Rennes : les élus écologistes pour une police métropolitaine des transports

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police metropolitaine

Jeudi 19 juin 2025, dans l’enceinte du conseil de Rennes Métropole, le ton s’est voulu grave, mais résolu. Par la voix de Michel Caillard, élu de Chantepie, le groupe Écologistes et citoyens s’est prononcé en faveur de la création d’une police métropolitaine des transports. Une proposition symboliquement forte, venant d’un camp politique historiquement prudent sur les questions sécuritaires. Elle marque une inflexion significative dans le débat rennais sur l’ordre public.

Une réponse politique à un climat ressenti d’insécurité

Le constat posé par les élus écologistes est sans ambiguïté : Rennes ferait face à « un climat d’incivilités et d’insécurité plus fort ». Sont évoqués notamment des comportements agressifs dans les bus et le métro, des atteintes répétées à la tranquillité publique, et un sentiment de vulnérabilité croissant chez les usagers, en particulier les femmes, les jeunes et les personnes âgées. Si Rennes reste officiellement l’un des réseaux de transports les plus sûrs de France selon les autorités, la perception d’une dégradation gagne du terrain dans l’espace public comme dans les enquêtes d’opinion.

Ce sentiment, à défaut de reposer toujours sur des données précises, modifie profondément le rapport au service public de transport, qui se veut inclusif, écologique et accessible. La peur, même diffuse, devient un facteur de renoncement : on évite certaines lignes, on n’ose plus rentrer seul le soir, on recourt de nouveau à la voiture.

Une police à l’échelle de la métropole : une idée neuve pour Rennes

Dans ce contexte, l’idée d’une police métropolitaine dédiée aux transports séduit par sa logique de coordination. Elle permettrait d’harmoniser les interventions sur l’ensemble du réseau STAR, aujourd’hui morcelé entre différents services de sécurité municipaux, agents de médiation de Keolis, et forces de l’ordre nationales en renfort ponctuel. Cette nouvelle entité serait spécifiquement formée pour répondre aux enjeux propres aux transports collectifs : présence dissuasive en station et à bord, gestion des tensions, accompagnement des usagers en difficulté, et collaboration avec les médiateurs sociaux.

Des villes comme Lyon, Toulouse ou encore Strasbourg ont déjà mis en place ce type de dispositifs, avec des résultats jugés encourageants : baisse des agressions verbales, meilleur sentiment de sécurité, fluidification des interventions.

Michel Caillard
Michel Caillard

Un tournant politique dans la gauche rennaise ?

La prise de parole de Michel Caillard n’est pas anodine. Elle intervient dans une majorité métropolitaine où les désaccords sont vifs sur les questions sécuritaires. Certains élus de gauche dénoncent régulièrement l’obsession sécuritaire au détriment des politiques de prévention, quand d’autres — comme ici — plaident pour une sécurité conçue comme condition de l’émancipation : pouvoir se déplacer librement, sereinement, à toute heure et sans crainte.

L’intervention du groupe Écologistes et citoyens peut donc être lue comme une tentative d’articulation entre écologie et sécurité, deux termes longtemps perçus comme antinomiques dans le débat public. Il s’agit de montrer qu’un service de transport écologique ne peut fonctionner sans une garantie minimale de sûreté, tout en évitant la dérive vers une surveillance généralisée ou une stigmatisation sociale.

Une mesure isolée dans un climat urbain tendu ?

Cette proposition arrive dans un contexte plus large d’interrogation sur la montée des violences à Rennes. Depuis la fin de la crise sanitaire, la capitale bretonne a vu s’intensifier certains faits-divers : rixes en centre-ville, agressions en sortie de soirées, tensions dans les quartiers périphériques. Si l’on débat encore de savoir s’il s’agit d’une recrudescence objective ou d’une hypervisibilité médiatique, les élus sont sous pression. L’exécutif métropolitain, et en particulier Nathalie Appéré, n’a pas encore officiellement réagi à la suggestion écologiste, mais il semble difficile de rester sourd à cette interpellation.

Et maintenant ?

La création d’une police métropolitaine des transports nécessiterait un vote en conseil, une étude de faisabilité financière, et l’accord des différentes communes de la métropole. Les premières discussions devraient s’ouvrir d’ici l’automne. Le débat, lui, est lancé.

En toile de fond, une question traverse désormais toutes les strates du politique local : comment concilier sécurité, libertés, et vivre-ensemble dans une ville en mutation ?