Travail et emploi à Rennes : un marché dynamique… mais encore inégal et cloisonné

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emploi rennes

Rennes travaille. Rennes embauche. Rennes innove. Le dynamisme économique de la capitale bretonne ne fait aucun doute : le nombre d’emplois y progresse nettement, la part des salariés est élevée, les secteurs en tension recrutent. Pourtant, cette apparente vitalité masque une fragmentation du marché du travail, une précarité durable pour une partie des actifs et une polarisation croissante entre métiers qualifiés et peu qualifiés.

Une dynamique incontestable de l’emploi

En 2022, 154 948 personnes occupent un emploi à Rennes, un chiffre en hausse constante depuis 2016 (+2 %/an en moyenne). Dans l’ensemble du bassin de vie, on compte plus de 254 000 actifs en emploi. Le taux d’activité est élevé, notamment chez les 25–54 ans (près de 90 %), tandis que le taux d’emploi global est de 66,6 % dans la ville, 71,6 % dans le bassin.

Plus de 9 emplois sur 10 sont des postes salariés. Rennes concentre aussi un nombre important d’emplois publics (santé, enseignement supérieur, collectivités), mais développe activement des filières d’avenir : numérique, santé, mobilité, recherche, ESS…

Mais cette performance globale ne profite pas à tous de la même manière.

rennes chiffres emploi
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Une précarité bien installée

Derrière la courbe ascendante de l’emploi se cache une autre réalité :

  • Le chômage reste significatif, à 14 % dans Rennes intra-muros, contre 11,6 % dans le bassin.
  • Les jeunes, les femmes, les immigrés récents et les habitants des quartiers populaires sont davantage touchés par le chômage ou la sous-activité.
  • Les contrats précaires, à temps partiel ou courts sont particulièrement fréquents dans les secteurs en croissance (restauration, santé, aide à la personne, logistique).

La montée du salariat ne signifie donc pas une stabilisation : beaucoup de Rennais vivent dans une zone grise de l’emploi, entre périodes d’activité mal payées, chômage partiel, et missions d’intérim. Travailler ne protège plus toujours de la pauvreté.

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Un marché du travail fragmenté

L’étude de l’INSEE souligne aussi une polarisation des emplois :

  • D’un côté, des postes très qualifiés et bien rémunérés (ingénieurs, cadres, chercheurs), concentrés dans le centre ou dans certaines zones d’activités périphériques (Beaulieu, Atalante, ViaSilva).
  • De l’autre, des métiers peu qualifiés, féminisés, usants, avec peu de perspectives d’évolution, souvent exercés par des travailleurs précaires ou immigrés.

Ce cloisonnement professionnel alimente une forme de ségrégation socio-spatiale, visible dans l’habitat, les trajets domicile-travail, l’accès à la formation continue.

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Vers un modèle plus juste ?

Rennes Métropole et ses partenaires (Pôle Emploi, Région, entreprises) tentent d’innover :

  • Développement de pôles de formation dans les quartiers,
  • Soutien à l’insertion par l’activité économique (IAE),
  • Encouragement de l’économie sociale et solidaire,
  • Mais aussi experimentation de tiers-lieux et incubateurs dans les zones moins connectées à l’emploi.

Mais les défis sont structurels : comment réconcilier emploi de qualité et inclusion ? Comment éviter que Rennes ne devienne une ville où les emplois de prestige et les métiers de service ne se parlent plus, ne se croisent plus, ne vivent plus ensemble ?

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En résumé : Rennes, un marché de l’emploi sous tension

  • Croissance forte de l’emploi (+2 %/an), mais 14 % de chômage en ville
  • Salariat dominant, mais précarité persistante
  • Polarisation croissante entre emplois qualifiés et emplois précaires
  • Défis à venir : revaloriser les métiers utiles, lutter contre les fractures sociales du travail, ancrer les filières innovantes localement

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