L’affaire remonte à mai 2023 lorsque les services sociaux de Rennes découvrent qu’un adolescent de 14 ans vit totalement reclus dans un appartement avec sa mère. Jamais scolarisé, sans suivi médical et sans contact avec le monde extérieur, l’enfant grandissait dans un isolement total, coupé de la société. Elle vient d’être condamnée à deux ans de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Rennes (Ille-et-Vilaine) ainsi qu’au retrait total de son droit parental.
L’alerte avait été donnée après un signalement concernant la situation familiale de la mère, qui, selon les voisins, menait une vie extrêmement discrète. Lorsque les autorités sont intervenues, elles ont trouvé un adolescent chétif, ne connaissant quasiment rien du monde extérieur. Il n’avait jamais été en contact avec d’autres enfants et vivait uniquement avec sa mère, qui justifiait cet enfermement par une volonté de « le protéger ».
Lors du premier procès devant le tribunal correctionnel de Rennes en octobre 2023, la mère avait été condamnée à deux ans de prison avec sursis et un retrait total de l’autorité parentale. La cour avait retenu des faits de privation de soins et d’éducation ainsi qu’une mise en danger de l’enfant.
Face à la sévérité du jugement, la mère avait fait appel, contestant la gravité des accusations et expliquant qu’elle souhaitait simplement préserver son fils d’un « monde extérieur hostile ». Elle assurait qu’ils avaient une « vie très riche à l’intérieur de leur foyer », mais les experts psychologiques chargés de l’affaire ont souligné les lourdes conséquences psychologiques et éducatives d’un tel isolement sur le développement de l’enfant.
Le mardi 25 février 2025, la cour d’appel de Rennes a confirmé la condamnation. Les juges ont estimé que l’isolement forcé de l’adolescent pendant quatorze ans constituait bien une forme de maltraitance psychologique grave, avec des conséquences potentiellement irréversibles sur son développement intellectuel et social.
Dans son jugement, la cour a insisté sur l’importance du rôle de la mère dans cette situation : en le privant volontairement de toute interaction sociale et d’éducation, elle a compromis son avenir et son autonomie future.
L’adolescent, aujourd’hui pris en charge par les services sociaux, bénéficie d’un accompagnement médical et psychologique intensif. Selon les premiers rapports, il présente d’importantes lacunes en matière de communication et de sociabilisation, bien qu’il ait fait des progrès notables depuis son placement.
L’affaire a suscité une vague d’indignation en France, notamment de la part des associations de protection de l’enfance. Beaucoup s’interrogent sur les failles du système de signalement, se demandant comment une telle situation a pu perdurer pendant quatorze ans sans intervention des autorités.
Certaines voix dénoncent également un cas extrême d’hyperparentalité toxique, où la volonté d’un parent de contrôler tous les aspects de la vie de son enfant vire à l’enfermement. D’autres soulignent que cette affaire met en lumière les dangers des théories complotistes et des mouvements de retrait de la société, qui prônent une éducation en totale autarcie.
La mère, qui a toujours plaidé son innocence et affirmé avoir « fait du mieux possible » pour son fils, devra respecter les mesures imposées par la justice. Sa condamnation à deux ans de prison avec sursis signifie qu’elle ne purgera pas de peine de prison tant qu’elle ne récidive pas. Elle a cependant perdu tous ses droits parentaux, et tout contact avec son fils devra être supervisé par les autorités.
Si cette affaire choque par son caractère extrême, elle n’est malheureusement pas isolée. D’autres cas de réclusion familiale ont été signalés ces dernières années en France et dans le monde, souvent liés à des croyances paranoïaques ou des idéologies radicales. Les experts en protection de l’enfance appellent désormais à un renforcement des mécanismes de détection des enfants « invisibles », ces mineurs qui échappent aux radars de l’éducation et des services sociaux, parfois pendant des années.