Pour son sixième album, presque vingt ans après le premier, Françoiz Breut signe ZOO un ensemble qui lui ressemble. 11 chansons comme une exemplaire galerie d’autant d’animaux imaginaires exprimant leur originalité, chantonnant l’explication de leurs origines, clamant ce qui les anime ou les a abîmé.
Pour la seconde fois Françoiz Breut s’est associé au multi-instrumentiste et compositeur Stéphane Daubersy. Toutefois, à la différence de l’album précédent La Chirurgie des sentiments, les deux artistes ont travaillé de conserve, les paroles et les musiques s’élevant d’un bloc. Cette nouvelle approche néanmoins n’enlève rien, bien au contraire, à la chaleureuse précision des textes de Françoiz Breut. Quant aux compositions, elles sont sublimées par la production d’Adrian Utley (cheville ouvrière de Portishead, ou de The Coral). Avec une absolue maîtrise de l’orfèvrerie sonore Utley brode l’espace harmonique. Minutieux et gracieux les arrangements s’accordent à merveille à la rythmique des mots de Françoiz Breut, ils enveloppent et subliment sa diction délicate et ondulante. Utley a su créer un écrin authentique, de ceux qui ne craignent pas de s’ouvrir pour offrir un autre espace, une zone d’expression intangible et rayonnante. Une géniale simplicité et une vraie attention aux détails qui offrent à chaque chanson la possibilité d’exprimer son essence véritable. Ballade fluide au long d’un singulier et suave réalisme onirique, ZOO de Françoiz Breut est une œuvre achevée, de celles qui sont à elle-même leur propre et ultime référence.
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Unidivers : Comment allez-vous Françoiz Breut ? Vous chantez à nouveau la/les vie(s) dans ZOO, comment va-t-elle la vie à Bruxelles en ces temps « plutôt mal famés » ?
Françoiz Breut : ça va bien merci ! Après un hiver un peu difficile, on commence à sortir la tête de l’eau… et voir un rayon de soleil, les gros nuages se dissipent peu à peu… du moins j’espère.
Unidivers : ZOO c’est quoi ? Un lieu imaginaire, un espace-temps pour voir, imaginer et écouter différemment ? Une référence au film de Peter Geenaway (ZOO, A zed and two noughts) ? Ou « juste ça » : « la vie est un cirque, mon corps est un zoo » ?
Françoiz Breut : Les animaux de « Zoo » sont nos animaux intérieurs, ceux qui envahissent nos corps sans notre permission, qui nous aident parfois, nous écrasent, nous font nous envoler aussi. Le « zoo » est malheureusement l’endroit où l’état sauvage va peu à peu être anéanti. Tout ça pour dire que l’homme perd de plus en plus son instinct animal, la rationalité nous a tellement desséchés que nous sommes de moins sensibles à notre côté instinctif… il faut veiller à entretenir cette part animale absolument !
Unidivers : Vos textes sont toujours très précis, détaillés ? C’est un parallèle avec le dessin, l’illustration, le souci du trait juste, des détails ? (NDLR : Françoiz Breut est également illustratrice).
Françoiz Breut : Le détail est important, il faut être précis par rapport aux rythmes, à la musicalité et au sens des mots. Au début quand j’ai commencé à écrire je me souciais plus du sens que de la musicalité des mots, maintenant j’essaie de m’amuser autant avec le sens que le rythme et j’aime aussi utiliser des mots étranges qui à priori n’auraient pas trop de poésie, mais qui pour moi sonnent « drôles » ou « bizarres », des mots techniques, médicaux ou scientifiques, par exemple.
Unidivers : Comment s’est déroulé ce second travail/rendez-vous avec Stéphane Daubersy ? Sa manière de composer a-t-elle modifié votre façon d’écrire, ou d’envisager vos paroles ?
Françoiz Breut : Nous avons un peu procédé de la même manière que pour le disque précédent, j’avais des textes ou des bribes de textes et nous devions commencer par trouver des rythmes et des musiques autour des ces thèmes… donc les points de départ ont été assez variés, mais en principe nous partions de boites à rythmes, de claviers ou de fausses batteries de programme « live ». Oui, Stéphane a modifié ma façon de travailler. Il essaie de me pousser à aller plus loin dans le choix des mots, à accepter ma fantaisie par exemple. Parfois nous sommes partis de la musique et les textes se sont développés ensuite, c’est comme si on construisait des étuis à mots et qu’ensuite je devais les remplir, tant de mots dans une boite, tant dans une autre…
Unidivers : et comment avez-vous abordé tous les deux l’apport d’Adrian Usley à vos compositions ?
Françoiz Breut : Quand nous sommes partis en Angleterre, nous pensions qu’Adrian Utley allait complètement transformer nos maquettes, la production peut-être envisagée de diverses manières, soit on enregistre les morceaux tels qu’ils existent sur la maquette soit on part dans d’autres directions… Notre idée était qu’Adrian allait nous amener complètement ailleurs par rapport à nos morceaux, mais il aimait beaucoup les maquettes. Il a voulu qu’on s’en rapproche un maximum, nous avions travaillé et répété les morceaux avec Patrick et Antoine nos musiciens de la tournée précédente, et souhaitions enregistrer les morceaux (maquettés avec parfois des fausses batteries) de manières plus organiques donc plus live aussi, certains morceaux ont d’ailleurs été enregistrés de cette manière pour ne pas perdre de temps. Le travail de production s’est révélé d’abord pendant l’enregistrement par le choix des micros, des instruments mis à disposition par Adrian et Ali Chant du studio tels que claviers analogiques, batteries… et surtout au mix, je me suis rendu compte réellement de ce qu’on pouvait transformer au niveau du son par le choix des amplis. Et ça pour moi ce fut vraiment passionnant à ce stade du travail.
Unidivers : De votre premier album à ce ZOO presque vingt années ? Quelles sont vos envies-projets ? Comment envisagez-vous comment et pourquoi continuer à chanter ?
Françoiz Breut : Je vis l’instant présent donc on en reparlera, pour l’instant je dois organiser cette sortie d’album avec mes collaborateurs et néanmoins amis, le nez dans le guidon…
donc projets number one :
— gonfler mes pneus
— huiler ma chaîne
— et changer ma sonnette
merci UNIDIVERS !
amicalement
Françoiz
Françoiz Breut ZOO CD 2016 Caramel Beurre Salé (sortie officielle le 18 mars 2016)
23/03 – Stereolux – Nantes (44)
24/03 – BOOTLEG – Bordeaux (33)
26/03 – Théâtre Denis – Hyères (83)
25/05 – L’épicerie moderne / salle musiques actuelles – Feyzin (69)
Génération X (avec Bruit noir, Michel Cloup Duo, PERIO) :
09/04 – le rockstore – Montpellier (34)