Le Café des Champs libres de Rennes a rouvert ses portes en octobre 2022. La nouvelle gérante, Léopoldine Rossignol, souhaite proposer un lieu singulier qui promeut le circuit court et la seconde-main. À la carte : une cuisine de ménage dans une ambiance détendue.
Une page du Café des Champs libres, cours des Alliés, se tourne. Après trois mois de fermeture, le café-resto situé sur le flanc ouest des Champs libres a de nouveau ouvert ses portes en fin d’année 2022. Aux commandes, Léopoldine Rossignol, également gérante de la brasserie Saint-Hélier, du Quantic Café et du Haricot rouge. Les valeurs de la nouvelle gérance insufflent un esprit alternatif, sobre et responsable qui s’accorde bien avec l’atmosphère de découverte curieuse qui règne aux Champs libres.
Une fois les quelques marches en pierre gravies, la terrasse aux chaises et petites tables accueille le visiteur avec ses couleurs estivales. À l’intérieur, l’espace surprend par son côté minimaliste. Les photographies des littoraux breton et britannique de l’exposition Roches d’Aurore Bagarry décorent le mur gauche. Au fond, celui de droite est habité par un graff coloré aux formes géométriques qui réchauffe la pièce. Et des tables et chaises dépareillées issues du réemploi et de dons habillent le lieu.
Avec une facture carbone de 0 %, le nouveau mobilier inscrit immédiatement le café dans la veine de consommation éthique promue par Léopoldine Rossignol. « C’est ce que j’appelle une économie réfléchie. Tout est pensé et on essaie d’être cohérent sur comment on mange, comment on boit… », déclare la nouvelle gérante. Tout est pensé pour interroger et réguler notre manière de consommer et se développer progressivement, calmement mais sûrement. Du mobilier viendra s’ajouter au fur et à mesure, notamment des assises données par l’Opéra de Rennes.
Afin de mettre en application ce louable projet, les plats proposés le midi sont conçus autour de produits frais de saison pour une cuisine globalement simple et orientée végétarienne. Mais que les amateurs de viande ne s’offusquent pas, le carné est tout de même présent, en moindre dose et consommée de manière responsable. « La viande proviendra d’élevages vertueux dont la facture carbone est cohérente avec le poids et le développement de la bête. »
En ce moment, un velouté de carottes au cumin ainsi qu’un cake de légumes et sa sauce aux herbes sont proposés en guise d’entrée. On retiendra du premier sa texture onctueuse bien assaisonnée, et du second un bon équilibre des épices. Deux bonnes entrées qui réjouissent les papilles et ouvrent l’appétit. En plat principal, les carnassiers ont le choix entre les spaghettis à la carbonara ou bolognaise. Les bolognaises se déclinent en version végétarienne, avec une viande végétale en remplacement du bœuf. Un vent d’Italie semble souffler dans les cuisines du café-resto puisque des lasagnes végétariennes, à base de légumes de saison et de béchamel, sont aussi au menu. On retrouve agréablement les recettes d’une cuisine de ménage, on apprécie les produits simples, frais et de saison, mais on regrette des plats pas assez généreux et un certain manque de subtilité gustative. Malgré un moment agréable, la note se révèle plus salée que le plat : comptez 5,50 euros pour les entrées, entre 9,50 et 14,50 pour les plats et 6 pour les desserts, soit une trentaine d’euros pour un repas complet avec boisson.
Retrouvez néanmoins le menu du jour (actuellement lentilles corail en plat et tarte pomme-caramel) à 14€50 — un rapport qualité-prix plus équilibré.
Afin d’étancher la soif de sa clientèle, le nouveau Café des Champs libres propose quelques vins sans prétention à des prix raisonnables. En ce qui concerne la bière, l’équipe de Léopoldine s’est tourné vers la brasserie Gallia, son partenaire principal. Des six bières pression, trois proviennent de cette enseigne parisienne artisanale. « C’est la première brasserie française née en 1890 à Paris, elle avait disparu pendant la Seconde Guerre mondiale. » La brasserie est réapparue à la fin des années 2000 grâce à Guillaume Roy et Jacques Ferté, deux amis qui se sont rencontrés sur les bancs de l’école. Les deux collaborateurs ont remis au goût du jour cette bière tout en s’inscrivant dans une dynamique écoresponsable. Soucieuse de son impact carbone, l’enseigne brasse de manière responsable autant que faire se peut : moins dépenser d’eau, réutiliser les drêches, etc. Des interrogations qui ne sont que faiblement présentes dans le milieu breton des brasseurs selon Léopoldine. « Ça permet aussi d’avoir un produit et un goût différent tout en restant sur une bière brassée en France. » Gallia célèbre ce partenariat avec une bière confectionnée spécifiquement pour les Champs libres, “la champ libre”. Malgré sa petite touche fleurie en fin de bouche, la bière n’égale pas les bretonnes que l’on a coutume de déguster, au goût plus prononcé… Elle sera plutôt appréciée par la clientèle amatrice de (grande) légèreté.
Aux côtés de la bière parisienne, trois bières belges, un petit regret pour les puristes qui connaissent la qualité des bières du cru que l’on trouvera néanmoins en bouteilles, et issues de brasseries rares… Une singularité qui ne manquera pas de ravir les palais confirmés.
Autre particularité, et pas des moindres, une gamme de produits réservée aux étudiants « afin qu’ils puissent se nourrir raisonnablement sans trop dépenser. » Dans cette même idée, tous les plats du jour qui n’auront pas été vendus seront mis en box à un prix cassé le soir à destination des étudiants, environ 5 ou 6 €. Éviter de jeter en proposant des plats de qualité à ceux qui n’ont pas les moyens de s’offrir régulièrement une alimentation équilibrée et saine, c’est chouette !
Le Café des Champs libres ne sera plus privatisé. Ainsi les clients pourront jouir paisiblement du café et de sa terrasse en journée et en soirée tandis que les espaces intérieur et extérieur se transformeront en bar à manger. Cette nouvelle conception du lieu traduit l’envie de Léopoldine de créer un dynamisme à la fois festif et culturel où « le café s’associe beaucoup plus avec les Champs libres ». Jusqu’au 5 mars 2023, la galerie du café accueille notamment l’exposition photographique Roches d’Aurore Bagarry. Et samedi 28 janvier, les sonorités techno de KLNR ont fait résonner les murs du café, encore peu habitués à ce type de soirée. Par la suite, toutes les semaines, une journée sera dédiée à la musique : échange de vinyles, discussions ou conférences autour de la musique. « Par exemple, l’Opéra va venir présenter des œuvres qui seront jouées à Rennes. »
Le café est ouvert les mardis, mercredis et dimanches de 10 h à 22 h 30, et de 10 h à 1 h les jeudis, vendredis et samedis.
Cours des Alliés, 35 000 Rennes