Comment une ville aussi dynamique peut-elle compter autant de pauvres ? À Rennes, la question n’est pas rhétorique. Car si la capitale bretonne attire les jeunes, les talents et les investisseurs, elle voit aussi s’accroître une précarité structurelle, qui touche notamment les locataires, les étudiants, les familles monoparentales et les travailleurs pauvres. Les données récentes de l’INSEE révèlent une fracture sociale profonde, silencieuse, et en extension.
Une richesse moyenne… masquant des écarts puissants
Le revenu médian disponible par unité de consommation est de 22 770 € à Rennes, contre 24 530 € dans son bassin de vie. La différence peut sembler modeste, mais elle traduit un écart structurel entre centre urbain et périphérie, entre une ville dense à forte population étudiante, et des communes périurbaines plus stables et propriétaires.
Cette médiane cache des écarts très marqués :
- 21 % de la population rennaise vit sous le seuil de pauvreté (contre 14 % au niveau national),
- 34 % des locataires (très nombreux en centre-ville) sont pauvres,
- les revenus les plus élevés sont concentrés dans quelques quartiers et catégories socio-professionnelles, accentuant les clivages spatiaux.

Une pauvreté juvénile inquiétante
Le plus frappant dans le tableau rennais, c’est la pauvreté des jeunes :
- 32 % des moins de 30 ans vivent sous le seuil de pauvreté,
- même diplômés, ils peinent à trouver un emploi stable, à se loger convenablement ou à épargner,
- les aides sociales (bourses, APL, minima) deviennent un amortisseur essentiel pour cette génération, mais insuffisant.
Cette situation fragilise l’avenir collectif. Rennes forme, mais ne garantit pas à ses jeunes un parcours d’autonomie. Elle attire des étudiants, mais ne leur offre ni logements abordables, ni débouchés suffisants, ni filet de sécurité en sortie de cursus.

Locataires, familles, travailleurs pauvres : les oubliés de la dynamique rennaise
Autre point noir : la pauvreté des ménages modestes locataires. Dans une ville où deux tiers des habitants sont locataires, l’augmentation des loyers sans encadrement suffisant rogne les budgets. Beaucoup sont contraints à des choix de logement par défaut, à des sous-locations, voire à des solutions transitoires précaires (foyers, colocations non désirées…).
Les familles monoparentales sont également surreprésentées parmi les ménages pauvres. Quant aux travailleurs pauvres, ils vivent parfois dans une double peine : emploi contraint + logement hors de prix.


Une attractivité menacée par les inégalités ?
Ces fragilités posent une question essentielle : Rennes est-elle en train de saper les conditions de son propre rayonnement ? Une ville attractive, jeune et culturelle, ne peut pas durablement fonctionner sur une base sociale aussi inégalitaire. Le risque d’un décrochage entre Rennes “vitrine” et Rennes “réelle” est de plus en plus tangible.
Plus globalement, les inégalités de revenus croisent celles d’accès :
- à la santé,
- à l’éducation post-bac,
- à la mobilité,
- au crédit,
- à la culture.


En résumé : une richesse inégalement répartie
- Revenu médian plus bas à Rennes que dans le reste du bassin
- 21 % de pauvres dans la ville, dont 32 % chez les jeunes
- Les locataires et familles monoparentales en première ligne
- Une fracture sociale croissante qui fragilise la promesse rennais

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