créé une longue fresque apportant de façon humoristique ces précieuses infos. Encore un nouveau rendez-vous… et Les Champs Libres vous en réservent bien d’autres.

La nuit des 10 ans, mardi 29 mars 2016 de 19h à 23h

J’ai dix ans — le projet

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Thierry Martin
thierry.martin [@] unidivers .fr

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