La Ville de Rennes poursuit sa politique de régulation du stationnement automobile. À partir du 16 juin 2025, le stationnement payant sera étendu à plusieurs quartiers résidentiels proches du centre-ville. Objectif affiché : fluidifier la rotation des véhicules, réduire le stationnement ventouse et mieux partager l’espace public.
Les nouveaux secteurs concernés
Trois grandes zones, jusqu’ici gratuites, seront concernées dès cet été :
- Quartier Sud-Gare : Sainte-Thérèse, Villeneuve, Mauconseil.
- Quartier Saint-Martin : secteur de l’Auberge de jeunesse.
- Quartier Maurepas – Bellangerais : secteur des Gayeulles.
Une quatrième extension est prévue au 1er octobre 2025, dans le quartier Thabor – Saint-Hélier – Alphonse-Guérin.
Selon la Ville, l’extension du stationnement payant vise à réduire les stationnements longue durée, notamment de non-résidents, qui utilisent ces quartiers comme zones tampons pour éviter les tarifs du centre-ville. Cela créerait une tension sur les places disponibles pour les riverains et les commerces de proximité.
Des critiques et interrogations chez les habitants
Du côté des riverains, la décision suscite des réactions partagées. Certains saluent une volonté de mieux organiser le stationnement, en particulier dans des quartiers où les places sont souvent saturées. D’autres craignent, en revanche, une forme de pression financière déguisée, notamment pour les familles ou les travailleurs indépendants utilisant leur véhicule au quotidien.
Des voix s’élèvent également pour demander un renforcement de l’offre de stationnement en périphérie, assortie de navettes efficaces vers le centre, ou la création de parkings relais supplémentaires.
Consciente des enjeux sociaux liés à cette transformation, la Ville a mis en place, depuis décembre 2024, un tarif résidentiel réduit, accessible sous conditions de ressources. Les foyers les plus modestes peuvent ainsi bénéficier d’un abonnement mensuel à 2 € ou 7 € pour stationner en zone verte (zones périphériques).
Pour en bénéficier, les démarches s’appuient sur les mêmes critères que ceux de la carte Sortir! ou des abonnements solidaires aux transports en commun STAR. Cette mesure est pensée pour limiter les effets d’exclusion que pourrait entraîner une généralisation trop brutale de la tarification.
Commerçants : entre inquiétude et prudente approbation
Selon la municipalité, ces mesures ont pour objectif de lutter contre le stationnement ventouse, favoriser une rotation fluide des véhicules, et améliorer l’accès au stationnement pour les riverains et les clients des commerces de proximité. Les zones ciblées sont toutes situées à proximité du centre-ville ou desservies par des lignes de bus et de métro, ce qui rend les alternatives à la voiture plus accessibles.
Dans les secteurs concernés, les commerçants affichent des avis nuancés. « C’est vrai que les places sont souvent monopolisées toute la journée, surtout par des pendulaires qui laissent leur voiture ici pour aller travailler en métro », constate la gérante d’une boulangerie. « Si la rotation est meilleure, ça peut nous aider à capter plus de clients de passage. »
Mais d’autres redoutent une baisse de fréquentation, en particulier dans des zones à faible densité piétonne. « On n’est pas en centre-ville. Si on commence à faire payer les gens pour venir faire une course ou chercher une pizza, certains iront ailleurs », prévient un restaurateur rue de Vern. « Il faut accompagner avec des minutes gratuites ou des parkings relais. »
Certains réclament également des horaires plus souples ou des exonérations temporaires pour les clients de commerces de proximité.
Mais vers une baisse du trafic de transit ?
L’un des effets attendus par la mairie est une baisse du trafic de transit dans ces quartiers, souvent utilisés comme zones de délestage par les automobilistes cherchant à éviter les grands axes payants. En instaurant le paiement, la Ville espère limiter les trajets inutiles en voiture, favoriser les transports en commun, le vélo ou la marche. « On voit que dans les zones déjà passées au stationnement payant, comme Bourg-L’Évêque ou Arsenal-Redon, la circulation s’est un peu fluidifiée, et il y a moins de voitures ventouses », observe un cadre de Rennes Métropole. Cependant, plusieurs associations d’usagers craignent un effet de report vers des rues encore gratuites, ce qui pourrait déplacer le problème plutôt que le résoudre.
Cette extension du stationnement payant s’inscrit dans une tendance plus large de « ville apaisée » : désengorger l’espace public, rendre les trottoirs aux piétons, et améliorer la qualité de vie dans les quartiers. Des aménagements complémentaires sont à l’étude : pistes cyclables, zones de livraison, espaces végétalisés, et réduction des voies de circulation. Le but est de repenser la place de la voiture, sans pour autant pénaliser les usagers les plus dépendants.